Tableau de bord de la compétitivité métropolitaine : vers une croissance insuffisante pour favoriser une relance en 2015

Publié le 15 avril 2015 à  23h00 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  18h49

Présentation ce mardi 15 avril à la CCIMP le 6e numéro du tableau de bord de la compétitivité métropolitaine (Photo Robert Poulain)
Présentation ce mardi 15 avril à la CCIMP le 6e numéro du tableau de bord de la compétitivité métropolitaine (Photo Robert Poulain)

La Chambre de commerce et d’Industrie Marseille-Provence et l’UPE 13 viennent de présenter le 6e numéro du tableau de bord de la compétitivité métropolitaine. Un document qui prend en compte les perspectives métropolitaines et le moral des chefs d’entreprises. Maurice Wolff, vice-président de l’UPE 13 en charge du dialogue social et des enjeux économiques indique : «Nous sommes dans une situation d’attente à la fois d’un carnet de commande qui devrait continuer à se remplir et de messages de soutien. On parle de 1 à 1,1% de croissance pour 2015, il devrait en aller de même dans notre région. Or, il faut atteindre les 1,5% pour que l’embauche reprenne c’est ce qui explique que l’on annonce 100 000 chômeurs supplémentaires en 2015». De plus, poursuit-il: «Ce taux de croissance n’est pas suffisant pour contraindre à changer les machines, même si elles sont vieillissantes».

«Le virage économique du gouvernement est une réalité mais il doit être amplifié »

Puis de considérer: «Le virage économique du gouvernement est une réalité mais il doit être amplifié. Les chefs d’entreprise demandent de simplifier le contrat de travail et des commandes». Eric Ammar, vice-président de la CCI rappelle qu’un panel de 500 entreprises est suivi depuis 18 mois. «Début 2014 un espoir de reprise a existé, il a été de courte durée. Fin 2014, 47% des entreprises interrogées indiquent un recul de leur activité (38% au trimestre précédent), et 22% une progression (12% au trimestre précédent)». Mais, le document met en lumière une situation qui est loin d’être homogène, les secteurs de la construction et du commerce de détail étant une nouvelle fois en proie à des difficultés : si une entreprise sur deux (53%) indique une baisse d’activité, elles sont seulement une sur dix à afficher une hausse (13% pour la construction ; 14% pour le commerce de détail), soit un solde négatif de 40 points. Il est à noter que les cafés, hôtels et restaurants sont dans une position similaire (55% en baisse et 12% en hausse) mais comparé à une année 2013 exceptionnelle. A l’inverse l’industrie, le commerce de gros et les services hors HCR, connaissent une fin d’année moins négative, le solde d’opinion entre les hausses et les baisses étant plus réduit (entre -13 et -8 points). Pour le 1e semestre 2015, le chiffre d’affaires attendu est stable pour 43% des entreprises interrogées et en recul pour 31%. Un secteur est toutefois plus optimiste : l’industrie avec 30% des entreprises qui anticipent une hausse de l’activité contre 22% une baisse. Concernant l’investissement, indicateur clef de la confiance et du retour à la croissance, aucune franche progression n’est prévue au 1e semestre 2015 : seules 11% des entreprises escomptent une augmentation de leurs investissements contre 28% un recul.

«Les charges administratives coûteraient aux entreprises nationales 60 milliards d’euros par an»

Eric Ammar en vient à son tour au choc de simplification mis en place par le gouvernement : «Les 2/3 des entreprises interrogées ne connaissent pas les premières mesures mises en place en 2013 et 2014». Maurice Wolff reprend: «Ce volet du pacte de responsabilité est peu connu, pourtant son enjeu est important : selon l’OCDE, les charges administratives coûteraient aux entreprises nationales 60 milliards d’euros par an». Pour les entreprises interrogées, poursuit Eric Ammar, «les principaux domaines sur lesquels les efforts de simplification devraient porter concernent la gestion de l’emploi, la formation et les actions liées au développement de l’entreprise. Sont également prioritaires les efforts portant sur les contraintes liées à l’exercice de l’activité et les obligations comptables, fiscales et sociales». Il en vient à la métropole : «61% des entreprises estiment que l’organisation en métropole est importante pour le développement économique du territoire». Mais de prévenir que, derrière ce très fort pourcentage, des inquiétudes se font jour : « Elles concernent les délais de mise en œuvre car les crispations locales inquiètent tout comme les menaces qui pèsent sur la fiscalité locale. 16 000 fonctionnaires vont être regroupés, si on aligne tout le monde vers le haut on va vers la catastrophe». Il insiste ensuite sur l’importance de développer les entreprises de taille intermédiaire (ETI). Elles sont 5 572 au niveau national. Qu’elles soient indépendantes, sous contrôle étranger ou filiales d’un groupe, elles réalisent un chiffre d’affaires de plus de 1 000 milliards d’euros et emploient 3,2 millions de salariés. La métropole Aix-Marseille-Provence accueille 150 sièges sociaux, ce qui la place au 3e rang national derrière Paris (787) et le Grand Lyon (225). On retrouve des entreprises sous contrôle de grands groupes internationaux (Basell, Lyondell, STMicroelectronics…) mais également de grandes entreprises ayant un ancrage historique dans la métropole (Ricard, Richardson, Daher International, Comex Nucléaire, Inside Secure…). Ces 150 entreprises locales réalisent 21 milliards de chiffre d’affaires et emploient plus de 75 000 salariés au niveau national, dont environ la moitié sur notre métropole. 23% relèvent du secteur industriel et 44% ont une activité à l’export. Pourtant, ces entreprises si importantes restent en nombre limité sur notre territoire : 0,12% des entreprises contre 0,17% en moyenne sur les autres métropoles (hors Paris) et jusqu’à 0,27% sur le Grand Lyon. Petits écarts mais grands effets : doubler le nombre d’ETI représenterait un gain de 35 à 75 000 emplois sur la métropole.
Michel CAIRE

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