Tribune de Bruno Gilles. « Répondons par l’union et un grand plan économique à la crise du Covid-19 »

Publié le 2 avril 2020 à  13h43 - Dernière mise à  jour le 4 novembre 2022 à  12h47

Bruno Gilles (Photo Robert Poulain)
Bruno Gilles (Photo Robert Poulain)

Cette crise du Covid-19 nous inquiète tous. Elle en angoisse beaucoup. Et c’est normal. Nous sommes nombreux à rester confinés à notre domicile. Je tiens à remercier et à encourager celles et ceux qui respectent scrupuleusement les consignes. Je regrette cependant le flou de l’Elysée et du gouvernement. Nous menons une guerre contre un virus et le pays a besoin d’une direction. Pour l’instant, je ne la vois pas. Beaucoup de polémiques, d’atermoiements, un manque de clarté où l’on exige de la population de rester chez soi mais où l’on permet de sortir une heure avec pour seul gage de notre bonne foi, un papier imprimé. Nous attaquons la 3e semaine de confinement. Quatre points cardinaux doivent nous guider : être humble car personne n’a vu ou voulu voir venir cette crise. Être solidaire car personne n’a vraiment une réponse toute faite à l’ensemble des problématiques que posent ces crises sanitaire et économique. Être utile car c’est par l’action que nous en sortirons plus forts. Et, enfin, être fraternel.
Car nous sommes tous confrontés à cette pandémie partout dans le monde, que nous soyons puissants ou misérables, pour reprendre la maxime de Jean de la Fontaine. À Marseille, les choses ont mis du temps à se mettre en place. Étions-nous prêts à affronter une crise d’une telle ampleur ? Il faudra y répondre, après. Quand je vois, comme vous, les files d’attente qui s’allongent chaque jour devant l’IHU du professeur Raoult, je suis en droit de m’interroger. Les gens ont peur et veulent un dépistage. Les gens ont peur et veulent des masques. Il va pourtant nous falloir être patients. Seuls les spécialistes peuvent répondre et nous donner la marche à suivre. Écoutons-les et cessons de polémiquer. Chacun doit rester à sa place. Humblement, mais efficacement. Félicitons-nous de chaque guérison. L’heure n’est pas à la communication mais à l’union. Nous sommes certes entre les deux-tours d’une élection municipale qui est largement passée en arrière-plan. D’ailleurs, le sommes-nous vraiment, à l’entre deux-tours ? Nous ne le saurons que dans quelques semaines.

Nous avons tous besoin d’avancer dans le même sens pendant la durée de cette crise.
C’est formidable d’applaudir les personnels soignants tous les soirs. Mais cela ne suffit pas. Nous, responsables politiques, devront apporter les réponses adéquates et mieux choisir, collectivement, nos priorités. Cette alerte de la nature, y en aura-t-il d’autres pour que nous comprenions enfin ? Des mesures sanitaires sont en cours. On désinfecte les rues de Nice, de Cannes… Celles de Marseille également, mais avec plus de parcimonie. Nous devons collectivement aller plus loin, plus vite. Je demande à ce que les abords des lieux recevant du public, comme les hôpitaux, les cliniques, les Ehpad, les casernes de pompiers, les commissariats, les mairies de secteur, soient désinfectés. Il en va de la sécurité de tous et notamment de celles et ceux qui assurent le suivi du service public. Au-delà de la crise sanitaire s’annonce une crise économique et sociale de grande ampleur. Je pense à la population de Marseille, je pense à ces gens qui ne peuvent pas travailler. Je pense à l’isolement. À la solitude de beaucoup.
Les soignants, les personnels de sécurité, les marins-pompiers, les caissiers, les livreurs, les éboueurs, etc., tous ces gens sont là pour travailler et faire perdurer un semblant de vie ordinaire. Les enseignants sont derrière leurs ordinateurs et font étudier nos enfants. Les professions les plus précaires de notre système sont aussi au premier rang de cette crise. Merci à tous. Et puis il y a toutes ces professions à l’arrêt : la restauration, l’hôtellerie, le tourisme, les commerces, les artisans, les entreprises, les artistes, les clubs de sport, les professions libérales… Nous ne pourrons pas ne pas les accompagner une fois la crise sanitaire passée. Le pays tout entier devra être mobilisé. Marseille devra se mobiliser. J’ai pris connaissance du plan régional d’urgence, de solidarité et de relance, plan d’un montant de 1,4 milliard d’euros. Une large majorité de ce montant sera dédié à la relance de notre économie locale. Ce sera sans conteste une nécessité. Je remercie et félicite Renaud Muselier, président de la Région Sud, d’avoir pris la mesure de l’urgence.

Marseille, son économie, sa population auront besoin de toutes les volontés pour très vite dépasser ce moment historique et dramatique que nous subissons tous. Mais au-delà de ces questions cruciales se posera la question de notre avenir commun. Nous ne pourrons plus faire comme avant. Être complice, par dogmatisme, par ignorance, par lâcheté, par désinvolture, par indifférence. Marseille aura besoin davantage encore d’inventivité, de solidarité et de solidité. «Au mal absolu, on ne peut répondre que par la fraternité », a dit un jour André Malraux à Geneviève Anthonioz-De Gaulle. À l’inconnu et à l’imprévisible, répondons par l’anticipation et la responsabilité. Répondons par l’union et la dignité. Répondons par du concret et de la fraternité.

Bruno Gilles est sénateur candidat sans étiquette aux élections municipales de Marseille

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