Tennis. [Entretien] Jean-François Caujolle : « De grandes chances que l’Open 13 Provence soit décalé »

Publié le 11 décembre 2020 à  9h30 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  12h20

L’Open 13 Provence se jouera, c’est certain. Oui, mais quand ? Dans un communiqué officiel, l’organisation du tournoi a annoncé que la date initiale du 15 au 21 février avait de grande chance d’être changée pour une fenêtre de tir en mars. Une catastrophe pour l’épreuve de la cité phocéenne ? Pas forcément comme l’explique Jean-François Caujolle, son directeur depuis maintenant près de 30 ans. L’occasion également pour ce personnage incontournable du sport business marseillais de nous expliquer les clés de cette réussite.

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Destimed: Jean-François, cette décision était-elle dure à prendre ?
Jean-François Caujolle: Dure à prendre non, puisque nous ne sommes pas vraiment les décisionnaires. C’est actuellement entre les mains de l’ATP, de l’Open d’Australie et du tournoi d’Indian Wells. Bref, nous attendons de savoir quelles épreuves se joueront ou pas. En fonction, nous devrons nous adapter. Ce qui est certain c’est que nous sommes dans un flou total. Il y a tout de même de grandes chances que l’Open 13 Provence soit décalé, mais je le répète : rien n’est encore certain.

Cette attente est-elle préjudiciable ?
Un glissement de date peut poser un problème, notamment au niveau de la disponibilité du Palais des Sports de Marseille. Des événements sont bien évidemment prévus et il va être compliqué de jongler. Mais heureusement, nous discutons avec des interlocuteurs compréhensifs et intelligents qui font tout pour nous faciliter la tâche.

Au niveau des partenaires, une telle situation peut-elle être handicapante ?
Pas vraiment ! Il est clair qu’une entreprise peut demander à se retirer au vu des nouvelles dates. Pour le moment ce n’est pas le cas et dans les contrats, aucune date n’est stipulée. Après, il y a les collectivités, mais là encore elles sont à l’écoute et font tout leur possible pour nous accompagner. En fait, les dossiers les plus délicats seraient ceux des partenaires médias. Il se peut que le calendrier ne corresponde pas aux grilles de programme et qu’à ce moment les discussions commencent. Mais là encore, la période complexe que nous venons de traverser nous a tous appris à gérer ce genre de situation.

« Marseille n’a jamais eu à rougir… Nous avons accueilli des joueurs comme Federer ou Nadal »

Au niveau sportif, le changement dans le calendrier peut-il changer le casting prévu?
Nous serons en mesure d’estimer les dégâts après la décision de l’Open d’Australie et d’Indian Wells. Si le calendrier ne fait que glisser, les joueurs engagés respecteront leur contrat. Après, il est également possible que l’Open 13 se déroule en même temps que Dubaï. A ce moment, il faudra voir, mais le plateau est large et les joueurs seront en mesure de faire des choix. Ceux qui préfèrent l’indoor viendront à Marseille. Pour les autres, nous discuterons avec ceux qui nous intéressent. Dans tous les cas, une chose est sûre : le sportif ne sera pas altéré !

Pour le plateau, on parlait entre autres de Daniil Medvedev, Dominic Thiem et Stefanos Tsitsipas ? De tels noms, est-ce le signe que votre tournoi a passé un cap en devenant une épreuve majeure ?
Marseille n’a jamais eu à rougir de son plateau et nous avons accueilli des joueurs comme Federer ou Nadal. D’ailleurs le Suisse est au palmarès du tournoi au même titre que Becker. L’année dernière encore, nous avions des Top 5 et des Top 10.

Pourtant, on a l’image d’un Open 13 misant sur des jeunes joueurs, plutôt que des stars reconnues.
Il est vrai que cela fait partie de notre ADN : nous aimons mettre en avant des jeunes pépites. Quand ces cracks deviennent rapidement des top players, ils ne nous oublient pas et nous sont fidèles. C’est le cas pour Tsitsipas ou Medvedev qui sont encore « frais » sur le circuit. Nous leurs avons signé des contrats sur plusieurs années, quand ils percent vite nous récoltons en quelque sorte les fruits de notre pari. Pour Thiem, c’est un peu différent car nous étions en négociation. Il faudra donc attendre le nouveau calendrier.

Une fois encore le contingent français sera-t-il bien représenté ?
Bien évidemment nous apprécions les joueurs Tricolores, mais ce n’est pas le premier critère de notre sélection… Ces dernières années il ne faut pas oublier qu’ils étaient plusieurs dans le Top 50, voir le Top 10. Quelque part, ils n’étaient pas présents par patriotisme, mais tout simplement parce qu’ils faisaient partie des tous meilleurs. Il faut avoir conscience que notre tournoi est dans les 10 premiers de la catégorie ATP 250 depuis un moment maintenant.

« Un business. Un business plaisir, mais un business avant tout »

L’Open 13 est le lieu incontournable, notamment son célèbre village, pendant près d’une semaine à Marseille. Comment l’expliquez-vous ?
Au niveau sportif, nous n’avons rien à envier aux plus grands événements mondiaux, d’autant qu’à Marseille, durant l’hiver, il n’y a pas grand-chose. Ensuite, nous avons mis en place un espace convivial qui est un lieu de Relations publiques privilégié pour les entreprises de la région. Très tôt, nous avons parié sur des hospitalités de grande qualité. Il faut dire qu’au début, nous ne pouvions pas miser sur les droits télé et nous devions alors trouver d’autres sources de revenus. Il a fallu que nous soyons inventifs.

La notion de bénéfices est-elle importante quand on est directeur d’un tournoi ATP ?
Il ne faut pas perdre de vue que c’est une entreprise à part entière qui demande de la rentabilité. Nous avons des salariés et nous faisons prospérer une économie locale durant l’événement. Si nous durons depuis près de 30 ans, cela veut bien dire que nous sommes efficaces. C’est un business, un business plaisir, mais un business avant tout.

Vingt-neuvième édition… Prenez-vous toujours autant de plaisir à fouler les coursives du tournoi ?
Se renouveler chaque année est un challenge très motivant. Certes le Palais des Sports est un outil qui commence à être quelque peu obsolète pour nous permettre de passer à l’étage supérieur, mais nous avons la satisfaction de proposer un spectacle qui plaît et qui fonctionne. Après, dire que je prends du plaisir à fouler les coursives… Je me donne le droit à un joker. Je tire une réelle satisfaction de ma collaboration avec les gens qui m’entourent d’autant que nous travaillons beaucoup en famille. C’est surtout eux qui supportent la pression d’un tel barnum. D’ailleurs, je les remercie pour toute cette abnégation et espère encore être là pour de nombreuses années.
Propos recueillis par Fabian Frydman

[(Le calendrier ATP et Marseille dépendants des décisions australiennes
2021 n’est pas encore lancé et le calendrier du tennis mondial commence à ressembler à un grand chantier. La faute à cette satanée Covid-19 et les très contraignantes mesures sanitaires. Du coup, l’Open d’Australie, initialement prévu le 18 janvier, a de grandes chances d’être décalé. «Je pense qu’à 80%, nous allons jouer l’Open 13 en mars», lâche Jean-François Caujolle. En effet, pressentie du 8 au 21 février, la quinzaine australienne se retrouverait en même temps que l’épreuve marseillaise. Bref, Marseille n’est pas seul à attendre les pérégrinations australiennes puisque Dubaï ou encore Acapulco sont dans l’expectative. )]

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