Publié le 18 novembre 2020 à 8h06 - Dernière mise à jour le 4 novembre 2022 à 12h47
Le hasard fait bien les choses. Il y a quelques jours, je lisais dans une publication un fragment du discours de Victor Hugo sur l’idéal républicain associé à l’enseignement. J’ai retenu de mémoire que l’instruction publique partait de la base, de la plus petite école pour conduire l’élève travailleur et méritant jusqu’au sommet, c’est-à-dire au Collège de France, ou encore à l’Académie française. L’échelle de la connaissance est, ce qu’on appelle aujourd’hui l’ascenseur social.
Homme du XIXe siècle, celui de Jules Grévy et de Jules Ferry dont il fut le contemporain majeur, Victor Hugo a cette formule magnifique que j’ai notée et qu’il me plait de vous livrer : « L’école, disait-il, c’est le cœur du peuple avec le cerveau de la France.» Autant dire aux élèves que tous les espoirs leur sont permis. Car l’école leur apprend non seulement à lire, à écrire et à compter, mais aussi à ouvrir leur esprit à de vastes horizons. Ils ont la chance de bénéficier de l’enseignement des enseignants, fortement motivés pour la cause de l’école et le souci de faire réussir leurs élèves. Ces maîtres pérennisent l’institution scolaire héritée de la révolution de 1789, en sachant qu’à l’époque les législateurs pensaient à juste titre que le développement intellectuel des enfants n’allait pas à l’encontre de l’égalité. Ces enfants de 6 à 11 ans étaient fils de paysans et d’ouvriers. Beaucoup ont réussi dans leurs études et assumé de brillantes fonctions. Pour nos jeunes, ce sont autant de modèles auxquels ils peuvent s’identifier.
L’école est un des remparts, sinon le plus efficient qui préserve des maux de notre société et des glissements identitaires de nos générations «melting-pot». Les élèves commencent ici à se former intellectuellement, à s’éduquer quant aux règles du «vivre ensemble», à accepter l’Autre dans sa différence, et à acquérir une culture républicaine qui est l’antidote contre toute dérive idéologique, qu’elle soit de nature politique ou théologique.
La communauté nationale est le lieu où se tisse la cohésion sociale
En nommant les choses par leur nom, l’école les appelle à refuser toute forme de rupture qui s’apparenterait à une scission. Nous devons, d’un même élan et sans faiblesse nous opposer à toutes les formes de radicalité, parce que la communauté nationale est le lieu où se tisse la cohésion sociale. La communauté nationale est le rassemblement de tous, sans exception, l’étymologie nous rappelle que «communauté» veut dire communauté de vues et identité commune dans la manière de penser. Sans discriminer, stigmatiser quiconque, les composantes de la nation française dans leur très grande majorité sont respectueuses des lois, il s’agit de préserver la France, et de nous protéger de tout danger de dislocation. Dans la république, chacun est lié aux autres dans le partage des valeurs communes. Lorsqu’on choisit de vivre en France, c’est un choix fort que l’on fait. Vouloir la France c’est accepter de s’y fondre et non de constituer un corps étranger qui l’handicape. Tous les citoyens attachés à leur pays ne peuvent tolérer une telle situation : d’un côté un creuset culturel majoritaire, de l’autre des scissions communautaires orchestrées par des individus qui, en se revendiquant étrangers à l’ordre social, s’ingénient à en créer un nouveau. «Un projet conscient, théorisé, politico-religieux, qui se traduit souvent par une contre-société», selon le chef de l’État qui prononçait récemment un discours sur ce thème. Une contre-société où les enfants endoctrinés sont déscolarisés et où les activités du corps et de l’esprit sont communautarisées sur la base de principes contraires aux lois de la République. Aimer la France, c’est la vouloir, non pas à moitié mais totalement : en parlant sa langue, en s’imprégnant de sa culture, en adoptant ses us et coutumes, son universalisme, sa laïcité. Comme le disait le président de la République, «la laïcité c’est le ciment de la France unie. Quelle que soit notre religion ou pas, le devoir est de respecter les lois en vigueur sur l’ensemble du territoire.» Les générations d’enfants qui bénéficient des enseignements de la République et de ses valeurs doivent se persuader que seule l’école transmet les savoirs et seule l’école est le creuset des futurs citoyens appelés à participer à la vie de la Nation.
Bruno Benjamin est le président du Conseil Représentatif des Institutions Juives de France (Crif) Marseille-Provence