Transport à Marseille : Prolongement de la ligne 2 du métro et création d’un pôle multimodal dans les quartiers Nord, d’ici 2015

Publié le 26 mars 2013 à  5h00 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  16h13

Le Nord de Marseille, horizon 2015, sera doté d’une station supplémentaire de métro. En effet la Communauté urbaine Marseille Provence métropole (MPM) a décidé de prolonger la ligne 2 du métro de Bougainville jusqu’au boulevard Capitaine Gèze. Dans le même temps, en lieu et place de l’actuel dépôt de la RTM sur le même boulevard, un pôle d’échanges multimodal verra le jour.

Karim Zéribi, président de la RTM et Eugène Caselli, président de MPM ont présenté le projet de prolongement de la ligne 2 du métro de Bougainville jusqu'au boulevard Capitaine Gèze (Photo P.M.C.)
Karim Zéribi, président de la RTM et Eugène Caselli, président de MPM ont présenté le projet de prolongement de la ligne 2 du métro de Bougainville jusqu’au boulevard Capitaine Gèze (Photo P.M.C.)
Le futur Pôle d'échanges multimodal du boulevard Capitaine Gèze
Le futur Pôle d’échanges multimodal du boulevard Capitaine Gèze
La station de métro et une mezzanine qui accueillera des boutiques et des services de proximité
La station de métro et une mezzanine qui accueillera des boutiques et des services de proximité

«Le prolongement du métro jusqu’au boulevard Capitaine Gèze est le premier acte très fort d’une métamorphose de l’offre de transports sur Marseille Nord », se félicite Karim Zéribi, président de la RTM avant de préciser: «Notre ville dispose d’un certain nombre de transports : métro, tramway, bus, et jusqu’à présent il y a des quartiers qui bénéficient des 3 modes, même 4 avec la navette maritime et il y en a d’autres qui doivent se limiter à la seule offre de transport de surface qui est le bus, les 15e et 16e notamment.» Eugène Caselli, le président de MPM met en exergue pour sa part un projet d’importance qui s’installe «en plein cœur des quartiers Nord». Et, ajoute-t-il: «Il y a pour une fois une anticipation puisque le pôle multimodal sera là, bien avant, pour accueillir l’extension vers le Nord d’ Euroméditerranée.»

Ce pôle d’échange est le premier de ce genre à Marseille

Ce pôle d’échange, «le premier de ce genre à Marseille», permettra de favoriser l’utilisation des transports en commun. Il comprendra outre la station de métro, une gare de bus abritant 6 lignes de bus urbains, 2 lignes de Bus à haut niveau de service (BHNS) et deux lignes de cars interurbains du conseil général 13. La question des voitures sera en partie réglée avec la création d’un parc relais de 630 places «ce qui va permettre aux personnes qui arrivent par le Nord de garer leur voiture et prendre les transports en commun. Une très bonne chose pour la ville.» On y retrouvera également un parc à vélos de 50 places et 29 places pour les deux roues motorisées. La nouveauté tient également par la mise en place de dispositifs de recharge de batterie pour tous les véhicules électriques. Au sein du pôle, une mezzanine accueillera des boutiques et des services de proximité. « Tout cela bénéficie du label EcoCité à l’instar d’Euroméditerranée II et l’ensemble sera totalement accessible aux personnes à mobilité réduite ». Actuellement en cours de fouilles archéologiques avec tous les vestiges du passé qui peuvent resurgir, les travaux débuteront au cours du 2e semestre 2013 et devraient être achevés début 2015. Le coût total de l’opération est de 93M€. Les financements sont assurés à 45% par la Communauté urbaine, à 35 % par le conseil général 13 et les montants restants par la Région et l’État. Le président de MPM estime qu’il s’agit d’un projet nécessaire «dans un quartier qui avait besoin de rénovation urbaine précisément à cet endroit là qui est un véritable carrefour de voies routières et avec les problèmes de parking que l’on connaît.» En effet, l’environnement du quartier va connaître des transformations. L’actuel toboggan qui défigurait le paysage sera démonté et remplacé par un tunnel souterrain. «La place de la Cabucelle va être réaménagé, tout cela va changer le paysage urbain pour les habitants, permettre à de nouveaux logements de s’installer et d’avoir ainsi des transports en commun tout près.»

«Le transport est un outil qui sert l’emploi»

Eugène Caselli rappelle que : «le désenclavement d’un quartier passe par le transport, l’emploi. Les gens qui se déplacent d’un quartier vers un autre facilement acceptent plus volontiers d’aller travailler loin de chez eux. Le transport est un outil qui sert l’emploi.» Plus qu’un nouvel équipement, il s’agit de préparer l’avenir des transports à Marseille avec un axe Nord/Sud «voué à faciliter les déplacements sur l’ensemble de la Ville, centre du territoire de la communauté urbaine.» Dans les tuyaux, il serait question du prolongement de Capitaine Gèze vers l’hôpital Nord. Karim Zéribi explique : «Pour accéder à l’hôpital Nord, il a été imaginé de passer par Capitaine Gèze, c’est un passage obligé pour évoquer le rattrapage dont Marseille Nord à besoin. On a 5 à 6 km de prolongement à faire, le coût du kilomètre du tramway en fonction de l’état de la voirie est entre 20 et 35 millions d’euros le kilomètre et pour le métro, on est entre 130 et 135 millions d’euros le kilomètre. Prolonger la ligne de métro jusqu’à l’hôpital Nord serait possible si l’on reçoit des aides de l’État à la hauteur des ambitions de la 2e ville de France.»

