SNCM : un Grec viendrait-il « shipping » la compagnie aux autres repreneurs ?

Publié le 13 novembre 2015 à  21h33 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  20h44

Le Tribunal de commerce de Marseille a entendu le 4 novembre les quatre repreneurs potentiels de la SNCM détailler leurs offres pour la compagnie maritime en difficulté : la compagnie de transport basée en Floride Baja Ferries de l’homme d’affaires Daniel Berrebi, une autre par le transporteur corse Rocca, une troisième par le consortium d’entreprises corses Corsica Maritima (CM Holding), avec à sa tête l’homme d’affaires François Padrona, et la dernière par l’ancien directeur du port de Marseille Christian Garin, associé à l’armateur grec Arista. Lors de l’audience sur la reprise sur les offres de reprises de la SNCM, le procureur a demandé au tribunal de commerce de Marseille de retenir l’offre du chef d’entreprise corse Patrick Rocca. Le jugement est mis en délibéré au 20 novembre.

Alexander Panagopulos et Christian Garin  (Photo Robert Poulain)
Alexander Panagopulos et Christian Garin (Photo Robert Poulain)

Dans ce cadre, lors d’une conférence de presse ce jeudi 12 novembre, Christian Garin, armateur, candidat à la reprise de la SNCM d’expliquer qu’il s’était vu demander, en juin dernier, par le Tribunal de commerce, de conforter son projet. Message reçu et il se présente aujourd’hui avec un partenaire de poids : Alexander Panagopulos, le président d’Arista Shipping. Ce dernier affirmant être là «pour s’inscrire dans une dynamique ascendante en offrant à Marseille et à la Corse le meilleur projet de reprise de la SNCM, en termes de développement et d’emplois sauvegardés». Et ce n’est pas sans un certain plaisir que le Grec qu’il ait, pour montrer la crédibilité de son projet, fait circuler une lettre que la Nordeutsche Landesbank lui a adressé. Le document annonce que la banque est d’accord pour mettre en place un fonds de roulement de 20,8 millions d’euros ainsi que pour un apport 200 millions d’euros visant à permettre l’achat de deux bateaux. Un soutien financier qui vient s’ajouter à la puissance financière de l’armateur, qui, sur les 420 millions d’euros d’investissements prévus sur 4 ans, en apporte 240 à lui seul. Un apport qui permet à Christian Garin d’afficher son optimisme malgré l’intérêt porté par le procureur du tribunal de commerce au projet du transporteur corse Patrick Rocca. Christian Garin explique: «Le tribunal, en juin, nous a demandés un partenaire, nous en avons pris acte. Nous l’avons informé, en septembre, que nous en avions un. Comme nous n’avions pas encore tout finalisé nous n’avons pas souhaité donner son nom. Nous pouvons le faire aujourd’hui». Et d’affirmer : «L’arrivée d’Alexander Panagopulos change tout ». Elle modifie la donne au niveau du montage de l’opération puisqu’il détiendra 75% (25% Georges Garin) de la holding qui contrôlera à 100% Ferry France qui détiendra les bateaux. On trouvera ensuite deux sociétés, une pour la Corse, l’autre pour le Maghreb; enfin, un GIE d’exploitation sera contrôlé à 33% par chaque société. Alexander Panagopulos explique avoir très rapidement été intéressé par la reprise de la SNCM «mais nous n’avions pas de partenaire français, aujourd’hui, nous sommes ravis de revenir avec Christian Garin». Ne craint-il pas de venir à Marseille ? «Tous les contextes sont particuliers, c’est vrai pour Marseille, mais cela l’est tout autant pour la Finlande, l’Italie ou l’Allemagne». Après avoir mis en avant sa surface financière, il entend en faire autant sur le volet social : «Nous avons repris une société qui n’avait que deux bateaux, nous avons décidé de ne licencier personne et, au contraire, d’améliorer les conditions de travail et, très vite, succès aidant, nous sommes passés à quatre bateaux». Concernant la SNCM, il ajoute : «Nous serons là sur le long terme. Et nous allons développer cette société en améliorant le service et en renforçant notre flotte avec deux navires affectés au trafic sur la Corse. Nous proposons de reprendre 6 des 7 navires de la SNCM ainsi que 878 salariés (sur 1500) pour 12 millions d’euros. Soit, 618 navigants et 232 sédentaires SNCM ainsi que 28 sédentaires filiales». «La modernisation, poursuit-il, doit être sans renoncement au modèle social français et dans le dialogue entre partenaires sociaux. Nous voulons faciliter et assurer la continuité des transports vers la Corse et l’Afrique du Nord, avec une société plus fiable et plus efficace». «Nous sommes attachés au pavillon national, gage de qualité et Marseille est et restera notre base opérationnelle», tient-il à préciser. La Région Paca est prête à investir dans la SNCM, Christian Garin apprécie «que des politiques sont là et qu’ils veulent que ce dossier évolue positivement. Maintenant, leur offre est trop tardive, ce qui l’exclue de la procédure». Et d’insister sur son histoire. Il est vrai que l’homme d’affaires, âgé de 49 ans, a une longue expérience dans le domaine maritime, une aventure familiale puisque son père est le fondateur de la compagnie Royal Cruise Lines basé en Californie. Il a fait ses débuts au sein du groupe Attica comme co-fondateur de la filiale Superfats Ferries en 1993. Alexander Panagopulos développe le groupe Attica (23 navires et 5 millions de passagers transportés par an entre la Grèce, l’Italie, la Finlande, l’Allemagne, l’Écosse et la Belgique). En 2007 la famille revend sa participation dans le groupe Attica pour 300 millions d’euros. Alexander Panagopulos crée la même année Arista Shipping qui exploite des navires spécialisée dans le transport de vracs secs : minerai de fer, charbon, aluminium, céréales.
Michel CAIRE

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