Rugby Pro D2. Rencontre avec Jamie Cudmore, manager général de Provence Rugby à la veille de l’ouverture de la saison

Publié le 14 août 2018 à  19h52 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  18h56

Il faut se retrouver aux côtés de Jamie Cudmore afin de comprendre pourquoi son surnom de «Bûcheron» -c’était son premier métier au Canada- lui va si bien. Dans le style «armoire à glace» XXL, il impose un physique affûté qui force le respect. Recruté comme manager général par Provence Rugby, il y a trois mois, il ne lui a pas fallu longtemps pour marquer de sa personnalité l’infrastructure sportive du club qui accède à la Pro D2 cette saison et entend bien y demeurer quelques temps. Dimanche à 14h30, c’est à Colomiers que Provence Rugby débutera sa campagne 2018/19 sous les ordres du «bûcheron» franco-canadien qui s’est volontiers plié aux règles de l’interview à moins d’une semaine de cette première rencontre…

Jamie Cudmore a posé devant la nouvelle tribune nord du Stade Maurice David qui est en cours de réalisation. Cette tribune portera la capacité du stade à 6 500 places et sera inaugurée le 26 octobre prochain pour la réception de Mont de Marsan. (Photo M.E.)
Jamie Cudmore a posé devant la nouvelle tribune nord du Stade Maurice David qui est en cours de réalisation. Cette tribune portera la capacité du stade à 6 500 places et sera inaugurée le 26 octobre prochain pour la réception de Mont de Marsan. (Photo M.E.)
Destimed: Qu’est ce qui vous a motivé à devenir manager général de Provence Rugby ?
Jamie Cudmore: D’abord, il y a l’ensemble du projet. C’est un club en pleine croissance qui a une vraie envie de s’installer au haut-niveau et de s’y maintenir. Ensuite il y a Fabien (Fabien Cibray, joueur l’an dernier, entraîneur des trois-quarts de Provence Rugby cette saison NDLR) que je connais bien. Nous avons joué ensemble à Oyonnax et nous nous apprécions. Enfin, il y a Patrick Pezery, l’entraîneur des avants. C’est une bonne personne et un technicien compétent avec qui j’ai plaisir à travailler quotidiennement. Maintenant, tout est devant nous, tout est à prouver et c’est excitant.

Au-delà de l’aspect purement sportif et tactique à quoi vous êtes vous attaché à travailler depuis trois mois ?
Je l’ai dit, Provence Rugby est un club en pleine croissance. Et, si la structure est solide, ce sont les petits détails qu’il a fallu régler. Comme l’utilisation rationnelle de la salle de musculation, par exemple… (Sourire). En fait, je n’ai de cesse de me pencher sur ces petits détails qui font accéder un club au haut niveau professionnel. Car, en facilitant le travail de chacun, c’est toute l’équipe qui gagne en performance. Puis, il y a la rigueur qu’il ne faut jamais perdre de vue. Elle doit créer la cohésion de l’équipe et professionnaliser le club. Il y a des plannings à respecter, chacun sait quel maillot il doit porter à l’entraînement, quel tee-shirt il doit avoir avec lui. Tout le monde doit être là une demi-heure avant le début d’une réunion ou d’un entraînement. Les joueurs ont une salle à leur disposition au club house où ils peuvent boire un thé ou un café en attendant… J’ai aussi fait installer un bain froid dans les vestiaires… Régler les détails, avoir de la rigueur, c’est important pour produire du bon jeu.

Justement, parlons-en du jeu…
En premier lieu, je voudrai mettre en avant la qualité de la préparation physique reçue par les joueurs. L’équipe de préparateurs est au top. Côté musculation, nous avons investi dans des machines performantes, dernier cri, sur lesquelles les joueurs aiment travailler. Quant au jeu, je me suis attaché à travailler sur le mouvement avec beaucoup de fitness games. Aujourd’hui, le rugby est un sport très dense mais il ne faut pas délaisser le jeu en mouvement.

L’objectif avoué du club est le maintien en Pro D2. Mais on peut se maintenir entre la 4e et la 10e place ou se faire peur entre la 10e et la 14e… Quelle est votre ambition ?
Je suis optimiste de nature, mais aussi réaliste. Il y a un immense fossé entre la Fédérale 1 et la Pro D2. De plus, il y a quinze nouveaux joueurs sur le terrain. Alors oui, l’équipe est belle sur le papier. Mais il y a encore beaucoup de choses à faire avant que la mayonnaise ne prenne ; il ne faut pas aller plus vite que la musique. Il faut jouer et imposer notre jeu en restant humbles et en travaillant tout le temps.

Parfois les promus font un complexe d’infériorité face aux grosses écuries comme Biarritz, Bayonne ou autres. Est-ce quelque chose que vous craignez ?
La réponse se trouve dans notre dernier match de préparation contre Grenoble. Nous étions les «petits» mais on a fait face et nous avons été à deux doigts de gagner. Mon discours est clair, soyons humbles et respectueux mais présentons-nous pour gagner le respect des autres et imposer notre jeu et notre équipe. Nous allons faire notre boulot et visons le plus haut possible.

Vous êtes très engagé pour la prévention des commotions dans la pratique du rugby. Comment réagissez-vous après le décès d’un jeune joueur d’Aurillac la semaine dernière ?
D’abord il faut rappeler que le rugby est un sport de combat et qu’il y a toujours du danger à pratiquer un sport de combat. Si ma femme Jennifer et moi-même avons créé l’association Rugby Safety Network, c’est pour sensibiliser les pratiquants aux dangers de la commotion. Au-delà du drame d’Aurillac, ce qui me préoccupe, c’est la situation dans les clubs amateurs. Le jeu a évolué et les risques de commotion sont plus importants. Mais les structures médicales sont parfois inexistantes et il y a un énorme travail d’éducation à faire auprès de ces clubs. La Fédération et la Ligue devraient s’en préoccuper en priorité. Un joueur qui souffre d’une entorse, ça se voit ; une commotion cérébrale, c’est caché et cela peut être mortel. Pour moi, un joueur qui vomit après un match c’est direct l’hôpital. Le jeu a évolué mais les règles pas trop. Nous en parlions ce matin avec mes joueurs. Je leur disais qu’ils doivent consulter le médical dès qu’ils ont reçu un coup violent à la tête, même à l’entraînement. Ils ne doivent pas hésiter une seconde et demander à sortir, même en match, si quelque chose ne va pas.

Vous emménagez avec votre famille à Aix-en-Provence ces jours-ci. C’est important de vivre dans la ville où l’on travaille ?
C’est primordial même. Il faut être disponible pour le club, pour les joueurs, pour la ville. Être manager d’un club de haut-niveau implique cette disponibilité. Je ne suis pas un intermittent et je travaille à temps complet pour Provence Rugby.

Comment faites-vous pour rester affûté comme vous l’êtes ?
De la musculation tous les deux jours, beaucoup de sport en famille, comme le vélo ou la natation et une hygiène alimentaire… C’est tout !
Propos recueillis par Michel EGEA

Prochaine rencontre au Stade Maurice David, au Jas de Bouffan à Aix-en-Provence vendredi 24 août à 20 heures ; Provence Rugby reçoit Aurillac. Vous pouvez réserver votre place ou vous (re)abonner :
• Sur la billetterie en ligne du club provencerugby.com
• Par téléphone au 04.42.38.15.56
• Par mail à fagresta@provencerugby.com
• Directement au bureau du club (Stade Maurice David – 20, av Marcel Pagnol -13090 Aix-en-Provence – Ouvert du lundi au vendredi de 9h à 12h30 et de 14h à 18h)

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