Smartport Challenge. Pour l’émergence d’un port français du futur en Méditerranée les lauréats sont…

Publié le 24 février 2019 à  19h26 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  20h48

A l’automne dernier, le GPMM, la CCIMP et AMU lançaient avec le soutien de la Préfecture des Bouches-du-Rhône, de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur et de la Métropole Aix-Marseille Provence le Smartport Challenge, destiné à construire entre Marseille et Fos le port de demain. 41 candidats ont répondu à l’appel. Ils sont aujourd’hui sept lauréats, d’ores et déjà à pied d’œuvre pour imaginer les solutions numériques à même de fluidifier et optimiser l’activité des sept donneurs d’ordre lanceurs de défis, œuvrant sur les mers, à quai ou dans ses environs proches.

Les lauréats du Smartport Challenge viennent d'être dévoilés (Photo Robert Poulain)
Les lauréats du Smartport Challenge viennent d’être dévoilés (Photo Robert Poulain)

C’est fait, les sept lauréats du Smartport Challenge sont désormais dévoilés. Pour mémoire, ils ont répondu à l’appel de sept donneurs d’ordre influents sur le territoire de Marseille-Provence, lesquels proposaient chacun un défi à même de contribuer à l’émergence du French Smartport in Med. Ce dernier, né de la volonté du Grand Port Maritime de Marseille (GPMM), de la CCI Marseille Provence et d’Aix-Marseille Université (AMU) de construire le port du futur, entend se bâtir à la faveur d’initiatives sollicitant l’ensemble du cluster portuaire in situ, comme autant de «leviers de réussite». Et ce n’est pas pour rien que la CCIMP a adhéré à la démarche, rappelle Maurice Wolff, vice-président de l’organe consulaire délégué aux filières et grands projets métropolitains : «Nous avons des obligations de résultats en tant que CCI. Et le Smartport concourt à trois objectifs qui tiennent au cœur de la Chambre : la connexion des grands groupes et des startups, le démarrage de projets concrets qui prêtent à expérimentation et le rayonnement à l’international. Or ce challenge va permettre d’impulser du concret dans ces trois domaines». Même intérêt pour AMU, qui se trouve en cours «de création d’un DESU (Diplôme d’études supérieures universitaires) sur la thématique du maritime et du portuaire», annonce Charlie Barla, représentant la Cité de l’Innovation de l’université. Enfin, nul besoin de rappeler l’intérêt du GPMM pour le sujet de «l’excellence environnementale, qui sera le fil rouge du prochain projet stratégique. Il va continuer à avancer, avec de nouvelles briques qui vont s’agréger», appuie de son côté Christine Cabau Woehrel, encore présidente du directoire pour quelques semaines… avant de rejoindre la CMA CGM.

Un rayonnement international

Bref, sept lauréats, un par challenge, qui ont triomphé de leurs concurrents. Ils étaient au départ 41 au total à avoir candidaté. Une première sélection a permis de n’en garder tout d’abord que 20. Puis le 20 décembre dernier, les nominés ont été invités à présenter en 20 minutes leur vision du défi retenu lors d’un grand oral, au Palais de la Bourse. Au terme d’une journée d’auditions, les sept d’entre eux qui ont séduit les membres du jury, à la fois pour leur côté visionnaire et leur détermination à faire évoluer le port de commerce grâce à leur matière grise, ont donc remporté la timbale. Et parmi ces sept, de belles satisfactions pour Philippe Maurizot, vice-président régional, puisque figurent non seulement de belles pépites locales, d’autant que certains grands groupes avaient la volonté de favoriser le tissu économique du territoire. Mais aussi des concurrents nationaux, voire internationaux, «ce qui démontre que nous avons de la visibilité. Et la Région s’en félicite». Et cela, le premier lauréat, portant le nom de NavAlgo, l’illustre dans les grandes largeurs… Puisque l’entreprise, choisie par la CMA-CGM pour œuvrer sur la façon d’optimiser les opérations portuaires, a été fondée à Londres. L’armateur recherche en effet de nouvelles solutions numériques permettant d’en améliorer la gestion, via échanges de données en temps réel entre les divers acteurs portuaires. L’idée étant de gagner en réactivité, notamment en cas d’aléas, tels les pannes ou le retard d’un porte-conteneur… NavAlgo, entreprise de Recherche et Développement qui accompagne ses clients dans leurs grands chantiers de R&D et «se positionne sur la création d’innovations disruptives en modifiant et optimisant le processus de R&D et la manière dont les entreprises utilisent leurs données», sera donc à la manœuvre auprès de la CMA-CGM. Or, la lauréate en question couvre justement plusieurs domaines d’expertise dans le secteur de la logistique : méthodes IA conçues pour le secteur des transports, prévision des flux, prévision de la demande pour la gestion des stocks, optimisation des flux et des processus… «NavAlgo a à cœur de recruter et travailler avec des talents uniques. Polytechnique, Sciences Po, experts de rang mondial en algorithmes et Intelligence Artificielle, ex-Googlers, de nombreux Prix obtenus lors de compétitions internationales de Programmation -sont autant d’exemples qui illustrent les compétences des personnes regroupées au sein de notre équipe. Nous sommes ainsi capables d’offrir à nos clients une variété d’expertises nécessaires aux différentes phases de leurs projets», explique Zuzanna Stamirowska, sa présidente.

