SOS Méditerranée : L’Aquarius exhorte les gouvernements européens à désigner au plus vite un lieu sûr de débarquement après deux sauvetages en Méditerranée

Publié le 14 août 2018 à  9h27 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  18h56

Répondant à la crise humanitaire toujours en cours en Méditerranée centrale, l’Aquarius, le navire affrété par SOS Méditerranée et opéré en partenariat avec Médecins Sans Frontières (MSF), a secouru 141 personnes vendredi 10 août. Les deux organisations exhortent désormais les gouvernements européens à désigner de toute urgence le lieu sûr le plus proche, comme le prévoit le droit maritime international, afin de pouvoir y débarquer les rescapés et continuer à fournir une assistance humanitaire d’urgence en mer.

(Photo Robert Poulain)
(Photo Robert Poulain)
Vendredi 10 août dans la matinée, l’Aquarius a procédé au sauvetage de 25 personnes, retrouvées à la dérive à bord d’une petite embarcation en bois et sans moteur. Elles erraient probablement en mer depuis près de 35 heures. Quelques heures après, l’Aquarius a repéré un second canot en bois, dans lequel s’entassaient 116 personnes, dont 67 mineurs non accompagnés. Parmi les rescapés, sept sur dix sont originaires de Somalie et d’Erythrée. Si l’état de santé global des rescapés est stable pour l’instant, beaucoup sont très affaiblis et dénutris. Nombre d’entre eux ont également fait part aux équipes des conditions inhumaines dans lesquelles ils ont été détenus en Libye. L’Aquarius fait route vers le Nord, sans avoir obtenu confirmation d’un lieu sûr où accoster Au cours des deux opérations de sauvetage, l’Aquarius a informé l’ensemble des autorités compétentes de son activité, y compris les Centres de coordination des secours maritimes italien, maltais et tunisien (MRCCs) et le Centre conjoint de coordination des secours (JRCC) libyen. Celui-ci a confirmé qu’il était l’autorité en charge de la coordination de ces sauvetages. Le JRCC libyen a toutefois informé l’Aquarius qu’il ne lui indiquerait pas de lieu sûr pour le débarquement, et lui a enjoint de s’adresser à un autre Centre de coordination des secours (Rescue coordination centre, RCC). L’Aquarius fait donc à présent route vers le Nord et va solliciter la désignation d’un lieu sûr de débarquement auprès d’un autre RCC. «Nous suivons les dernières instructions du JRCC et allons, comme il se doit, contacter d’autres RCCs afin qu’un lieu sûr nous soit désigné pour débarquer les 141 rescapés qui sont à bord de l’Aquarius», a confirmé Nick Romaniuk, Coordinateur des secours pour SOS Méditerranée à bord de l’Aquarius. «L’essentiel est que les rescapés soient débarqués sans délai dans un lieu sûr, où leurs besoins fondamentaux seront respectés et où ils seront à l’abri d’abus». «Les gouvernements européens ont concentré tous leurs efforts à la création d’un JRCC en Libye, mais les événements de vendredi illustrent bien l’incapacité de ce dernier à coordonner intégralement une opération», a souligné Aloys Vimard, coordinateur de projet pour MSF à bord de l’Aquarius. «Un sauvetage n’est pas terminé tant qu’un lieu sûr de débarquement n’a pas été indiqué. Or, le JRCC libyen nous a clairement signifié qu’il ne le ferait pas. Il ne nous a pas non plus informés des signalements de bateaux à la dérive dont il avait connaissance, alors que l’Aquarius se trouvait sur zone et avait offert son assistance. En réalité, ces embarcations en détresse ont eu de la chance que nous les repérions par nous-même », conclut le coordinateur de projet de MSF. Le déploiement d’une assistance humanitaire en Méditerranée est à nouveau entravé. Fait troublant, les rescapés ont indiqué aux équipes à bord qu’avant que l’Aquarius n’intervienne, cinq navires différents ne leur avaient pas porté secours. «Le principe même de l’assistance portée à toute personne en détresse en mer semble désormais menacé», s’inquiète Aloys Vimard. «Des navires pourraient être tentés de ne pas répondre aux appels de détresse en raison du risque de rester bloqués en mer, sans qu’aucun lieu sûr où débarquer ne leur soit désigné. Les politiques visant à empêcher à tout prix que les gens n’atteignent l’Europe ne font qu’accroître la souffrance et le danger des traversées qu’entreprennent ces personnes, pourtant déjà fort vulnérables». MSF et SOS Méditerranée se déclarent, une nouvelle fois, «extrêmement préoccupées par les politiques européennes actuellement menées. Celles-ci constituent une véritable entrave au déploiement effectif d’une assistance humanitaire efficace, et n’ont eu pour effet que de faire exploser le nombre de morts en mer ces derniers mois. L’Aquarius est désormais l’un des deux derniers navires humanitaires de recherche et sauvetage présents en Méditerranée centrale. La criminalisation et l’obstruction du travail des organisations humanitaires sont le reflet d’un système européen de l’asile en échec, et de la défaite des États membres de l’Union européenne à relocaliser les demandeurs d’asile qui arrivent en Europe.» SOS Mediterranée et MSF exhortent une nouvelle fois «tous les gouvernements européens ainsi que les autorités maritimes compétentes à reconnaître la gravité de la crise humanitaire qui sévit en Méditerranée, à garantir un accès rapide à des lieux sûrs où débarquer les rescapés, et à faciliter plutôt qu’entraver le déploiement d’une assistance humanitaire essentielle en Méditerranée centrale.»
Pour la chronologie complète des opérations de sauvetage : onboard-aquarius.org

SOS Méditerranée
Ensemble agissons pour sauver des vies en mer
Depuis 4 ans, au moins 15 000 hommes, femmes et enfants sont morts noyés en Méditerranée en tentant la traversée sur des embarcations de fortune. SOS Méditerranée est une association de citoyens qui affrète un navire, l’Aquarius, pour porter secours à celles et ceux qui fuient pour sauver leur vie. Depuis février 2016, près de 30 000 personnes ont été secourues dont 23% sont des mineurs.

#Aquarius #onboardAquarius #TogetherForRescue
@SOSMedFrance
sosmediterranee.fr

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