Team Sud Export – Eve Raymond directrice du développement international du Pôle Mer Méditerranée : « La Team permet d’informer nos entreprises en temps réel, de sécuriser les marchés de l’export et de se préparer ensemble à une reprise »

Publié le 24 mai 2020 à  19h16 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  11h36

La Team Sud Export, véritable guichet unique de l’export, accompagne les entreprises du territoire dans leur développement à l’international. Depuis sa naissance, il y a 18 mois, son rôle est encore de recueillir auprès des TPE-PME-ETI de la région les témoignages de terrain pour être au plus près des besoins. Durant le confinement, et pour appréhender au mieux les difficultés économiques, les comités de pilotage réunissant l’écosystème se sont maintenus pour soutenir au mieux les entreprises exportatrices au cœur du Plan de soutien de la Team France de l’Export. Celui-ci permet d’aligner l’action de l’État et de la Région afin de mieux servir les entrepreneurs. Nous avons décidé de faire un focus sur ce qu’apportent concrètement cette Team et les comités de pilotage auprès des entreprises du Pôle Mer Méditerranée à travers le témoignage d’Eve Raymond, directrice du développement international de ce Pôle. Elle nous présente par la même occasion les missions dévolues et l’organisation mise en place pour un tel Pôle de compétitivité.

Eve Raymond, directrice du développement international du Pôle Mer Méditerranée (Photo D.R.)
Eve Raymond, directrice du développement international du Pôle Mer Méditerranée (Photo D.R.)

«Tous les conseillers internationaux sont restés mobilisés pendant cette période pour accompagner les entreprises», tient à souligner Caroline Pozmentier-Sportich, vice-présidente en charge des relations internationales à la Région Sud. «Ensemble, nous devons définir les besoins prioritaires pour notre écosystème, au plus près des territoires et des secteurs, filières, pour continuer à avoir une écoute directe, être agiles et préparer l’avenir. Il faut à la fois être actif et réactif face à la crise. Notre organisation a permis de garder le contact et de permettre aux partenaires d’être informés sur les dispositifs mis en place.» Eve Raymond, directrice du développement international du Pôle Mer Méditerranée, explique : «Avec la Team France Export, l’objectif est que chacun ne reste surtout pas dans son coin. Grâce à elle, nous commençons à avoir une collaboration avec les différents acteurs à l’international. Avec l’idée de mettre les partenaires ensemble, autour d’une table. Sous l’impulsion de la Région et de Mme Pozmentier-Sportich, la Team permet d’informer nos entreprises en temps réel, de sécuriser les marchés de l’export et de se préparer ensemble à une reprise. De manière concrète, nous pouvons faire remonter les problèmes que rencontrent nos entreprises à l’export les derniers mois : gros soucis de douanes, d’assurances de coffrages, de plans d’actions interrompus… On est de cette manière un peu plus au quotidien avec les entreprises. C’est précisément ce que j’attends de ces réunions, car il y a trop souvent un décalage entre l’entreprise et le politique. Là, on sent clairement une prise de conscience pour faire remonter ce genre de messages, et pour savoir sur quels domaines s’orienter pour avoir des subventions, aussi.»

« Il faut comprendre que c’est toujours l’innovation qui est au cœur de ces projets et cœur des Pôles de compétitivité»

Au sein du Pôle Mer Méditerranée, seulement un bon tiers des entreprises présentes sont des grands groupes. La grande majorité est composée de TPE-PME du territoire régional, fortement impactées par la crise liée au Covid-19. «Notre Pôle est organisé en 6 grandes thématiques, pour s’occuper de tout ce qui a un lien avec la mer», poursuit Eve Raymond qui indique que «l’idée de départ était de créer des projets innovants, de lier l’entreprise et la recherche. Il faut comprendre que c’est toujours l’innovation qui est au cœur de ces projets et cœur des Pôles de compétitivité. Le fait que le projet soit labellisé dans un Pôle donne accès à des guichets financiers particuliers. Créer des Pôles, c’est aussi créer de l’emploi dans la région.» Le Pôle Mer Méditerranée couvre deux régions : Provence-Alpes-Côte d’Azur et l’Occitanie. Compte un pôle «jumeau» regroupant la Bretagne et l’Aquitaine. Labellisé Pôle de compétitivité à vocation mondiale en 2004, il fédère et accompagne ainsi : startups, PME, grands groupes, organismes de recherche et de formation, autour de domaines d’actions stratégiques : défense, sécurité, navale et nautisme, ressources énergétiques, ressources biologiques marines, environnement et valorisation du littoral, ports, logistique et transports maritimes. «Nous sommes répartis en grandes thématiques avec, à chaque fois, un responsable de secteur et un domaine d’actions stratégiques. La finalité est de rassembler tout le monde autour de groupes de projets. Nous avons des réunions entre nous pour étudier des projets : 7 à 8 arrivent en moyenne chaque mois, et la crise sanitaire n’a pas du tout arrêté cela», se félicite Eve Raymond.

