[Retour sur … ] Conseil municipal de Marseille: le dossier du logement toujours aussi clivant

Publié le 27 novembre 2020 à  9h28 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  12h19

Le logement fait toujours l’objet de tension entre la nouvelle majorité et l’opposition à la mairie de Marseille.

Le Conseil municipal de Marseille s'est tenu dans le respect des mesures sanitaires renforcées (Photo capture d’écran)
Le Conseil municipal de Marseille s’est tenu dans le respect des mesures sanitaires renforcées (Photo capture d’écran)
Patrick Amico, adjoint PM en charge de la politique du logement et de la lutte contre l’habitat indigne (Photo capture d'écran)
Patrick Amico, adjoint PM en charge de la politique du logement et de la lutte contre l’habitat indigne (Photo capture d’écran)

C’est après un débat tendu que Patrick Amico, adjoint en charge de la politique du logement et de la lutte contre l’habitat indigne pouvait écrire via twitter: «La Ville a voté ses orientations en matière de logement, et certaines mesures concrètes qui en découlent. Nous attendons maintenant de la Métropole, faute de Plan Local de l’Habitat Intercommunal, un soutien sans faille et dans la clarté, de notre politique du logement». En d’autres termes ce n’est qu’un début… A Droite c’est Lionel Royer Perreaut qui est intervenu pour inviter à «une approche en humilité» avant de juger ce dossier de la majorité trop littéraire et célébrer l’action entreprise par la métropole. Une intervention qui ne manquera pas d’entraîner des réactions de la part de Samia Ghali, Sophie Camard et de Jean-Marc Coppola. Tandis que le RN renverra dos à dos Droite et Gauche en matière de logement indigne.

Favoriser la production de logements sociaux nouveaux…

Patrick Amico (PM) revient sur la problématique et les orientations que la Mairie entend prendre en matière de logement. Même si la compétence logement a été transférée à la Métropole, la Ville affiche ses ambitions: favoriser la production de logements sociaux nouveaux; développer les dispositifs d’accession sociale; mettre en œuvre une politique transparente en matière d’attribution de logement social; la poursuite de la lutte contre l’habitat indigne dans les immeubles anciens mais aussi les copropriétés fragiles. La municipalité souhaite également candidater pour tester le dispositif d’encadrement du niveau des loyers, en anticipant sur le futur programme local de l’Habitat. Ce dispositif expérimental, lancé en 2018, est prévu pour une période de 5 ans et arrivera à terme en 2023. La ville de Marseille propose alors d’élaborer un dossier de candidature avant la date butoir du 30 novembre 2020, elle sollicite donc la Métropole, au titre de ses compétences, afin de proposer ce dossier aux services de l’État.

Une crise sans précédent et d’une échelle hors norme

Patrick Amico évoque, en matière de logement: «Une crise sans précédent et d’une échelle hors norme». Cite les 40 000 logements indignes évoqués par le rapport Nicol soit « 9,5% du total des logements indignes de France métropolitaine» et «un effondrement de la construction de logements sociaux». C’est un constat sans appel qu’il dresse: «La chaîne du logement est bloquée à Marseille». Souhaite que soit revu le Plan Local d’Urbanisme intercommunal (PLUi): «Il n’impose du logement social qu’à partir de 80 logements et nous voyons fleurir des opérations de 79 logements alors que la constructibilité aurait pu être nettement supérieure». Il insiste sur l’importance de construire du logement très social. Précise à ce propos: «L’État a lancé une étude de carence sur Marseille non pas sur la masse totale de logements sociaux mais sur la répartition entre logement très social et logement Prêt Locatif Social» et d’afficher l’ambition de réaliser 3 000 logements sociaux par an, contre 1 000 actuellement. Il prévient: «Cette politique nécessite des outils partenariaux avec la métropole qui a dans ses compétences la politique d’aide à la pierre et une grosse partie de la compétence logement qu’elle a récupéré auprès de la Ville». Il indique à ce propos: «Lorsque nous sommes arrivés aux affaires la politique du logement de la Ville de Marseille c’était 1/2 poste, non pourvu».

