TOURISME

Publié le 20 avril 2013 à  2h00 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  16h07

Via Marseille, la Tunisie repart à la conquête de la France
La France est l’un des rares marchés touristiques qui, depuis la Révolution du Jasmin, reste frileux sur la destination Tunisie. La semaine promotionnelle de la Tunisie en France, que Marseille accueille durant 3 jours, est l’occasion, pour le ministre du Tourisme Jamel Gamra, de rassurer une clientèle de tout temps fidèle au pays d’Afrique du Nord.

La Tunisie dévoile ses charmes durant trois jours sur le quai de la Fraternité à Marseille pour séduire à nouveau la France qui demeure son premier marché touristique. (Photos S.P.)
La Tunisie dévoile ses charmes durant trois jours sur le quai de la Fraternité à Marseille pour séduire à nouveau la France qui demeure son premier marché touristique. (Photos S.P.)

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Le ministre du Tourisme Jamel Gamra rappelle que, depuis la Révolution du Jasmin, la Tunisie a accueilli 11 millions de touristes et que « personne n’a été agressé physiquement ».
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Pour toute la durée du week-end, le Vieux-Port a pris des allures de médina.
Le village bâti sur le thème
Le village bâti sur le thème

Des artisans tunisiens ont pris place au coeur du village dressé sur le quai de la Fraternité.
Des artisans tunisiens ont pris place au coeur du village dressé sur le quai de la Fraternité.
Des artisans que le public peut aussi voir à l'oeuvre.
Des artisans que le public peut aussi voir à l’oeuvre.
Une manifestation qui a rencontré un vif succès ce vendredi sur le Vieux-Port de Marseille.
Une manifestation qui a rencontré un vif succès ce vendredi sur le Vieux-Port de Marseille.

Durant trois jours, le Vieux-Port de Marseille a pris des allures de médina. Du 19 au 21 avril, la Ville de Marseille accueille en effet une semaine promotionnelle de la Tunisie en France initiée par le gouvernement tunisien et l’association « Tunisie d’aujourd’hui ». Une manifestation que le sénateur-maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, a inaugurée ce vendredi 19 avril à 10h30 sur le quai de la Fraternité en présence de Ridha Saidi, ministre délégué représentant du président du gouvernement chargé des Affaires économiques, et de Jamel Gamra, ministre du Tourisme de Tunisie. Au total, c’est une délégation de plus de 150 personnalités tunisiennes, ministres, parlementaires, chefs d’entreprises, représentants de la société civile, qui séjournera à Marseille tout au long du week-end. Avec dans la ligne de mire des autorités tunisiennes, la volonté de faire évoluer l’image de leur pays suite aux événements du printemps arabe, en venant à la rencontre de la France, partenaire économique et touristique privilégié. Cette Semaine de la Tunisie se veut ainsi un pont de rapprochement entre les rives nord et sud de la Méditerranée avec pour objectif de renforcer les relations franco-tunisiennes en vue de développer et de concrétiser de nombreux projets de coopération culturelle, sociale, économique et touristique.
Et Marseille étant en cette année 2013 Capitale européenne de la culture, les organisateurs de la manifestation ont choisi de la fêter de manière typiquement tunisienne avec l’installation d’un village tunisien sur le Vieux-Port sur le thème « Carthage fête Marseille ». « Il y a des liens historiques entre Marseille, 2 600 ans d’histoire, et Carthage, 3 000 ans d’histoire. Toutes les deux sont des villes portuaires, c’est-à-dire ouvertes sur le monde », souligne Jamel Gamra. Artisans tunisiens, organisateurs du rallye de Tunisie, société des Beaux-Arts, ministère de la Culture, compagnie aérienne Tunisair, Compagnie Tunisienne de Navigation (CTN) ou encore institutions bancaires ont ainsi pris place pour 3 jours sur le quai de la Fraternité. « Tout un ensemble d’institutions publiques tunisiennes présentent ce village qui vise à créer un peu l’ambiance tunisienne ici à Marseille », précise Habbib Ammar, directeur général de l’Office National du Tourisme Tunisien (ONTT). Le Vieux-Port va ainsi vibrer ce week-end aux rythmes tunisiens avec concerts, expositions, réceptions, ateliers, rencontres ou encore conférences.

