Tribune de Caroline Gora. Violences faites aux femmes : une charte engagée pour en finir avec cette barbarie

Publié le 6 mars 2021 à  9h08 - Dernière mise à  jour le 4 novembre 2022 à  12h47

Elles se nomment Cynthia, Gwendoline ou encore Fathia et Nathalie. Leurs histoires sont tissées de violences. Toutes, sans exception, possèdent ce regard particulier, sorte de stigmates invisibles laissées sous la chair et la peau. Toutes ont subi l’enfer. La prison domestique. Les humilations et les coups d’un soi-disant « conjoint ».

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Gwendoline, par exemple, cache sa douleur sous de longs cheveux très blonds. Réfugiée « quelque part », elle quitte un soir d’automne son « dernier domicile connu ». Probablement mue par un instinct de survie, elle est, sous la pluie, avec un petit animal et deux minuscules valises entre les bras… « Gwendo » abandonne alors 5 années de sévices : contrôle du téléphone, des vêtements, des relations amicales et même, de la façon de parler. Puis vinrent les coups, brutaux, invariablement suivis par des demandes de « pardon ». Une « emprise » de type sectaire, laissant la jeune femme avec des grandes plaies ouvertes.

La question des violences faites aux femmes est un enjeu de civilisation. Depuis plusieurs années la parole se libère et les témoignages affluent. Une prise de conscience, salutaire, traverse la communauté nationale. Gouvernement, citoyens, associations et société civile, unissent ainsi leurs efforts pour en finir avec cette barbarie moderne.

L’association Égali-terre, appelle en ce sens, à une action au plus près du terrain. Les services publics et les collectivités territoriales ont un rôle majeur à jouer. Nous pensons, en effet, que l’échelon local demeure l’espace le plus efficace pour agir. La lutte contre ces violences doit s’inscrire au cœur des politiques publiques. L’objectif étant l’émancipation, c’est-à-dire la capacité pour les femmes à mener une vie digne, libre et autonome.

Voilà pourquoi nous avons pris l’initiative de rédiger un texte, dit « La charte engagée », à destination des collectivités territoriales, des élus et des candidats aux futures élections.

Le dispositif que nous proposons se résume en 3 grands points : prévenir et détecter. Agir et accompagner. Émanciper.

Nous avançons, en conséquence, une large batterie de mesures : détection des signes avant-coureurs, libération de la parole des femmes et des jeunes filles, accompagnement juridique, création d’une délégation spécifiquement dédiée aux violences faites aux femmes, établissement d’un réseau de collectivités « zéro violence», vaste plan de formation, personnes ressources dans les collectivités, dossier administratif unifié « autonomie », sensibilisation par la culture et l’éducation.

Lorsque, dans l’urgence , une femme en détresse a besoin d’une prise en charge immédiate, il est du devoir des collectivités territoriales et de la société civile de s’engager.

Lorsque, comme Gwendoline, une femme a besoin d’être accompagnée afin de se reconstruire, il est encore du devoir des collectivités territoriales et de la société civile de s’engager.

Notre ambition est claire : créer, par la signature de la Charte, un réseau de collectivités territoriales, investi dans un processus « zéro violence »! Élus, candidats, collectivités territoriales ! Engageons-nous pour faire cesser ces drames !

Caroline Gora est millitante féministe et laïque. Présidente de l’association Égali-Terre.

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