Des lauréats qui sortent des sentiers battus

Deuxième lauréat, le bureau d’études aixois Capsim a été choisi par EDF «pour sa capacité d’expertise et de sortie des sentiers battus». Il va devoir satisfaire le donneur d’ordre, «engagé dans le verdissement de ses activités», dans sa volonté de «s’appuyer sur les énergies renouvelables pour le raccordement des navires au réseau électrique». Nul doute que Capsim, qui intervient déjà dans le secteur de l’industrie, de l’énergie, des transports, du nucléaire civil et militaire ainsi que de la défense, mettra à profit d’EDF sa spécialisation dans l’assistance à maîtrise d’ouvrage ou d’œuvre sur les réseaux électriques haute tension ou les systèmes électrotechniques. D’autant que le bureau d’études joue déjà les partenaires des plus grands acteurs de l’énergie sur des projets tels que Queen Mary II ou Iter… «En 2008, nous avons accompagné la vague renouvelable : études de raccordement au réseau des producteurs, études prospectives d’intégration des ENR pour des réseaux de pays voir de pays interconnectés, hybridation de sites isolés en Afrique… Plus récemment, nous avons intégré les dimensions smartgrid et véhicule électrique. Ainsi nous avons pu proposer des approches pertinentes sur les projets Smartgrid sur le réseau électrique du projet Euromediterranée et sur le réseau Corse de l’intégration du véhicule électrique», illustre-t-on au sein de Capsim. Autre défi, celui lancé par un GPMM soucieux de la question de la réduction des émissions de gaz à effet de serre relatives au transport de fret. Et désirant disposer d’un éco-calculateur, afin de quantifier l’empreinte carbone d’un conteneur, en fonction de son trajet. C’est Searoutes, SAS établie en France, et plus précisément à Marseille depuis janvier 2019 en rejoignant par ailleurs le programme d’accélération de ZeBox, qui s’attèlera à cette tâche. Elle œuvrera donc en tant que service de suivi, de planification et d’optimisation des routes pour les navires marchands (elle se définit en effet comme une sorte de Google maps pour la marine). Puisque le cœur de métier de Searoutes, c’est de «calculer les routes les moins coûteuses en terme de carburant, à partir des historiques des trajectoires passées. Ce pour participer à la réduction des émissions polluantes et rendre la chaine logistique plus transparente», explique Pierre Garreau, l’un de ses fondateurs. MktxDatos Europe, «véritable chaînon manquant entre marketing et vente» a quant à lui été choisi par le groupe Hammerson et devra proposer des solutions numériques, panneaux d’indications, objets connectés, applications à même de mieux informer les passagers des ferries et des croisières au sein même du centre commercial des Terrasses du Port.

Phase d’expérimentation lancée le 4 février à thecamp

Interxion était lui aussi entré dans la danse du Smartport Challenge, avec la volonté de mettre au point une solution à même de mesurer la capacité des batteries avec un capteur à bas coût. Et c’est GreenCityZen qu’il a choisi. Le groupe, détenteur de data centers, a lui aussi pris l’option de la proximité en choisissant une entreprise marseillaise, laquelle développe des solutions IoT et de l’intelligence artificielle (IA) pour servir les marchés de l’environnement et du végétal care. «Notre solution IoT industrielle comprend des capteurs intelligents, économiques et faible consommation», détaille son dirigeant, François Hamon. Sixième défi, celui de La Méridionale, qui soulevait au moment de la présentation du Smarport Challenge une problématique : quelle innovation permettrait aux transporteurs de géolocaliser les remorques dans le port sans perdre de temps ? C’est Nauvelis qui s’y collera, en mettant à disposition de la compagnie maritime sa plateforme d’interconnexion dédiée aux objets et services connectés -sa spécialité- laquelle, modulaire, évolue avec les besoins du client. Enfin, Egerie sera possiblement celle de Naval Group, si la lauréate lui donne satisfaction dans son désir d’établir une cybercartographie portuaire. Une première brique qui entre dans une stratégie plus large en matière de cybersécurité. L’entreprise française, en exercice depuis près de 20 ans, est à présent «éditrice de la plateforme n°1 de cyber-risk management en Europe. La plateforme logicielle Egerie permet aux entreprises de gérer leurs cyber risques et leur dataprotection avec agilité et intelligence», illustre-t-on au sein de la PME. Ainsi, les sept lauréats sont désormais connus, ne reste aujourd’hui qu’à se mettre au travail. Chose déjà bien amorcée à thecamp les 4 et 5 février derniers, explique Marlène Korsia, conseillère en développement stratégie numérique à la CCIMP.

Trois sprints, une solution

Deux jours qui ont permis de lancer le «Sprint 1. Il s’agissait de s’approprier la démarche collaborative et de commencer à bâtir la solution». De véritables équipes projets donc, composées des lauréats, de leurs binômes grands donneurs d’ordre, encadrés par l’équipe de thecamp et les partenaires du challenge. De quoi «co-construire la feuille de route, celle d’une solution qui correspond au défi : poser les jalons de la preuve de concept (POC), les KPI (indicateurs clés de performance, NDLR)… Ce en utilisant la méthode du design thinking». L’objectif de ces deux journées était également de résoudre les problématiques techniques, d’élaborer un business model. «Les prochains sprints se dérouleront le 2 avril, pour faire le point sur la solution et valider la POC, et le 14 mai, ciblé davantage sur le marketing de l’offre», poursuit Marlène Korsia. Un travail d’open innovation en binôme qui s’accompagne par ailleurs d’une répartition des tâches à réaliser et d’un encadrement juridique. Chaque projet faisant l’objet d’une convention spécifique en fonction des critères de chacun (confidentialité, propriété industrielle, termes commerciaux…). Enfin, en juin 2019, au terme de six mois de travail, les sept preuves de concept et expérimentations seront officiellement présentées lors du Smartport Day, événement destiné à valoriser les actions au sein du French Smartport in Med. Les sept lauréats recevront par ailleurs une dotation de 15K€.
Carole PAYRAU

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