Un million de touristes en moins depuis la Révolution, dont 400 000 Français

Mais outre cet aspect festif, le ministre du Tourisme entend profiter de sa venue à Marseille pour relancer l’économie touristique sur le marché français. Car il s’agit d’un des rares marchés étrangers qui, depuis la Révolution du Jasmin, reste frileux à la destination Tunisie. « En 2010, sur 7 millions de touristes, nous avions accueilli 1,4 million de touristes français. En 2012, ils n’étaient plus que 985 000 », indique Jamel Gamra. Une tendance à la baisse que l’on n’observe pas dans de telles proportions au niveau de l’Angleterre, de l’Allemagne, de la Belgique, de l’Algérie ou de la Russie. « Ces marchés ne sont pas trop affectés par ça », observe Habbib Ammar.
En France, ce sont, aux yeux du ministre du Tourisme, deux événements touchant à la sécurité, particulièrement médiatisés dans l’Hexagone, qui ont nourri une crainte de se rendre sur le sol tunisien. Tout d’abord, les violences antiaméricaines qui ont pris pour cible l’ambassade des Etats-Unis à Tunis en septembre 2012, puis l’assassinat en février dernier, de l’opposant de gauche Chokri Belaïd. « Le marché français a été le plus touché par ces événements. Nos amis français ne sont pas habitués à ce genre de problèmes par rapport à la Tunisie. C’est pourquoi ils ont été les plus sensibles à cela », analyse Jamel Gamra. Et le ministre du Tourisme de se montrer rassurant : « Rappelons que depuis la Révolution, nous avons reçu plus de 11 millions de touristes et personne n’a été agressé physiquement. Nous avons certes eu trois cas isolés à l’extérieur des zones touristiques, mais ça arrive dans tous les pays. »
L’enjeu est de taille pour le pays en pleine transition démocratique car le tourisme est l’un des principaux moteurs de l’économie tunisienne. « Le tourisme représente plus de 7% du PIB. C’est le 2e secteur en matière de recettes de devises avec 3 500 millions de dinars, soit environ 1 750 M€. 400 000 personnes travaillent dans le secteur », énumère le ministre. Or, le nombre de touristes qui se rendent en Tunisie chaque année est passé de 7 à 6 millions entre 2010 et 2012 suite à la Révolution. Si le tourisme balnéaire est pour l’heure relativement épargné, le tourisme saharien et la zone nord autour de Tabarka sont particulièrement touchés par cette baisse de la fréquentation.

« J’invite nos amis français à venir partager ce moment d’histoire avec nous »

La proportion d’Européens est certes restée quasi stable autour de 60%, alors que 40% des touristes viennent des pays maghrébins voisins. Pour autant, la désaffection des Français, qui demeurent les plus nombreux à se rendre en Tunisie, a bien entendu affecté ce bilan. D’où l’intérêt de venir à Marseille et de rassurer cette clientèle de tout temps fidèle à la Tunisie.
Pour séduire à nouveau cette clientèle hexagonale, le pays d’Afrique du Nord peut s’appuyer sur de nombreuses superbes destinations touristiques de Tunis à Djerba en passant par Hammamet, Sousse, Monastir, Tozeur ou encore Kebili. « Nous disposons de plusieurs liaisons aériennes quotidiennes entre Marseille et Tunis, via Tunisair et Air France, et le vol ne dure qu’une heure et quart : c’est juste une promenade. Par le bateau, la traversée dure 18 heures mais il s’agit d’une véritable croisière pour débuter les vacances », signale Habbib Ammar.
Alors fort de ces atouts, Jamel Gamra a bien l’intention d’inverser la tendance. « Le premier trimestre n’a pas été très positif. Mais depuis le début de la campagne, grâce aux contacts avec les tours opérateurs et les médias, nous connaissons une augmentation du taux de réservation. Sur tous les autres marchés, la progression est très positive, sauf pour la France où cette progression est moins prononcée », observe-t-il. Si le constat l’étonne quelque peu, le ministre du Tourisme se veut confiant et se fixe des objectifs très élevés pour cette année 2013. « Sur la France, nous visons un million de visiteurs, 7 millions au total. Et notre objectif est d’atteindre 10 millions de touristes en 2016 », précise Jamel Ga mra.
Alors pour y parvenir, il adresse un ultime message aux Français : « La Tunisie passe par une phase transitoire à travers laquelle il y a un engagement du gouvernement d’organiser les élections d’un nouveau président et d’un nouveau parlement avant la fin de l’année. C’est une phase historique pour la Tunisie. J’invite nos amis français à venir partager ce moment d’histoire avec nous et contribuer à la réussite de l’instauration d’un système démocratique continu en Tunisie. »

Serge PAYRAU

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