[Retour sur…] Lutte contre les séparatismes : Gabriel Attal visite « Marseille proximité » où juifs, musulmans et chrétiens s’unissent pour une éducation républicaine

Publié le 3 novembre 2020 à  19h33 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  12h15

Gabriel Attal était en déplacement à Marseille sur le thème de la lutte contre les séparatismes. Le porte-parole du Gouvernement -accompagné par Samia Ghali, 2e adjointe au maire de Marseille, élue dans les 15e et 16e arrondissements- a visité «Marseille proximité», association située dans le 15e arrondissement qui œuvre auprès d’enfants issus de quartiers défavorisés sur les questions de citoyenneté au travers d’ateliers éducatifs.

Gabriel Attal, accompagné de Samia Ghali rencontre Mohamed Bousselmania de
Gabriel Attal, accompagné de Samia Ghali rencontre Mohamed Bousselmania de
Après avoir reçu, en privé, des responsables associatifs, Gabriel Attal a visité les locaux de «Marseille Proximité», situé au 12, avenue du Général Maurice Chevance-Bertin dans le 15e arrondissement de Marseille. Il a découvert les actions de l’association, regardé des enfants en train de colorier la devise de la République «Liberté égalité fraternité», écouté d’autres enfants en tenue de judoka, parler des valeurs de la République… Devant la presse présente, Gabriel Attal a rappelé que le Gouvernement est «engagé dans une politique de lutte contre les séparatismes et de promotion de la République. Ce qui veut dire être engagé dans des actions qui visent à déconstruire des actions de l’islam politique.» Mais, précise-t-il: «Il ne suffit pas de déconstruire, il faut aussi construire, avec des acteurs locaux, des associations, des élus locaux qui veulent s’engager pour promouvoir les valeurs de la république auprès de nos enfants … les citoyens de demain». Lucide, il constate: «La République a reculé depuis longtemps. C’est aussi sur ce vide qu’ont prospéré des activités qui ont véhiculé le séparatisme. On a donc besoin d’avoir des acteurs mobilisés dans la République qui promeuvent ses valeurs et développent des activités». A ce propos, il rend hommage aux enseignants et au monde associatif. «J’étais auparavant Secrétaire d’État chargé de la vie associative et je sais ce que font au quotidien tous les bénévoles, tous les responsables associatifs qui donnent de leur temps, qui donnent de leur énergie, qui parfois le soir sont un peu découragés (…) Ils sont parties prenantes, ils font vivre la République aujourd’hui, partout sur le territoire. Évidemment, nous allons les soutenir d’avantage…».
son_copie_petit-444.jpgGabriel Attal, porte-parole du Gouvernement gabriel_attal_22_10_20_partie_1.mp3

Une bataille sécuritaire, juridique, culturelle et éducative

Le porte-Parole du Gouvernement avec les enfants de l'association
Le porte-Parole du Gouvernement avec les enfants de l’association
son_copie_petit-444.jpg Interpellé sur les moyens par les responsables associatifs, Gabriel Attal met en exergue le dédoublement des classes en zone REP et REP+. «Nous en sommes à 12 élèves par classe»; dénonce les gouvernements précédents qui n’ont pas pris ce type de mesure, «parce qu’ils se sont dit: « on ne verra pas tout de suite les résultats »». Souligne également: «Les dispositifs spécifiques pour ces quartiers», au rang desquels les emplois francs. Avance que le Plan de relance pourra aussi financer des projets. Rappelle les propos d’Emmanuel Macron: «Le Président de la République a indiqué que nous avions à mener une bataille sécuritaire et parfois juridique mais qui est aussi culturelle et éducative. Cette bataille sera longue, et si on ne la mène que sur un des volets, on ne la gagnera pas». Entretien.gabriel_attal_22_10_20_partie_2.mp3

«Ici vous avez des gens formidables»

son_copie_petit-444.jpgSamia Ghali, 2e adjointe à la mairie de Marseille, en charge de l’égalité des territoires, salue cette visite ministérielle, comme une marque de «respect» pour des populations qui, «au quotidien, sont en galère». Elle indique avoir parlé à Gabriel Attal en soulignant nombre de problèmes inhérents à ces quartiers au rang desquels les transports ou, encore, l’absence d’équipements culturels notamment dans les 13/14, 15/16 et le 2/3. Et Samia Ghali de signifier à ce propos : «Comment voulez-vous après dire à des enfants, il y a égalité, fraternité… alors que, eux ce n’est pas ce qu’ils voient au quotidien. La République, elle doit être dans le quotidien de ces enfants». Puis de se féliciter du dialogue continue avec Gabriel Attal et du fait qu’il ait pu découvrir le ressenti des habitants. «Aujourd’hui, ils sont là … ici vous avez des gens formidables qui donnent de leur temps de leur énergie». Entretien. samia_ghali_22_10_20.mp3 son_copie_petit-444.jpgGabriel Attal, tient à rappeler ce qui a déjà été fait pour la vie associative (…) met en exergue «des moyens massifs pour le service civique» avec quelque 100 000 postes de service civique supplémentaires, dans l’année qui vient. Et déplore l’insuccès des emplois francs, un système qui va être rendu plus attractif. gabriel_attal_sur_l_emploi_partie_3_22_10_20.mp3

