Tribune de Mohamed Laqhila, député des Bouches-du-Rhône : Contractions

Publié le 17 août 2022 à  7h58 - Dernière mise à  jour le 8 décembre 2022 à  16h08

Tout entier à contenter nos contemporains nous avons déjà perdu de vue l’action immédiate et indispensable à mener, conséquence de la contraction du temps qu’impose le dernier rapport du GIEC. Seulement trois ans pour réussir la décarbonation massive de nos activités pour la génération qui subira en premier les conséquences du dérèglement climatique.

Mohamed Laqhila, député des Bouches-du-Rhône (Photo Destimed/RP)
Mohamed Laqhila, député des Bouches-du-Rhône (Photo Destimed/RP)

Je suggère à l’Assemblée nationale, dépoussiérée de ses outrances, de cette nouvelle fureur ridicule, de s’y atteler en s’obligeant à la prudence pour budgétiser 2023 dans un avenir économique que je juge incertain.

Beaucoup ont opposé fin du mois à fin du monde et c’est dans ce paradoxe que le «en-même temps» doit donner les moyens de notre consommation matérielle et culturelle, tout en exigeant de chacun les efforts nécessaires à l’investissement pour la préservation du climat.

Sorties du chaudron à palabres que sont devenus nos parlements, j’ai relevé trois idées dominantes des débats actuels : la taxation des superprofits, la régulation de l’immigration, la dépendance énergétique par le nucléaire.

Chaque camp, majorité ou opposition, avance sa solution en oubliant la réduction du temps qui nous est impartie par l’état de notre monde. Il nous faut décider vite et ensemble. C’est ce que j’appelle «les contractions antagonistes».

Contraction des intérêts État/monde économique pour assurer la pérennité des entreprises en période de mutations technologiques, soutenues par les réglementations qu’impose le gouvernement. Dans l’histoire des marchés, les profits conjoncturels sont toujours réinvestis dans l’innovation, au détriment du capital. Le réflexe français de taxation de ceux qui réussissent ne tient pas devant l’analyse pragmatique du devenir de ces profits. Rien ne sert de taxer. Les grands groupes financent les transitions pour leurs bénéfices futurs ; il faut continuer de rendre la France attractive pour faire en sorte d’attirer les investissements sur le territoire et donc de ne pas taxer.

Contraction des valeurs républicaines dans cette idée d’arrêter toute immigration. Je ne m’étends pas sur la dimension morale du traitement des travailleurs immigrés, pour souligner uniquement la dépendance économique de la France à cette main-d’œuvre étrangère, d’autant plus précieuse pour réussir la réindustrialisation promise.

Contraction des actions par la décision historique de notre Président orientant l’investissement sur la construction de centrales nucléaires, assorti à la nationalisation totale d’EDF, mettant un terme aux atermoiements de ces dernières années. Un État pilote d’un projet industriel visant à la décarbonation et à l’indépendance énergétique, capable de réalisations concrètes, drainant formation et emploi pour notre jeunesse, accélérant les investissements privés dans les énergies renouvelables par les acteurs des énergies fossiles. Tout un programme.

En regagnant ma circonscription, teintée du jaune paille des champs desséchés par la canicule, je pense à cette vision politique de faire enfin nation, d’œuvrer ensemble, de se fédérer autour d’un objectif commun. Je pense à la notion d’intérêt général que l’on pourrait appeler «contraction des volontés»

[(Mohamed Laqhila -MoDem- est député des Bouches-du-Rhône, vice-président de la commission des finances et expert-comptable – commissaire aux Comptes. )]

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