Tribune de Jean-Marc Coppola: Le fait des Princes ou le choix du Peuple de Marseille ?

Publié le 25 juillet 2019 à  10h28 - Dernière mise à  jour le 4 novembre 2022 à  12h47

Destimed arton10379

A moins de huit mois des municipales, Marseille est au cœur des spéculations politiques dans le camp des libéraux, à droite et En Marche, pour trouver un successeur à Jean-Claude Gaudin. Ainsi en plein été, le maire de Marseille, qui a réaffirmé qu’il ne repartirait pas pour un cinquième mandat, place ses filleuls, Martine Vassal et Bruno Gilles, et tente de convaincre Emmanuel Macron de faire une alliance LR/LREM dès le premier tour, le 15 mars 2020. Le Président de la République préfère, lui, décider du meilleur candidat pour défendre localement sa politique destinée aux hyper-riches.

C’est ainsi que certaines «personnalités» se retrouvent propulsées sur la scène médiatico-politique chacune en avançant ses «qualités». Yvon Berland, proche de Jean-Claude Gaudin, valorise sa gestion des universités pour faire rentrer Marseille dans la «Champion’s league» des villes européennes, Johan Bencivenga, le patron local du Medef est approché par Emmanuel Macron en personne, Saïd Ahamada, député des quartiers Nord, candidate de son côté sans dire un mot de ses votes parlementaires d’allégeance à la politique réactionnaire et de régression sociale de ce gouvernement et sans présenter le bilan de son action pour Marseille puisqu’il est inexistant.

Le point commun de tous ces prétendants au trône municipal, c’est qu’aucun ne parle de la vie des Marseillaises et des Marseillais, dont la plupart vit la double peine des politiques nationale et municipale, caractérisées par le libéralisme, l’autoritarisme et l’austérité. Aucun ne parle d’intérêt général et d’ambition de sortir la deuxième ville de France de l’abîme des inégalités, de la pauvreté et des discriminations en tout genre.

Tout cela apparaît bien comme une compétition de personnes qui veulent d’abord le pouvoir pour des intérêts personnels et qui veulent aussi donner des gages aux grands groupes privés industriels et financiers, à qui la droite a déjà donné pendant vingt-cinq ans toutes les clés de la municipalité pour accroître leurs profits avec comme conséquences des retards dans tous les domaines, un recul de l’action publique et des vies meurtries.

Un triste spectacle qui enfonce encore un peu plus la politique et les élu-e-s sans distinction dans les tréfonds que rejette la majorité des concitoyennes et des concitoyens pour nourrir une abstention préoccupante qui fait le jeu de l’extrême droite porteuse de l’ultralibéralisme, de haine, de violence, de division et de restriction des libertés. Pour autant à moins de huit mois des municipales, personne ne peut dire si triomphera le fait des Princes Gaudin et Macron ou au contraire si un élan citoyen viendra brouiller les scénarii à l’œuvre.

En effet pour la première fois dans l’histoire contemporaine de Marseille, et parce que la tragédie de l’effondrement des immeubles de la rue d’Aubagne du 5 novembre 2018 a agi comme une prise de conscience collective, des Marseillaises et des Marseillais ont décidé de prendre leur avenir en mains. Des collectifs et des mobilisations citoyennes, sur l’habitat indigne, sur le saccage des espaces publics, sur l’incurie de gestion des écoles, sur les transports publics d’un autre âge…se rassemblent, se parlent, convergent et décident de se mêler de politique dans le sens noble du mot, pour mettre un terme à une certaine pratique de la politique éloignée des préoccupations et des attentes sociales, pour dessiner une ville égalitaire, heureuse, rayonnante, accueillante.

Ce pourrait être la bonne surprise de cette élection municipale, avec la construction citoyenne et politique d’un rassemblement autour d’un projet avec toutes les forces de gauche, progressistes, écologistes disponibles pour que la dignité et l’égalité des droits pour toutes et tous soient retrouvées. Un projet qui permette principalement un toit pour tous, une école du 21e siècle, des transports collectifs pour une mobilité écologique, sûre et permanente, la sûreté assurée dans le respect de l’article 2 de la déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789, une politique culturelle favorisant la création et la diffusion au plus grand nombre, des espaces et des biens publics retrouvés, une gestion démocratique, transparente et décentralisée de la municipalité en associant en amont des décisions les habitantes et les habitants…

C’est tout le sens de l’appel pour un «Mouvement Sans Précédent» lancé le 11 juillet dernier qui a déjà le soutien de plusieurs milliers de Marseillaises et Marseillais et de personnalités du monde associatif, syndical, culturel et politique. Un appel dans lequel doivent se retrouver, dans les formes et les modalités qui leur conviennent, d’autres collectifs et mobilisations citoyennes à l’œuvre à Marseille, à l’instar des « États Généraux de Marseille», en vue de bâtir une majorité populaire pour changer la ville. Les Marseillaises et les Marseillais ne doivent pas laisser passer cette chance unique qui leur est proposée ! Ils doivent se saisir de cette dynamique, de cet espoir, pour qu’enfin Marseille devienne ce qu’elle devrait être, une ville où toutes et tous seraient heureux d’y vivre.

Pour conclure. Si l’été est caniculaire, la rentrée le sera tout autant côté politique avec un affrontement inédit entre d’un côté la recherche par quelques uns d’un pouvoir monarchique pour poursuivre la sale besogne du Maire actuel qui a produit plus d’inégalités sociales et territoriales et de l’autre la mise en mouvement d’une dynamique populaire qui dans les urnes pourrait sonner comme la fin d’un calvaire pour la majorité du peuple de Marseille. Que celles et ceux, parmi les responsables politiques censés défendre les biens communs et une certaine éthique de la politique et, qui n’ont pas encore choisi leur camp ne se trompent pas d’intérêt et le décident rapidement.

Jean-Marc Coppola est conseiller municipal PCF

A lire aussi du même auteur
Municipales de 2020 à Marseille : Les grandes magouilles ont commencé
Le logement à Marseille : non assistance à personnes en danger
Vivre dignement à Marseille, une urgence à arracher !
Marseille n’est plus à vendre, ni à prendre

Articles similaires

Aller au contenu principal