Tribune. Jean-Christophe Gruvel: ‘Le budget d’Aix-Marseille Provence ne sert pas une bonne politique et ne peut pas faire de bonnes finances’

Publié le 26 janvier 2023 à  10h22 - Dernière mise à  jour le 8 juin 2023 à  15h26

Jean-Christophe Gruvel, conseiller municipal d’Aix-en-Provence en charge de l’archéologie, conseiller métropolitain, revient sur le budget primitif de la métropole Aix-Marseille Provence. Le message qu’il adresse à la majorité métropolitaine se veut on ne peut plus clair. A ses yeux, ce budget est non seulement mauvais mais il exacerbe un climat de défiance entre les communes.

Jean-Christophe Gruvel revient via une tribune sur le budget primitif 2023 de la métropole Aix-Marseille Provence ©DR
Jean-Christophe Gruvel revient via une tribune sur le budget primitif 2023 de la métropole Aix-Marseille Provence ©DR

Contrairement aux idées admises, je ne pense pas que l’examen d’un budget soit affaire de spécialistes, ni contrairement à ce qui est écrit, dans la présentation du rapport, que son utilité se limite «à fixer les crédits de l’année en fonction des besoins des services».

Je crois au contraire que le budget sert des orientations politiques et comme le rappelait le Baron Louis sous la restauration à Louis XVIII : «Faites moi une bonne politique et je vous ferai de bonnes finances». Or, les orientations politiques, loin de ne pas nous convenir, sont totalement absentes, ce qui est plus grave.

En effet, l’argent manque, je dirais de manière ontologique : la métropole a été bâtie, sans qu’on puisse vous en faire reproche, sur une équation sans résolution, consistant à faire assumer financièrement par les communes les compétences des ex-territoires auxquelles avait été ajoutée la mise en œuvre des politiques métropolitaines ; et cela, sans aide financière de l’État.

Ce que l’on vous reproche à l’examen de ce budget, comme les précédents d’ailleurs, c’est de vous obstiner à ne pas vouloir vous attaquer aux fardeaux qui empêchent une projection sérieuse de la Métropole sur le moyen terme et nécessaires à une politique digne de nos 2 millions d’habitants.

– Vous préférez laisser filer la dette métropolitaine qui explose à plus de 3 milliards et servir un encours annuel de 320 millions, comme si la dette était une variable d’ajustement sans limite, alors qu’elle doit être appréciée selon la seule capacité de remboursement.

– Vous préférez vous accommoder d’un déficit d’exploitation systémique des budgets annexes de la mobilité et des déchets qui plombent le budget principal de 126 millions pour le premier et de 26 millions pour le second, soit 152 millions qui s’envolent chaque année.

En conséquence, la politique que vous proposez est

– d’augmenter les impôts pour 40 millions,
– d’augmenter le taux pivot de la Taxe d’enlèvement des ordures ménagères de 30 % pour un produit supplémentaire de 43 millions,
– de mener 24 millions d’économies de gestion dont on ignore précisément où elles vont s’appliquer mais dont on craint qu’elles touchent les subventions culturelles et sportives.

En contre-partie, les investissements sont en chute libre et le résultat de vos choix est inopérant, marqué par :

-Une dotation de solidarité communautaire aussi insignifiante dans son montant (22 millions) qu’injuste dans ses critères.
-Un encours de la dette du budget principal en augmentation de 92 millions et un taux d’épargne nette de 0,2 %.

Plus vous faites appel à l’impôt, plus vous nous endettez.

Ces choix financiers empoisonnent lentement mais sûrement la métropole et risquent d’entraîner dans sa chute les communes dont les budgets se réduisent et ne peuvent plus se passer des attributions de compensation, tant la métropole a profité directement depuis sa création de gains substantiels au détriment des communes les mieux gérées. Notre groupe qui a l’honneur de représenter les Aixois ne peut oublier que depuis 2016, ils ont contribué à alimenter la métropole de 55 millions de produits supplémentaires pour être amputés de 44 millions en fonctionnement et de 163 millions en investissements.

Ce budget ne sert pas une bonne politique et ne peut pas faire de bonnes finances, mais plus dangereusement, au lieu de bâtir une solidarité juste et partagée entre nous, il exacerbe un climat de défiance entre les communes dont l’autofinancement avait été patiemment construit et celles dont le niveau d’épargne était faible.

«Gardez vous de demander du temps, le malheur n’en accorde jamais», Mirabeau à l’assemblée constituante.
Il aurait été bon que ce budget propose un réel changement, tant les circonstances sont graves pour nous tous et que le temps presse ; hélas, tel n’est pas le cas.

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