Il faut des actes républicains

son_copie_petit-444.jpgMohamed Bousselmania, chef de projet au sein de «Marseille Proximité» insiste sur la thématique générique de l’association qui est «l’éducation», déclinée également dans d’autres champs, «la prévention, la médiation, l’animation, la culture et le sport». Et il insiste sur les notions «de citoyenneté et de laïcité». S’il entend que «la République a reculé dans les quartiers» il s’insurge cependant contre l’idée «de territoires perdus de la République»: «Ici, il n’y a pas de territoires perdus. Il y a un ministre qui est présent, il y a des mamans, il y a des enfants, il y a des policiers, il y a énormément de monde, et tout se passe très bien». «Enfant de la République», comme il se plaît à le rappeler, il veut que les enfants éprouvent ce même sentiment: «Je veux qu’ils aiment leur pays, c’est leur pays, leur nation, ils sont nés ici, ils grandiront ici, ils feront leur vie ici». Parmi les activités proposées, il met en exergue le soutien scolaire qui concerne 64 enfants par semaine, du CE1 à la terminale, un dispositif accompagné par 3 enseignants. «Lorsque l’on parle de République on parle de principes, de valeurs, j’ajoute un autre mot: acte, il faut des actes républicains».

Voyage à Auschwitz

Mohamed Bousselmania souligne donc l’importance d’agir. Il explique: «Lorsque nous montons une manifestation de sport par exemple après il y a les cadeaux, le goûter, mais il y a aussi « La Marseillaise » que nous chantons avec, derrière nous, le drapeau tricolore». Il raconte aussi ce voyage à Auschwitz avec des jeunes de 18 à 20 ans, «certains avaient fait de la prison et, à la fin du parcours, il y en a un qui s’est mis à pleurer. Car entré dans un camp d’extermination c’est autre chose qu’une caméra, qu’un dessin ou une image, c’est la réalité et, à partir de là on peut travailler». Puis de dénoncer: «La politique de la Ville n’a rien fait pour nous. Chaque fois que nous avons fait un dossier il a été rejeté». Alors, il met en lumière le bénévolat des parents, «c’est très fort… les parents sont partie prenante de ce qui se fait pour leurs enfants ». Et l’apport de fonds privés. «Je ne leur dis pas que nous avons le soutien du président du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France NDLR), du diocèse… Ils ne savent pas ce que c’est, je leur dis: « on a été aidés par des juifs, des musulmans et des chrétiens » afin que chacun sache qui nous aide». Et, lorsqu’il parle de foi «c’est celle mise dans ce que l’on fait, dans ce que l’on est. Moi, je suis un laïque au plus profond de mon cœur, d’obédience musulmane, je suis Français, j’interviens en tant que Français». Entretien. mohamed_bousselmania_porteur_de_projet_marseille_proximite.mp3

Le dialogue ne suffisait pas il fallait des actions

Bruno Benjamin, président du Crif Marseille Provence ordonnateur de cette opération (Photo Mireille Bianciotto)
Bruno Benjamin, président du Crif Marseille Provence ordonnateur de cette opération (Photo Mireille Bianciotto)
son_copie_petit-444.jpgBruno Benjamin, président du Crif Marseille-Provence est «l’ordonnateur de cette opération». Il choisit depuis plusieurs années de travailler dans ces quartiers, de dialoguer avec les musulmans, les chrétiens… «Puis nous avons mesuré que le dialogue ne suffisait pas, qu’il fallait des actions notamment en matière d’éducation», explique-t-il. Et, malgré la Covid-19: «Nous avons poursuivi notre action car ces jeunes qui sont une partie de l’avenir de la France et à qui il faut absolument apprendre ce qu’est la République: les valeurs républicaines, le drapeau, le patriotisme. Toutes ces valeurs qui font la grandeur de la France». Concernant le soutien scolaire, il parle d’une idée partagée avec Mohamed Bousselmania. «Cette opération a été montée avec quelques aides de privés et la bonne volonté de tous et chacun. On a fait les choses de bric et de broc et, aujourd’hui on a une équipe d’enseignants qui fonctionne, des diplômés qui viennent spontanément». Bruno Benjamin Souligne l’importance de sa présence en tant que président du Crif et identifié comme tel: «Là réside l’intérêt. Cela montre que finalement, juif, musulman ou chrétien, nous faisons tous partie de la même Nation. Et ce qu’il faut c’est que nous soyons unis, unis pour sortir de l’ornière, des difficultés … ce que nous voulons c’est vivre en France et vivre en paix». Il revient sur l’assassinat de Samuel Paty en avançant: «Il faut être intraitable avec les ennemis de la République et en parallèle, continuer à dialoguer, continuer à œuvrer, à réaliser avec tous les musulmans non islamistes parce que, dans leur grande majorité ils sont Français dans l’âme et dans l’esprit et aujourd’hui, ce qu’ils veulent c’est vivre en France, participer à la vie de cette nation et de manière républicaine». Entretien. bruno_benjamin_pres_crif_22_10_20.mp3 Propos recueillis par Mireille BIANCIOTTO

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