Tech. Pose d’un capteur de déchets intelligent dans le Vieux-Port de Marseille

Publié le 20 décembre 2021 à  9h46 - Dernière mise à  jour le 3 novembre 2022 à  12h35

En 2050 la masse des plastiques dans les mers et océans sera équivalente à celle des poissons. Des chiffres très inquiétants. Pour s’attaquer à cette pollution une start-up marseillaise a créé un filet intelligent. Connecté aux exutoires qui charrient l’eau pluviale, il récupère tous les macro-déchets avant qu’ils ne tombent dans la mer. Une première expérience est menée sur l’un des plus grands exutoires de France (4 x 3 mètres) situé à bâbord de la Société Nautique de Marseille dans le Vieux-Port.

Le premier filet connecté a été posé cette semaine sur l’un des exutoires du Vieux-Port © Guillaume Ruoppolo/Wallis.fr Wallis -
Le premier filet connecté a été posé cette semaine sur l’un des exutoires du Vieux-Port © Guillaume Ruoppolo/Wallis.fr Wallis –

11 000 tonnes de déchets

Chaque année la France rejette plus de dix mille tonnes de déchets dans la Méditerranée. Pour limiter cette pollution, la start-up Green City Organisation a conçu un outil susceptible de léguer aux générations futures des mers préservées et, dans un premier temps, elle mène une opération zéro déchet dans le Vieux-Port. L’idée de collecter les déchets à l’aval des méga-conduites d’eau pluviale existe depuis une dizaine d’années mais personne ne l’avait traduite techniquement car les contraintes sont assez fortes. Il faut notamment un système de sécurité, un rupteur, qui permette à l’eau de s’écouler même si le filet est plein de déchets pour ne pas créer un bouchon et générer des inondations.
L'expérience est menée sur l’un des plus grands exutoires de France situé à bâbord de la Société Nautique de Marseille dans le Vieux-Port  © Guillaume Ruoppolo/Wallis.fr Wallis
L’expérience est menée sur l’un des plus grands exutoires de France situé à bâbord de la Société Nautique de Marseille dans le Vieux-Port © Guillaume Ruoppolo/Wallis.fr Wallis
Green city organisation a relevé le défi. Après deux ans de recherche le premier filet connecté a été posé cette semaine sur l’un des exutoires du Vieux-Port. Isabelle Gerente, la présidente de Green City Organisation, veut répliquer ce brevet sur l’ensemble du pourtour méditerranéen. «On a une solution « lowtech », simple, robuste, efficace. L’idée est que les pays qui bordent la Méditerranée puissent construire sous licence notre capteur de déchets. D’ici cinq ans on souhaite être le leader en la matière».

Un filet bardé de capteurs

A Marseille 200 exutoires se déversent dans la mer. On comprend mieux l’envahissement des plages par les déchets lors de fortes pluies, surtout quand les poubelles débordent ! Ce filet installé à l’extrémité de chacun d’entre eux limiterait sérieusement la pollution. Pour l’heure un seul exemplaire existe. Il doit servir de vitrine pour la start-up et tous ceux qui sont concernés de près ou de loin par l’environnement. Car l’outil ne sert pas qu’à récupérer les déchets. Il est bardé de capteurs qui indiquent le remplissage du filet mais surtout donnent en temps réel une somme de data sur les polluants, métaux lourds, hydrocarbures… Pour Thierry Dubourdieu, le directeur technique de Green City Organisation: «Ces data vont permettre d’en apprendre beaucoup sur le métabolisme urbain, comment l’activité humaine impacte la mer. Ce sera un outil de décision».

Une collaboration avec la Société Nautique de Marseille

Plus ancien club nautique, fondé en 1887, la Nautique est partie prenante de l’opération. Elle gère huit pannes et 500 bateaux et mène une politique volontariste en matière d’environnement. Son action a permis d’obtenir le label pavillon bleu depuis près d’une dizaine d’années. La pose de ce capteur de déchets sur le collecteur d’eaux pluviales qui se déverse au pied de ses bureaux est un atout et une carte de visite pour ce club qui souhaite faire des émules au sein des autres acteurs nautiques du Vieux-Port. «Certains étaient présents lors de la pose du filet, confie Pierre Sathal, vice-président de la Société Nautique de Marseille, c’est le signe qu’ils sont intéressés». Actuellement c’est la Service d’Assainissement Marseille Métropole – (Seramm), qui gère l’exutoire, qui se chargera de récupérer les déchets collectés dans le filet (environ une dizaine de vidages sont prévus chaque année en fonction de la météo). Ils seront ensuite caractérisés pour en savoir plus sur le métabolisme urbain. Ce démonstrateur sera suivi à la loupe pendant 18 mois. Le retour d’expérience permettra à la start-up de déposer de nouveaux brevets avec notamment un système qui permettra de récupérer les déchets sans l’aide d’un scaphandrier. Reportage Joël BARCY [(

Green City Organisation

La Jeune Entreprise Innovante dans le domaine des cleantechs, basée à Marseille, a pour raison d’être de léguer aux générations futures des océans préservés grâce à son bureau d’étude qui conçoit des solutions de veille et de protection de l’environnement marin, performantes et réplicables dans le monde entier. Disposant d’une expertise très pointue en mécanique et infrastructures immergées, l’équipe, composée de passionnés par la mer, tous scaphandriers professionnels, a l’ambition de devenir d’ici 5 ans leader des solutions de captage de déchets en Méditerranée. Membre des pôles de compétitivité Mer et Aquavalley, du cluster ea-écoentreprises et du cluster maritime Français, l’entreprise a remporté plusieurs récompenses : le prix My Med en 2020, le prix spécial du Jury EDF Pulse et le Monaco Smart & Sustainable Marina en 2021. Plus d’info greencityorganisation)] Signaler un contenu ou un message illicite sur le site

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