Semaine économique de la Méditerranée : La valorisation des déchets en débat

Publié le 5 novembre 2015 à  20h26 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  20h43

Dans le cadre de la semaine économique de la Méditerranée qui se déroule actuellement à Marseille jusqu’au 7 novembre, une table ronde a réuni ce jeudi 5 novembre de nombreux acteurs du développement durable des déchets, de leur collecte et de leur valorisation dans différents pays des deux rives méditerranéennes.

De gauche à Droite :  Aymeric Bajot (Groupe Suez), Jean-Louis Guigou, délégué général d'IPEMED, Kelly Robin (Chef de projet au sein d'IPEMED), Agnes Rampal (déléguée à l'Euro-Méditerranée pour la ville de Nice),  Frédéric Duvessy (Econostrum), Isabelle ROESER, Mounir Mehddi (Municipalité de Sfax-Tunisie) Carlos Pereira (Relations internationales du CD2E) (Photo Philippe Maillé)
De gauche à Droite : Aymeric Bajot (Groupe Suez), Jean-Louis Guigou, délégué général d’IPEMED, Kelly Robin (Chef de projet au sein d’IPEMED), Agnes Rampal (déléguée à l’Euro-Méditerranée pour la ville de Nice), Frédéric Duvessy (Econostrum), Isabelle ROESER, Mounir Mehddi (Municipalité de Sfax-Tunisie) Carlos Pereira (Relations internationales du CD2E) (Photo Philippe Maillé)

L’enjeu de cet échange étant de laisser aux différents intervenants l’opportunité de prouver que cette « économie circulaire » était bien en train de se matérialiser, d’être une réalité et non plus un vœux pieux. En d’autres termes qu’au-delà des projets engagés par les différentes organismes publics ou privés, français ou étrangers, s’était mis en place une réelle collaboration, une vision « intégrée et pragmatique » de cette gestion qui passe par les échanges « de bonnes pratiques » entre différents pays.
Lorsque Frédéric Dubussy, d’Econostrum, modérateur de cet échange a donné la parole à Isabelle Roeser elle a eu cette jolie formule pour définir cette notion « d’intégrée et pragmatique : c’est à la fois un peu technique, beaucoup économique, profondément sociologique » résumant ainsi la disparité des collectes et de ceux qui en ont la charge, des modes de stockages, du coût et des fonds alloués à ce type de traitement de valorisation pour recyclage, mais aussi du vivre ensemble, des coutumes, des statuts de ceux qui ont la charge d’assumer le ramassage des déchets et que l’on continue d’appeler des « chiffonniers ».
Même si dans notre belle langue française on préfère employer le terme de collecteur de déchets. Un intervenant dans la salle s’est d’ailleurs ému des conditions dans lesquelles travaillent un peu partout dans le monde ces fournisseurs de déchetteries, de décharges à ciel ouvert, des risques importants de contamination qu’ils courent en manipulant des produits franchement toxiques, ou libérant des matières infructueuses, citant des chiffres qui le démontrent : leur espérance de vie étant de 33 ans dans certains pays d’Amérique du Sud, de 36 ans en Inde contre 63 ans en France. La formule d’Isabelle Roser et les chiffres communiqués ensuite par Aymeric Bajot, chargé de mission au sein du groupe Suez, ont mis ainsi l’accent sur la disparité sociale, les modes de vie qui diffèrent d’un pays à l’autre et qu’au-delà des projets, des échanges qui se font entre pays la réussite d’un recyclage efficace des déchets se doit d’être globale et sociétale.

Allo déchets ?

Mise en place depuis quelques années dans le Nord Pas de Calais, une structure « Allo déchets » s’est organisée pour acheter, vendre, recycler les déchets (textiles essentiellement) qui leur sont signalés. Intervenant au nom de la Municipalité de Sfax, Mounir Medhi a lui aussi évoquée le rôle des « Bourses de déchets » entre producteurs de déchets et potentiels acheteurs de matières premières secondaires. Cela dit, il va de soi que le recyclage diffère d’un pays à l’autre où le compostage s’avère plus important dans les pays du Maghreb où la pratique de l’élimination des déchets par enfouissement reste « une habitude » contrairement à l’Europe qui progresse en ce domaine. Une disparité qui s’illustre aussi de cette manière : si la production de déchets municipaux est actuellement et, en moyenne, environ deux fois plus importante en Europe que dans les pays du Maghreb, la production de déchets par habitant dans les pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée a augmentée de 15% au cours des dix dernières années du fait de l’évolution des économies des pays concernés et des modes de consommation: alimentation sous vide, plats tout préparés, boissons en canettes, gobelet en plastique, le « tout pas cher » et « qui s’use et se jette facilement » contribuant largement à pourrir notre chère planète bleue.
C’est par une intervention de Jean-Louis Guigou que se sont clôturés ces échanges; le Délégué Général de l’Institut de Prospective Économique du Monde Méditerranéen (IPEMED) lui apportant toute sa fouge, ses convictions, ses espoirs, son impatience aussi, de voir prendre corps, à l’échelle du territoire, des villes, des régions une approche réaliste et constructive des enjeux que représentent l’essor et la maîtrise d’une économie mondialisée
Christine LETELLIER

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