Télécoms. 1 900 emplois menacés chez Scopelec important sous-traitant d’Orange après le non-renouvellement de contrats de l’opérateur

Publié le 11 décembre 2021 à  20h34 - Dernière mise à  jour le 29 novembre 2022 à  12h22

Scopelec important sous-traitant d’Orange pour la maintenance et l’installation des infrastructures de télécoms risque de perdre environ 1 900 de ses 3 800 emplois après le non-renouvellement de contrats de l’opérateur à partir d’avril 2022. Orange justifie ce retrait «par des dizaines de mises en demeure en raison de manquements sur certains territoires…»

Spécialiste en l'installation et la maintenance de réseaux de télécommunication, la Scop Scopelec est menacée par la perte de gros contrats avec Orange. © Scopelec
Spécialiste en l’installation et la maintenance de réseaux de télécommunication, la Scop Scopelec est menacée par la perte de gros contrats avec Orange. © Scopelec

Selon la Confédération générale des sociétés coopératives et participatives (CG SCOP), Scopelec serait «menacé par Orange du non-renouvellement d’un marché d’exploitation et de maintenance des réseaux télécoms à hauteur de 150 millions d’euros annuels », sur un chiffre d’affaires total de 463,9 millions en 2020.

Près de 1 900 emplois seraient menacés:
● 580 emplois en région Nouvelle Aquitaine
● 500 emplois en région Occitanie
● 300 emplois en région Bourgogne Franche-Comté
● 200 emplois en région Normandie
● 200 emplois en région Rhône-Alpes
● 80 emplois en région Ile-de-France
● 50 emplois en région Paca

Cette décision est «incompréhensible et injustifiable», estime Jacques Landriot, président de la CG SCOP, qui affirme avoir «prévenu les présidents des régions concernées ainsi que le Premier ministre» « Orange, poursuit-il, ne nous répond plus depuis quinze jours», alors que la période est marquée par l’annonce, le 24 novembre, du départ prochain du PDG de l’opérateur, Stéphane Richard.

Scopelec est la plus importante Scop de France avec 3 800 salariés, lesquels détiennent 74,8 % du capital. L’entreprise est sous-traitante de l’opérateur historique depuis sa création, en 1973, principalement dans des infrastructures et technologies de télécommunications. Elle a notamment rendu plus de 2 millions de prises avec la technologie de la fibre optique raccordables pour le compte de ses donneurs d’ordre, depuis 2014.

Recours de plus en plus important à la sous-traitance

Orange lance, tous les trois ans, de nouveaux appels d’offres sur ses marchés. Jusqu’ici, l’opérateur a régulièrement renouvelé sa confiance à Scopelec. Mais cette dernière est en passe de perdre deux des trois lots qu’elle détenait, les plus importants, à l’occasion du prochain renouvellement prévu au printemps 2022. Thomas Foppiani, le président du directoire de l’entreprise, n’a pas souhaité réagir à ce stade, précisant être encore « en discussion avec Orange », notamment autour de la troisième partie du marché, elle aussi menacée.

La CG Scop dénonce «une décision à rebours des intentions de cohérence sociale et humaine d’Orange. Une telle décision écarterait du marché une entreprise qui a fait le choix d’un modèle social durable et innovant (74,8 % du capital social est détenu par les salariés de Scopelec SA dont l’ancienneté est importante), alors même que le secteur est marqué par le recours de plus en plus important à la sous-traitance auprès d’auto-entrepreneurs et de travailleurs détachés.»

La CG Scop considère que «cette rupture s’oppose radicalement au plan stratégique “Engage 2025” publié par le Groupe Orange en fin d’année 2019, qui avait notamment pour ambition de « construire ensemble l’entreprise de demain ». Ce plan mettant en lumière, pour reprendre les termes de son PDG Stéphane Richard à sa sortie, deux objectifs : « croissance et responsabilité », visait à « favoriser les conditions d’une transformation durable et responsable pour veiller à la cohérence sociale et humaine des projets engagés par le Groupe dans le monde ».»
Sur ce point, la CG Scop ne peut que déplorer le paradoxe d’Orange qui prive son prestataire historique Scopelec de contrats vitaux alors même qu’il affiche une forte ambition en matière de RSE, y compris à l’égard de ses fournisseurs.

Au-delà des conséquences sociales et économiques désastreuses, une telle décision «vient mettre un terme à tout le processus d’innovation sociétale déployé par le groupe coopératif Scopelec pour l’ensemble des collaborateurs, des territoires et des citoyens. Ce modèle, pourtant particulièrement innovant et nécessaire dans un secteur d’activité de plus en plus précarisé, doit être encouragé.»

Contacté par Destimed Orange réagit sur ce dossier

Orange a lancé le 25 janvier 2021 un appel d’offre visant à sélectionner les partenaires qui interviendront, dès le 1er avril 2022, dans la production et la maintenance des réseaux cuivre et FttH en France. Cet appel d’offre intervient dans le cadre du renouvellement d’un précédent contrat entré en vigueur en 2015 et arrivant à échéance le 31 mars 2022.

«Cet appel d’offre a été lancé très tôt afin de permettre une anticipation maximale pour chacun des acteurs. Orange a sélectionné un ensemble d’entreprises de travaux réseaux pour couvrir 35 zones géographiques en France. Scopelec appartient aux 6 entreprises majeures retenues pour ces travaux. Ces experts ont été sélectionnés en fonction de leur savoir-faire opérationnel et pour leur connaissance des spécificités liées aux territoires attribués, explique l’opérateur qui précise que le choix des partenaires a été guidé par la stratégie d’Orange d’assurer un haut niveau de qualité de service partout en France, au bénéfice des clients. Et l’opérateur annonce qu’«après plusieurs avertissements ces dernières années, la qualité des prestations proposées par certains prestataires actuels, dont Scopelec, qui a reçu plusieurs dizaines de mises en demeure en raison de manquements sur certains territoires, a conduit Orange à revoir l’attribution des zones confiées à chacun.»

Orange tient encore à rappeler que «la remise en cause d’un prestataire sur un territoire n’impacte en rien l’emploi local. Le déploiement et l’entretien des réseaux -un secteur en pénurie de main d’œuvre- s’appuie sur des emplois locaux et non délocalisables, en lien avec le volume d’activité des contrats. Un changement de prestataire n’affecte donc en rien le nombre d’emplois sur le territoire concerné.»
Patricia MAILLÉ-CAIRE

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