Tourisme en région. Jean-Baptiste Lemoyne : « les 2/3 des entreprises du secteur entendent s’appuyer sur la crise pour repenser leur offre »

Publié le 8 avril 2020 à  8h19 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  11h14

«On peut estimer à 4 ou 5 milliards les pertes de la filière touristique dans la région Sud», estime le secrétaire d’État auprès du ministre des Affaires étrangères, Jean-Baptiste Lemoyne lors d’une conférence de presse téléphonique à laquelle participait également Renaud Muselier au double titre de président de la région Sud et de président de régions de France. Lequel ajoute: «87% des entreprises de notre région sont impactées par la crise du Covid19, le pourcentage monte à 99% pour le tourisme sachant, par exemple, que le taux de remplissage des hôtels est de moins de 1% en Provence-Alpes-Côte d’Azur». Une conférence de presse qui fait suite à une réunion avec les acteurs du tourisme de la Région Sud conduite avec le président de la région. Il s’agit là de la première étape d’un tour de France des régions pour prendre en compte au plus près des réalités, la situation des professionnels du tourisme.

Jean-Baptiste Lemoyne et Renaud Muselier sont intervenus à la suite d'une rencontre avec les acteurs du tourisme de la région Sud (Photo archive Robert Poulain)
Jean-Baptiste Lemoyne et Renaud Muselier sont intervenus à la suite d’une rencontre avec les acteurs du tourisme de la région Sud (Photo archive Robert Poulain)

«Ce que j’en retiens c’est l’unité des acteurs»

Jean-Baptiste Lemoyne signale l’importance des régions: «Elles sont en première ligne aux côtés de l’État pour le maintien de l’emploi». D’en venir plus spécifiquement au tourisme dans la région Sud: «C’est 150 000 emplois, 13% du PIB régional, le troisième aéroport national avec Nice». Il évoque le tour de table qui a eu lieu la veille: «Ce que j’en retiens c’est l’unité des acteurs. Les professionnels sont unis pour chercher des solutions et la Région a mis en place des outils financiers pour soutenir notamment cette filière. Je retiens également la solidarité avec la proposition reprise dans le Sud de séjours proposés aux soignants après la crise pour les remercier». Il insiste enfin sur l’importance de se préparer pour la reprise tout en précisant: «L’urgence est de vaincre l’épidémie, cela commande tout. Je ne me hasarderais donc pas à faire des pronostics sur le moment où viendra la sortie de crise. Aujourd’hui, nous sommes dans le suivi, au jour le jour, de l’évolution de la situation». Mais, ajoutera-t-il: «Il faudra être prêt et c’est là toute la difficulté le jour où viendra la reprise. Nous avons, dans ce cadre une veille sur l’ensemble des marchés». Il avance toutefois: «Si on écoute les professionnels du secteur, la reprise se fera progressivement, sur un an et demi à deux ans. Ce n’est qu’en 2022 qu’on retrouvera le niveau de 2019, qui était une très bonne année». Renaud Muselier apprécie pour sa part «le travail engagé dans votre bureau voilà trois semaines. Cette démarche montre combien le tourisme est un volet bien particulier de notre économie. Nous travaillons ainsi sur la destination France afin d’avoir une harmonie et non une guerre de nos territoires». Il revient sur la réunion qui vient de se tenir: «Où l’ensemble des acteurs du tourisme, de l’hôtellerie de luxe au camping, les organisateurs d’événements, la CCIR, les organismes financiers étaient présents ». Il rappelle l’importance de la mobilisation de la région Sud en faveur de son économie, de l’emploi: «La Région, cheffe de file du développement économique sur l’ensemble du territoire, accomplit son rôle de fédérateur en renfort de l’État, en mettant en place d’une part un Plan d’urgence et de solidarité capable d’amortir le choc de cette crise, mais également un Plan de relance et d’investissement, dotés de 1,4 milliard d’euros». Et d’insister sur l’importance du jeu collectif évoquant à ce propos le Fonds « Covid Résistance » doté de 20 millions d’euros qui a été créé par la Région Sud et la Banque des Territoires, un fonds auquel des territoires de plus en plus nombreux viennent apporter leur contribution. Pour lui aussi «l’enjeu est d’être prêt pour le jour de la reprise» sans savoir quand celui-ci adviendra.

«Nous maintenons la totalité de nos subventions aux festivals»

Renaud Muselier ne cache pas son inquiétude pour les manifestations printanières comme estivales évoquant notamment le Grand Prix de France de Formule 1 mais aussi les festivals d’été. «Face à cela, nous anticipons la crise économique. Nous maintenons la totalité de nos subventions aux festivals». Jean-Baptiste Lemoyne ajoute: «C’est un secteur très important qui peut entraîner l’économie touristique en général. Le ministère de la Culture vient d’ailleurs d’ouvrir une cellule dédiée aux festivals pour apporter à chacun une réponse personnalisée». Le secrétaire d’État rend hommage aux professionnels du tourisme: «Ils réfléchissent tous aux prérequis sanitaires, aux nouveaux services, aux nouvelles pratiques qui s’imposeront. Ils mesurent que la crise ce sont des menaces mais aussi des opportunités et les 2/3 des entreprises du secteur touristique entendent s’appuyer sur la crise pour repenser leur offre». Jean-Baptiste Lemoyne a également évoqué la question du rapatriement des Français bloqués à l’étranger: «On a ramené 148 000 Français depuis le 17 mars, un programme dense qui se poursuit». Soulignant que des situations peuvent être parfois un peu complexe, parlant notamment de Français au sein de la forêt amazonienne au Pérou ou d’autres sur des îles aux Philippines «qu’il faut aller chercher en petit avion ou en bateaux». Il a également abordé la situation des croisiéristes français à bord du Zaandam qui a accosté jeudi en Floride: «Ils sont arrivés à Charles de Gaulle sauf huit d’entre eux, 4 étant hospitalisés pour le Covid 19 et quatre autres sont confinés à bord du navire».
Michel CAIRE

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