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Tribune du Pr. Hagay Sobol - Lutte contre le terrorisme, le prix à payer : celui de la vérité !
mercredi 20 juillet 2016
Le terrorisme « aveugle » vient une fois de plus ensanglanter la France. Comme à chaque fois, submergés par une émotion bien compréhensible, nous cherchons des responsables. Chacun énonce les manquements et les solutions « évidentes » qui depuis des lustres auraient dû être mises en œuvre. Mais, si cela était aussi simple, ce ne serait pas une menace globale et ces mesures auraient déjà été appliquées. En réalité, nous payons aujourd’hui au prix fort un déni collectif, celui d’un mal qui nous ronge de longue date, l’islamisme. Dans cette lutte contre la barbarie et pour notre survie, la route sera longue et difficile. Et, pour vaincre nous ne pouvons aller désunis à la bataille.
Tous responsables
Il ne faut pas se laisser aveugler par la haine en désignant des boucs émissaires tout trouvés, où viennent en tête de liste, les élus taxés de laxisme et d’incompétence, les musulmans dans leur ensemble et les étrangers en général. Car, il est plus aisé d’accuser que de voir la vérité en face. La responsabilité de la situation actuelle est partagée. Elle incombe en tout premier lieu aux assassins qui prônent le djihad, les idéologues comme leurs bras armés !
Cependant, une majorité d’élus, au nom d’un politiquement correct incompréhensible, n’a pas voulu nommer le mal, ceux qui instrumentalisent une religion, l’islam, à des fins de pouvoir et de conquête. D’autres, avec des arrières pensées électoralistes, ont « caressé dans le sens du poil » les radicaux, tolérant un discours de haine. Et enfin, ne sont pas exempt de reproches, loin s’en faut, ceux qui, alors qu’ils étaient aux commandes, n’ont pas appliqué les solutions miracles qu’aujourd’hui ils prônent en vilipendant le gouvernement. Ces postures discréditent le monde politique et jettent les électeurs dans les bras d’un autre extrême. Il est désormais grand temps de dire la vérité, et de la dire d’une seule voix. Car la lutte contre le terrorisme n’est pas un sujet de politique politicienne.
Mais cette vérité doit également être entendue pour ce qu’elle est, par les électeurs. Car les élus ne sont jamais que l’expression d’un choix qui sort des urnes, pas une vue de l’esprit. Les citoyens doivent admettre le fait que la lutte sera d’autant plus rude que l’ennemi est impitoyable. Et le prix à payer sera très élevé.
Le profil des terroristes a changé
Dès 2012, j’écrivais qu’il fallait tout faire pour éviter que les « loups solitaires deviennent des loups solidaires », en m’insurgeant contre la qualification hâtive de l’auteur des attentats de Toulouse et de Montauban. Ce qui est à l’origine de mon engagement politique et qui me valut par la suite d’être auditionné par la commission d’enquête de l’Assemblée Nationale sur les filières et les individus djihadistes.
Désormais nous y sommes. A côté des filières de djihadistes aguerris exigeant une logistique, des compétences, et une préparation minutieuse, il y a une menace d’une autre nature et imprévisible. Celle représentée par ces « loups solitaires » et autres « déséquilibrés » qui pour la plupart s’autoradicalisent via internet. S’ils définissent eux-mêmes leurs objectifs, ils participent authentiquement à un plan d’ensemble conçu par les théoriciens du djihad. Il suffit pour s’en convaincre de consulter la propagande de Daesh. Comme ils agissent en dehors des filières traditionnelles, ils sont excessivement difficiles à identifier avant le passage à l’acte.
D’autre part, loin des clichés, les terroristes ne se recrutent pas exclusivement dans une catégorie ethnique ou sociale. D’Hervé/Djamel Loiseau mort en Afganistan en 2001 jusqu’aux attentats de Paris en 2015, avec Fabien Klein, ils sont nombreux à ne pas correspondre à ce stéréotype que certains propagent pour mieux nous tromper et nous monter les uns contre les autres. De même que la précarité ou la détresse sociale ne peuvent, à elles seules, expliquer ce cheminement. Les auteurs des attentats du 11 septembre 2001 ou plus récemment de Dacca au Bangladesh étaient diplômés et issus de la classe aisée.
Des mesures à la hauteur du danger
Tous les moyens avaient été déployés pour que l’Euro2016 se passe pour le mieux. Il suffisait d’attendre…
On comprend dès lors que ce ne sont pas des « mesurettes » qui pourront enrayer ce processus implacable et d’échelle planétaire. Il faut au contraire mettre en place une logique de système intégré et coordonné, non seulement au niveau national, mais au niveau européen et mondial, avec un partage des renseignements, du savoir-faire et des ressources. Et les besoins sont énormes. Imaginons simplement le temps et les structures nécessaires pour former des personnels compétant devant assurer les missions qui leur seront confiées.
Si dans cette lutte existentielle, le cloisonnement est un obstacle, par symétrie, il ne peut donc exister un bon et un mauvais terrorisme. Celui que l’on combat et celui que l’on tolère. Car le justifier ailleurs revient à l’accepter chez nous.
De même, il est illusoire de penser qu’en négociant avec les groupes ou États terroristes, ils seront nos alliés, ou que cela évitera la mort de « Français innocents ». Les islamistes qu’ils soient sunnites ou chiites, ont leur propre agenda et dans tous les cas de figure, il y a un retour de boomerang. L’histoire l’a amplement démontré.
