Tribune littéraire d’Eric Delbecque: « Méditer de Gaulle : le chemin d’une révolution ! »

Publié le 30 décembre 2016 à  19h17 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  15h47

J’ai enfin pris le temps de lire l’ouvrage consacré par Yves de Gaulle à son grand-père, édité par les éditions Plon à l’été 2016. Alors que j’abordais ce texte avec réticence, imaginant y trouver ce que l’on a déjà lu cent fois sur le Général, j’ai dévoré les 279 pages en quelques séances de lecture ! La perspective choisie par l’auteur sort des sentiers battus : il utilise sa filiation pour donner un éclairage précieux à la statue du Connétable en donnant encore plus d’épaisseur au héros et au chef D’État «de Gaulle» en utilisant la personnalité de « Charles », telle qu’elle se dévoile au quotidien et en particulier dans la relation à un adolescent puis à un jeune homme. Le défi de faire du neuf est relevé haut la main.

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Ces lignes apparaissent d’ailleurs comme un drame pour les politiciens contemporains… On mesure violemment la distance qui sépare l’homme du 18 juin de nos «chefs» du temps présent, à commencer par l’hôte actuel de l’Élysée. Il est même capital de méditer sur cet ancien monde pour comprendre ce que devrait être celui de demain, et aussi pour comprendre ce qui dysfonctionne profondément dans la manière qu’ont désormais les dirigeants d’appréhender leurs fonctions.

Que voit-on en permanence chez Charles de Gaulle tel que le peint Yves ? Un homme se mettant à distance des êtres et des choses dans le but d’analyser au mieux, sans qu’il n’y perde jamais sa capacité d’empathie, une bienveillance extrême, cuirassée de sobriété, pour les hommes et les femmes de chair et de sang. Sans doute aura-t-il été le seul gouvernant français de la seconde moitié du XXe siècle à savoir mêler le sens de l’autorité et l’authentique proximité, fondée sur la compassion et l’attention. Le tout étant dénué d’arrogance, ce qui n’empêche, à aucun moment, d’incarner pleinement la majesté nécessaire du pouvoir.

Se déploie également sous la plume de son petit-fils l’ampleur de sa vision historique, la subtilité de sa réflexion permanente sur la nature du temps et la capacité de l’homme à y imprimer une marque. Le rebelle magnifique a pensé la métaphysique de la nation d’abord parce qu’il a nourri une intense et longue méditation sur la civilisation, l’essence du réel et la dialectique entre l’ordre et le mouvement.
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Il en a déduit une pratique du commandement, puis de la direction de l’État, qui fuit la dispersion, laisse à chacun l’espace de sa propre responsabilité et autorise le «chef» à se concentrer sur l’essentiel, à savoir les intérêts fondamentaux de la nation et la construction d’une société internationale œuvrant à la pacification de la planète par-delà le chaos toujours trop présent. Une pratique bien éloignée de l’histrionisme médiatique trop aisément constatable qui donne à un Président l’allure d’un racoleur de modes plutôt que celle d’une personnalité en charge du futur et de la cohésion nationale.

Sans aucun doute le Général a-t-il senti par ailleurs l’accélération de l’Histoire bien avant la plupart des autres responsables mondiaux. Ce qui rendait d’autant plus essentiel de combiner la raison et l’instinct pour parvenir à une intuition supérieure se branchant directement sur les battements de cœur du réel…

En tout état de cause, cet ouvrage nous démontre qu’une autre élite est possible… Si certains se décidaient à s’inspirer avec sincérité du Connétable, une authentique révolution deviendrait possible, loin des slogans, loin de la violence et loin des idéologies mortifères…

Eric DELBECQUE , Président de ACSE

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