Le Cabestan Avignon. Dominique Dimey célèbre son père Bernard Dimey dans un spectacle musical du 5 au 28 juillet dans le cadre du Off

Publié le 3 juillet 2019 à  9h57 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  12h00

Destimed bernard dimey pere et fille. avignon 2019 photo portrait bernard et dominiquecopie
«Si tu me payes un verre, je n’te demanderai pas où tu vas, d’où tu viens, si tu sors de cabane, si ta femme est jolie ou si tu n’en as pas, si tu traînes tout seul avec un cœur en panne. Je ne te dirai rien je te contemplerai. Nous dirons quelques mots en prenant nos distances. Nous viderons nos verres et je repartirai avec un peu de toi pour meubler mon silence.» Mots superbes, généreux, signés Bernard Dimey (1931-1981), rendus familiers au grand public grâce à Serge Reggiani les chantant sur une musique de Cris Carol compositrice, qui monte toujours sur scène, et qui écrivit pour Mouloudji. Ce même Serge Reggiani qui récita toujours de Dimey: «Il ne faudra jamais dire tout ce qu’on a vécu. Ça ne regarde pas les gens du temps qui passe. Ni mes histoires de coeur ni mes amours déçues n’avantageront pas mon reflet dans les glaces.» Immense poète qui écrivit entre autres « Syracuse » et qui signalait avoir pour amis «Honoré (de Balzac), Alexandre (Dumas) et Victor (Hugo)», trois compagnons du verbe, aimant faire bonne chère, avec qui il s’entretenait régulièrement en dépit du fait qu’ils soient morts depuis longtemps. Ce fut un créateur ayant soif d’absolu. Et aujourd’hui famille Dimey… je demande la fille: Bonne pioche! Elle s’appelle Dominique et son parcours atypique est absolument poignant. Ce n’est qu’à vingt ans qu’elle découvrit que Bernard Dimey était son père. Elle en a écrit un spectacle musical où elle dit ses poèmes et chante ses textes.

Anne Sylvestre, sa marraine artistique

Avoir vingt ans à Châteauroux, dans les années 70-80. Vivre avec sa mère institutrice, avoir tiré définitivement un trait sur son père jamais connu, et n’avoir qu’une seule envie, monter à Paris, avec sa guitare. Telle est l’histoire de la jeune Dominique Blanchard. Se retrouver du côté de la rue Lepic, dans une petite chambre de bonne, et côtoyer le petit peuple montmartrois. Prendre également des cours de théâtre avec Jean-Laurent Cochet. C’est ce que racontera la Dominique en question, sur le plateau du théâtre Lepic. Dans sa robe rouge à pois, assortie à la cravate (à moins que ce ne soit le contraire) de son pianiste Charles Tois. Auparavant, avant son entrée, nous aurons entendu un petit medley pianistique, et en off la voix grave et profonde de Richard Bohringer nous dire le premier poème de Bernard Dimey. Depuis elle poursuit une carrière faite de bleus à l’âme et d’éclats de rire, de spectacles pour enfants et d’admiration sans bornes pour les beaux textes, les grandes chansons, et une certaine Anne Sylvestre sa marraine artistique. Avouez qu’un tel compagnonnage cela pose l’état d’esprit d’une femme et ses choix en matière de vie, d’éloge de la liberté et de courage. Du coup retrouver Dominique Dimey dans le Off d’Avignon (elle sera au Théâtre Le Cabestan du 05 au 28 juillet à 12h10) est une fête du cœur et de l’esprit. S’appelant « Bernard Dimey, père et fille » -«Aujourd’hui je suis fière d’être sa fille», avoue-t-elle avec le sourire-, ce concert où elle est accompagnée de son pianiste Charles Tois, est une balade pleine de tendresse dans l’univers de Bernard que Charles Aznavour admira tant au point de le chanter souvent, et de co-écrire quelques titres avec lui. Des pépites seront délivrées au public, comme « Les pauvres« , ou « Les enfants de Louxor » de Bernard Dimey ou ce « Paris par cœur » où Bernard Dimey retrouva à la musique un certain Jean Ferrat.

Une musique de Pierre Bluteau qui fut guitariste d’Anne Sylvestre

Et puis, cerise sur le gâteau, cadeau en guise de lettre d’amour et de pardon des fautes, Dominique Dimey interprétera « Chanson pour Bernard » texte qu’elle a écrit et que Pierre Bluteau a mis en musique. Signalons que ce dernier, grand guitariste touche-à-tout de génie accompagna souvent Anne Sylvestre sur scène et notamment lors de son beau concert de 1986 à l’Olympia où on entendait aussi la divine clarinette de Romain Mayoral. Histoire de famille donc là aussi, celle que l’on a et celle que l’on choisit. Fonce Dominique ! C’est si beau quand tu chantes que de là-haut Bernard, accoudé au bistrot d’Alphonse ou d’Allain Leprest doit applaudir les larmes aux yeux. Et vanter les mérites de sa fille à ses trois amis si chers Alexandre, Honoré et Victor.
Jean-Rémi BARLAND

« Bernard Dimey, père et fille ». Spectacle musical de et avec Dominique Dimey. [Au Théâtre Le Cabestan -11, rue Collège de la Croix, 84000 Avignon dans le cadre du Off à 12h du 5 au 28 juillet 2019. Relâches les jeudis.

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