Tous unis contre la barbarie !
Plutôt que de se renvoyer les uns les autres la responsabilité du carnage de Nice, nous n’avons d’autre choix que celui de l’unité. C’est ensemble que nous vaincrons et c’est divisés que nous perdons. Montrons à ceux qui ont juré notre perte qu’en nous frappant un 14 juillet, ils ne nous ont pas mis à terre mais qu’ils ont renforcé notre détermination. Car cette commémoration nationale est une fête de combat contre la tyrannie, contre tous les totalitarismes qu’ils soient politiques ou religieux.
Hagay Sobol est Professeur des Universités. Cancérologue généticien, il est un des pionniers de la discipline en Europe et cofondateur du nouveau métier de Conseiller en Génétique. Il a occupé des fonctions de responsabilité nationale et internationale.Très investi dans le monde associatif, il milite pour le dialogue interculturel. Elu, il est Conseiller PS dans les 11e et 12e arrondissements de Marseille, et Secrétaire Fédéral chargé des coopérations en Méditerranée
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Messages
la démocratie ? un grand malade. Unité nationale ? une illusion d’optique, 20 juillet 2016, 17:12, par gabriel levy
Le "moins mauvais des régimes" n’est pas près de guérir de ses tares congénitales - à en juger par :1) les propos indécents tenus par les politicards de droite
2) la lenteur et la mollesse des réactions de la gauche et du gouvernement à ces flots indécents de démagogie éhontée proférés par les Sarkozy,, Estrosi , Ciotti voire Juppé et Fillion.
3) les sondages "d’opinion" (sic) révélant qu’une large majorité trouve que les critiques à l’égard de ce que font ou ne font pas le autorités en matière de défense des populations et de lutte contre la peste du terrorisme sont justifiées .
Ceux qui prétendent , et avec quel aplomb -consterné ou véhément- qu’ont peut éviter les attentats aveugles devraient en fait être poursuivis pour non assistance à population en danger : ILS SOUS ENTENDENT DONC SAVOIR COMMENT FAIRE .... MAIS N’EN DISENT RIEN !!!...., tout en affirmant que le risque 0 n’existe pas... Et qu’ont ils fait de mieux lorsqu’ils étaient aux affaires ?????
L’unité nationale n’est malheureusement qu’une utopie dans le paysage sociologique et politique français, au mieux un "wishfull thinking" comme disent les anglosaxons.
Lutter contre la barbarie ne garantit en rien qu’il n’y aura plus d’attentats. Même les mesures les plus totalitaires (suivez mon regard famille Le Pen) ne le peuvent pas.Même la "démocratie" ne peut pas rendre "l’opinion" plus clairvoyante. ALORS FAISONS COMME LES ISRAELIENS , RESTONS VIGILANTS ET AUSSI EFFICACES QUE POSSIBLE ;
Tribune du Pr. Hagay Sobol - Lutte contre le terrorisme, le prix à payer : celui de la vérité !, 21 juillet 2016, 08:01, par langeron
Témoignage pertinent, mais il manque la dimension géopolitique ; nous sommes aussi le réceptacle des conflits du Moyen-Orient. Donc que faisons-nous par exemple avec l’Arabie Saoudite et le Quatar, ces deux Etats-voyous qui financent largement le jihadisme via le salafisme ?
Tribune du Pr. Hagay Sobol - Lutte contre le terrorisme, le prix à payer : celui de la vérité !, 21 juillet 2016, 15:20, par Hagay Sobol
Cet article n’avait pas pour vocation de traiter de géopolitique, car ce sujet par ailleurs largement abordés dans mes autres Tribunes dans les mêmes colonnes.
Par ailleurs, il faut également se méfier des raccourcis. Si des saoudiens sont bien impliqués dans le soutien ou participent directement au djihad, il n’a jamais été prouvé que le pouvoir ait un lien direct. Cela a été confirmé par des documents liés aux attentats du 11 septembre rendus publiques. A contrario, il est de cuisants exemples où les occidentaux ont instrumentalisé ou négocié avec des extrémistes au nom de la doctrine « les ennemis de mes ennemis sont nos amis » ou pour éviter des attaques sur leur sol. On a vu le résultat…
Enfin, à force de nous focaliser sur les réseaux, on oublie ce nouveau mal, les individus de toutes origines et toutes classes sociales qui se radicalisent via internet, parfois en un laps de temps très court. Actions solitaires, mais pions réels d’un échiquier où le jeu est murement pensé ailleurs par les théoriciens du djihad.
Si pour les réseaux organisés il existe des parades qui ont fait leur preuve, pour « les loups » solitaires tout reste à faire.
Tribune du Pr. Hagay Sobol - Lutte contre le terrorisme, le prix à payer : celui de la vérité !, 21 juillet 2016, 15:24, par Hagay Sobol
Gabriel Levy,
Bien d’accord avec vous, le monde politique, heureusement pas dans son ensemble, n’a pas donné le bon exemple en s’entredéchirant sur un sujet qui ne devrait pas faire l’objet de querelles politiciennes.
C’est la raison pour laquelle, la société civile devrait massivement s’engager en politique pour faire évoluer les partis et qu’ils soient plus à l’écoute des citoyens.
Mais il faut également que les électeurs croient à toutes les promesses électorales qui ne vivent que le temps d’un scrutin.
On n’a rien sans rien !
Sommes-nous prêt à payer le prix d’une politique réaliste ? Telle est la question !