Pour Lionel Royer-Perreaut la stratégie de la majorité municipale s’apparente à celle du hamster

Pour Lionel Royer-Perreaut, ce document «assez littéraire» masquerait «assez maladroitement votre difficulté à agir dans un domaine de compétences qui n’est pas le vôtre». il fustige l’actuelle majorité qui nierait le travail accompli (par la municipalité Gaudin NDLR) avant de souligner celui de la métropole Aix-Marseille-Provence présidée par Martine Vassal (LR) en matière de lutte contre l’habitat indigne, son soutien à la Ville concernant le relogement des personnes évacuées, l’ouverture de l’espace d’accompagnement habitat, l’instauration du permis de louer sur Noailles, etc. etc. etc. Il dénonce encore «une politique parcellaire… très orientée sur des totems de gauche qui laisse la place à des lacunes béantes». Parle de «l’absence de lien entre économie et habitat» avant de lancer: «Ce n’est pas parce que 80% de la population est éligible au logement social que nous devons forcément produire du logement social car on y trouve des gens qui gagnent 484 euros par mois -et nous devons répondre à leurs attentes- et d’autres 4 000 euros…». Selon le maire LR des 9/10, la Ville ne pourra pas construire 3 000 logements sociaux par an et pointe la politique d’encadrement des loyers dans laquelle il voit «une mesure dogmatique et dangereuse». Alors, pour Lionel Royer-Perreaut la stratégie de la majorité municipale «s’apparente à celle du hamster»: «On le met dans une cage, il y a une roue, il tourne, tourne, il a l’impression d’avancer alors qu’il stagne et qu’il s’épuise». Samia Ghali ne manque pas de réagir: «Les hamsters vont répondre à l’autruche qui pendant des années a mis la tête dans le sable pendant que les Marseillais souffraient…».

«Où étiez vous lorsque la ville a failli perdre 70% de ses crédits Anru ?»

Puis d’interroger: «Où étiez vous lorsque la ville a failli perdre 70% de ses crédits Anru (Agence nationale pour la rénovation urbaine ndlr), qu’il a fallu monter à Paris, intervenir, comme je l’ai fait, au Sénat ? Des crédits sans lesquels nous ne pourrions rien faire. Et je vous rappelle aussi que vous nous avez fait voter des opérations qui n’ont jamais vu le jour, alors ne venez pas nous donner des leçons ». C’est au tour de Sophie Camard, maire PM des 1/7 d’intervenir, de se dire chagrinée par l’intervention de Lionel Royer Perreaut et se charge de lui répondre sur le même ton: «Qui n’a pas publié son plan local de l’habitat? La métropole. Qui ne fait pas remonter et ne signe pas les demandes d’aides déposées à l’Espace Habitat par des copropriétés ? La métropole. Qui doit réaliser et publier l’expertise du sous-sol en centre-ville et ne l’a pas fait ? La métropole. Qui n’a toujours pas installé avec la Ville et l’État la société publique locale d’aménagement d’intérêt national ? La métropole… Vous voyez, on ne va nulle part en se lançant des anathèmes». Elle ajoute ne pas vouloir, en tant que Maire du centre-ville, voir se développer «le business des taudis. Puisque l’on pense que l’on va, enfin s’attaquer au réaménagement du centre-ville les prix flambent, des taudis commencent à se vendre cher, au cas où…». Patrick Amico répond à son tour pour rappeler que l’encadrement des loyers est un système pertinent. Il répète que la crise ne concerne pas le seul logement social: «C’est l’ensemble de la chaîne qui est bloquée parce que l’on ne construit pas ou peu». Jean-Marc Coppola ne cachera pas, pour sa part, sa fierté de siéger dans cette majorité, de voter de tels dossiers…
Michel CAIRE

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