«C’est la synergie métropolitaine qui nous permettra d’avoir une puissance de frappe.»

Faute de métros supplémentaires, le maillage se poursuit autrement. Le président de MPM évoque des études qui viennent d’être lancées pour un tramway qui partirait de Saint-Henri, du lycée Saint-Exupéry, pour rejoindre la tour CMA au Canet. « Les collectivités sans aides massives, comme c’est le cas pour Paris ne sont plus à même de construire des métros.» Il met alors en exergue le coût des 4 stations supplémentaires construites entre la Blancarde et la Fourragère : 362 M€ sans pratiquement d’aide de l’État, ce dernier n’ayant financé l’opération qu’à hauteur de 20M€. «Le métro, c’est d’abord un projet métropolitain aidé par l’État. Au-delà des 30 milliards d’euros alloués au Grand Paris entre 2014 et 2030, – 12 milliards de l’État et le reste étant financé par les collectivités, notamment par la Région, et surtout par la taxe additionnelle, taxe prélevée sur les bureaux des sociétés du grand Paris-, c’est un projet global du Grand Paris sur le transport qui prend en compte le bassin parisien qui est de 10 millions de personnes. Il faut le comparer avec ce que sera la métropole marseillaise, 1,8 million d’habitants, on héritera, dans un cadre transport de la métropole, je l’espère, au moins 10 à 12% de ce qui a été investi à Paris. Cela nous permettrait de faire pas mal de chose. C’est la synergie métropolitaine qui nous permettra d’avoir une puissance de frappe.» A propos de la taxe additionnelle, exception parisienne voulue par le ministère des Finances, Eugène Caselli n’entend pas pour l’heure la réclamer. Il souhaite «en savoir plus et avoir tous les tenants et les aboutissants avant». Il insiste alors sur les besoins de la Ville. «Il y a des lignes de métros nécessaires aujourd’hui. Une qui doit aller de capitaine Gèze à Saint-Antoine, en passant par l’hôpital Nord ; une deuxième qui pourra désenclaver complètement la ville entre Dromel et Saint-Loup. L’enclavement est tel qu’il oblige les habitants à prendre la voiture.»

« Le choix de la rue de Rome, je ne le regrette pas »

A propos du tramway de la rue de Rome, si controversé en son temps, Eugène Caselli admet qu’«il est devenu un axe prioritaire. Si l’on veut créer l’axe Nord/Sud, qui part de Saint-Exupéry jusqu’au Canet qui passe par la Joliette et rentre dans le centre ville pour aller vers le Sud-Est de la ville, on est obligé de passer par la rue de Rome.» Il avoue à ce propos : «Le choix de la rue de Rome, je ne le regrette pas, il s’avère nécessaire. Si le tramway Saint-Exupéry est terminé en 2016 après il faudra partir dans le Sud Est de la Ville. Les gens prendront le tramway dans le Nord pour arriver dans les quartiers Sud de Marseille sans descendre» Mais, insiste-t-il : «Il faut avoir un projet métropolitain de transport. On ne peut pas demander des centaines de millions à l’État sans mettre en face un projet. Le projet existe mais il faut que la métropole se fasse. On le sait, il faut deux métros à Marseille, on sait ce qu’il faut comme tramway, on sait là où l’on doit intervenir. La métropole se crée et ensuite on négocie avec l’État »

«Nous sommes dans une échéance de rattrapage»

L’heure est au bilan pour Karim Zéribi : «On se doit de faire le bilan des investissements passés. Quand n’ont été réalisés jusqu’alors des transports en mode lourd uniquement dans l’hyper centre-ville, en superposant un tramway et un métro, on peut se dire que si l’on avait mieux utilisé les deniers publics on n’en serait pas là. Nous avons pris un retard considérable pour Marseille. L’axe Nord-Sud aurait dû déjà être fait avant que nous arrivions. Ces choix n’ont pas été faits et nous sommes dans une échéance de rattrapage. Une fois que l’on aura rattrapé ce retard ensuite, l’ambition collective que nous pouvons porter sera de relier nos territoires.»
La question du tramway d’Aubagne est soulevée. Eugène Caselli estime : «Il est toujours difficile de se mêler en l’état de la gouvernance d’autres intercommunalités et je ne le ferai pas. Il va falloir discuter avec tout le monde après parce que la métropole se fera. L’intérêt est de travailler dans le futur main dans la main.» Il conclut son propos : «Avec la métropole, on va créer dans les quelques années à venir, des emplois, les gens se déplaceront de façon plus fluide ce qui n’est pas le cas aujourd’hui pour aller d’Aubagne à Fos, par exemple.»
Patricia MAILLE-CAIRE

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