Tribune de Fabrice Alimi: « Il faut que le peuple de Marseille donne sa chance à la folie »

Publié le 25 septembre 2019 à  8h43 - Dernière mise à  jour le 4 novembre 2022 à  12h47

Les élections municipales approchent et, à Marseille, le flou est toujours aussi grand avec, tapie dans ce brouillard, une menace qui ne cesse de grandir. Dans un monde qui change on ne peut que déplorer le peu d’imagination politique à Marseille. Quelle vision, pour quels dossiers, avec quels partenaires ? Quid de la société civile ? Dans le même temps en rester à ce constat serait trop facile et déjà vu. Alors quoi ? Il importe d’arrêter d’être des consommateurs du politiquement correct et de devenir des citoyens actifs, engagés. Une piste se dessine avec des forces économiques qui doivent se révéler, mettre en avant leurs attentes, leurs talents, leurs solutions.

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Le moment est largement venu de mesurer à quel point notre jeunesse n’est pas tant en quête de sécurité qu’en quête de sens. Sait-on à ce propos que 70% des CDI rompus lors de la première année le sont du fait des salariés. C’était impensable voici quelques années. L’entreprise, quelle que soit sa taille, est devenue le terreau des révélateurs de talents, le lieu de tous les possibles. Avec des entreprises qui sont de plus en plus nombreuses à disposer d’espaces de bien-être. Le deal gagnant-gagnant est très clair: plus un salarié se sent bien, plus il trouve du sens à son travail, plus il est efficace et, plus longtemps il restera. Pour autant, je n’oublie pas qu’il y a aussi toute une partie de la société qui considère la question de la sécurité comme centrale, parfois vitale. L’entrepreneuriat et l’inclusion sont donc deux piliers essentiels pour favoriser une société harmonieuse. Et c’est parce que l’on offre de l’innovation que l’on apporte de la sécurité. Et non dans un passé réécrit et un repli qui n’est en rien sécuritaire mais mortifère. Dans un monde en pleine mutation il importe d’être agile pour s’adapter et, de tout temps, le monde économique a appris à l’être, y compris de vieilles entreprises. En politique aussi un besoin d’innovation se fait sentir. Lorsque l’orage est là, le plus mauvais réflexe est de s’abriter sous un arbre. Lorsque l’orage politique arrive le plus mauvais réflexe serait, le vote en faveur du RN. Il ne prépare en rien demain mais plutôt des lendemains qui déchantent.

«On peut vivre au présent en se nourrissant du passé pour construire demain»

On peut classer les humains en trois catégories, surtout en période de crise, ceux qui vivent au passé, ceux qui vivent au présent et ceux qui se projettent dans l’avenir. Je suis pour ma part convaincu que l’on peut vivre au présent en se nourrissant du passé pour construire demain. Aussi, j’appelle le monde de l’entreprise -qui sait capitaliser sur ses valeurs en vivant l’actualité tout en se préparant à affronter les challenges à venir- à se mobiliser pour le demain de cette ville… et demain, c’est déjà aujourd’hui. Marseille, deuxième ville de France, mérite un engagement profond, mérite le meilleur. Le monde économique a donc le devoir absolu de s’engager pour porter haut cette ville. Et, lorsque je parle du monde de l’entreprise je ne parle pas particulièrement du patronat mais plutôt de l’ensemble de l’écosystème, des patrons, des salariés, des organisations syndicales. J’en appelle à la cohésion, à l’intelligence collective. Cela suffit d’attendre la bonne parole, le Messie, le chef. Nous avons tous les ingrédients pour permettre le renouveau de cette ville, lui redonner une place phare. Nous avons tous la fierté légitime d’être Marseillais. Nous devons nous considérer chacun comme étant le chef de quelque chose, porteur d’espoir, de renouveau. Pour ce faire, nous avons besoin de mettre en commun nos idées, nos talents, nos visions. Créer des Hub pour partager, nous améliorer, mesurer l’impact… Nous sommes riches de nos différences, forts de nos valeurs. Nous sommes la Ville en France qui créait le plus d’entreprises, mais cette réalité n’est guère visible, on ne le mesure pas suffisamment. Nos politiques doivent en conséquence regarder avec bienveillance toutes ces énergies et différences qui forment ce grand puzzle et les associer à la construction de demain. L’heure est venue pour nous de prendre des risques. Si on ne prend pas le risque de déclarer sa flamme point d’histoire d’amour ; si on ne prend pas le risque de faire confiance à ses enfants on ne leur permet pas de grandir. La vie est ainsi, une succession de risques. Il faut accepter, intégrer le droit à l’erreur. Il faut que le peuple de Marseille se donne le droit à la folie. En partant d’un socle: l’être humain a besoin de deux jambes pour marcher : la première c’est l’amour et cela comprend la famille, les amis, l’empathie et la seconde c’est le travail qui donne un sens, une colonne vertébrale, une cohérence à la vie. Sans ces deux éléments on ne peut avancer. Et nous avons le devoir de permettre à tout un chacun de marcher sur ses deux jambes.

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