Théâtre La Luna Avignon – Narcisse porte en musiques, slam et images un regard critique sur notre société du 5 au 28 juillet dans le cadre du Off

Publié le 4 juillet 2019 à  22h09 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  12h00

Narcisse (Photo Lauren Pasche)
Narcisse (Photo Lauren Pasche)

En obtenant plus d’un milliard de vues sur le net pour son clip «Gangnam style le chanteur coréen Psy a battu tous les records d’audience. Et si l’on additionne le nombre d’heures passés par tous les internautes pour le regarder on dépasse la durée totale de la construction des trois pyramides de Gizeh. Surprenante cette incongruité a beaucoup surpris, amusé, et terrifié l’artiste suisse Narcisse au point de lui inspirer une partie de son spectacle «Toi tu te tais !» qu’il va donner à La Luna du 5 au 28 juillet dans le cadre du Off d’Avignon. Au départ de ce One iconoclaste, joyeux et grave à la fois, un texte écrit avant d’envisager même une quelconque représentation sur scène. L’idée de faire tourner les mots de les mettre en relation les uns avec les autres, en prenant de la hauteur, une idée en appelant une autre, voilà le défi que s’est lancé ce docteur en musicologie, spécialiste de slam, (il a collaboré avec marc Smith, fondateur du slam à Chicago), informaticien de profession, et qui a composé des musiques de films. De son vrai nom Jean-Damien Humair, né le 14 juin 1967 à Porrentruy dans le Canton du Jura, Narcisse a voulu poser ici un regard critique sur la société. Comme son compatriote le chanteur Michel Bühler, il ne développe pas son art avec le souci de ne rien dire. Et son propos avec «Toi, tu te tais !», est de passer en revue différentes situations dans lesquelles les plus faibles, les plus polis ou les plus discrets se font rabrouer. Ainsi évoque-t-on entre autres, l’employé face à son patron, l’épouse face à son mari, (ou inversement), l’enfant à qui on assène un non discutable «mange ta soupe !» le téléspectateur devant son écran, littéralement nourri d’énormités. «J’ai constaté des choses absurdes avec le net, confie Narcisse, une mère allaitant est censurée sur Facebook, alors qu’on y voit des scènes violentes.» Et d’ajouter : «Aujourd’hui le langage est censuré par ceux qui ont le pouvoir. Un pouvoir politique, mais aussi celui d’un père d’une mère castratrice, voire des journalistes ou les artistes au théâtre.» Traitant de sujets graves «Toi, tu te tais !» est une comédie grinçant d’une forme totalement originale. Accompagné de son ami le guitariste Pierre Gilardoni, (qui a accompagné sur scène Bühler et Thierry Romanens), Narcisse utilise neuf écrans de télévision qu’il anime comme par magie d’un simple frôlement. Entre théâtre, concert et performance vidéo, entre poésie, esthétique, et technologie, « Toi tu te tais !» mélange les genres. «J’ai voulu rendre hommage à ceux que l’on fait taire, dont on musèle l’expression, et le faire de manière moderne, en utilisant des objets technologiques d’aujourd’hui ». Il en résulte un moment hors normes magnifié par la mise en scène de Gérard Diggelmann codirecteur du Petit théâtre de Lausanne, et fondateur d’une école de théâtre qui porte son nom. Un spectacle citoyen, à hauteur d’homme et nourri d’esprit de résilience.
Jean-Rémi BARLAND
« Toi tu te tais ! » par Narcisse. Au théâtre La Luna -1, rue Séverine, 84000 Avignon – du 5 au 28 juillet 2019 à 13heures – Relâches les 15 & 22 juillet. Réservations au 04 90 86 96 28. Plus d’info: theatre-laluna.fr

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