«Être dans un Pôle demande de l’investissement. Car un projet part souvent d’une rencontre, entre eux, lors de la participation à un salon»

Depuis 2004, le Pôle peut se féliciter d’avoir soutenu 450 projets labellisés, dont 78 % ont été financés, soit 328 sur 450. Il travaille de concert avec son pôle jumeau, en Bretagne, fonctionnant là encore par des comités de pilotage communs, mais dispose de ses propres financeurs, de plus en plus acteurs du privé. «On fonctionne à 50-50 entre public et privé. Alors que le financement public était au départ de 70 %. Cela devient de plus en plus compliqué, car aujourd’hui nous avons davantage d’obligations de résultats. Et l’on nous demande d’intervenir toujours plus en amont de chaque phase de projet.» En charge de l’international, Eve Raymond intervient en transversal avec pour mission d’aider les boîtes à l’export, avec pour cible principal les TPE-PME. «Mon rôle est d’identifier des clusters pour les marchés, en fonction des pays les plus intéressants, des réseaux importants. J’organise depuis 10 ans des missions à l’international avec les entreprises pour s’imprégner des cultures, du travail de diplomatie obligatoire à tisser avec les ambassades, consulats… On s’appuie sur « Business France » pour cela, et nous accueillons aussi en France des délégations étrangères, notre territoire étant très attractif. On participe à des salons internationaux avec l’objectif de proposer des stands mutualisés.» Le Pôle regroupe, réunit ses membres pour les alerter sur les appels d’offres. Organise des groupes de travail, monte des consortiums d’entreprises afin d’être plus fort face à la concurrence et donner plus de chances de décrocher des contrats à l’arrivée. La responsable doit être là pour aider à monter les projets, trouver la compétence manquante, orienter sur le bon guichet financier, trouver le «chaînon manquant» dans son rôle de conseil. «C’est vraiment le réseau qui fait la différence, nos entreprises adhérentes n’avaient pour la plupart jamais participé auparavant à un groupe de travail. Être dans un Pôle demande de l’investissement. Car un projet part souvent d’une rencontre, entre eux, lors de la participation à un salon.» Insiste sur l’innovation qui « fait toujours la différence, et nous sommes très bien positionnés sur l’innovation en France. Je suis très sollicitée pour présenter la méthodologie des Pôles de compétitivité : un modèle économique qui n’existe pas ailleurs. Il intéresse beaucoup ! ».

«Je suis convaincue que l’export peut être une solution pour la sortie de crise »

Depuis les dernières semaines, à l’initiative de la Région Sud, le Pôle participe à une enquête pour faire remonter les difficultés rencontrées par les entreprises auprès des institutionnels. Eve Raymond appelle elle-même les entreprises pour poser les questions sur l’année 2020, qui avait démarré sur de très bonnes bases, selon les premiers retours. «Il y avait vraiment une relance, avec d’excellents résultats pour ceux qui avaient investi. Avec la crise sanitaire, les boîtes que je questionne ont perdu entre 30 et 50 % de leur chiffre d’affaires. Elles souffrent de gros problèmes de logistique, car beaucoup fabriquent à l’étranger, et de coûts, les transports étant multipliés par 3 avec la diminution des cargos.» Malgré la conjoncture, elle tempère aussi vite : «Je suis convaincue que l’export peut être une porte de sortie. On intensifie les webinars pour montrer les opportunités de marchés. L’export est une solution pour la sortie de crise.» A côté de l’agroalimentaire et de la santé, le monde maritime tient ainsi à mettre en avant son Pôle comme un acteur incontournable et stratégique de la relance post-Covid. «On a beaucoup de projets innovants sur le thème des bateaux toujours plus propres, sur l’économie d’énergie…» dévoile-t-elle et notamment «dans le sillage des ports toujours plus propres lancés par la Région Sud dans le cadre de son plan « Escales zéro fumée ». Je ne suis pas persuadée que le monde d’après ressemblera à celui des Bisounours annoncé par bon nombre… Mais je le suis, en revanche, dans l’importance pour la relance de ce mixte entre partenaires privés et publics. Il faudra, plus que jamais, mettre toute le monde autour d’une table et avancer ensemble.»
Bruno ANGELICA

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