UD FO 13 : Jean-Claude Mailly rend hommage à Gérard Dossetto et appelle à la grève contre la loi travail le 31 mars

Publié le 3 mars 2016 à  0h57 - Dernière mise à  jour le 29 novembre 2022 à  12h31

Jean-Claude Mailly, le secrétaire général de FO était ce mercredi 2 mars à Marseille pour un hommage à Gérard Dossetto (Photo Robert Poulain)
Jean-Claude Mailly, le secrétaire général de FO était ce mercredi 2 mars à Marseille pour un hommage à Gérard Dossetto (Photo Robert Poulain)

«On parle de coproduction à propos du projet de réforme du Code du travail et c’est vrai qu’entre Laurent Berger le secrétaire général de la CFDT et le Premier ministre on ne sait pas très bien qui pilote et qui est le copilote. D’ailleurs, un journal vient de titrer « Laurent Berger le ministre du travail »», lance Jean-Claude Mailly, le secrétaire général de FO lors du meeting qui s’est tenu ce 2 mars en hommage à Gérard Dossetto, décédé dans la nuit du 11 au 12 décembre 2015. Gérard Dossetto qui fut secrétaire de l’UD des Bouches-du-Rhône pendant plus de 20 ans. «La coproduction s’arrête là, poursuit Jean-Claude Mailly, puisque nous n’avons jamais eu l’intégralité du projet de Loi dans les mains pour en discuter et, lorsque le texte a été déposé au conseil d’État ce n’est pas le gouvernement qui m’a procuré le texte mais… un journaliste». Au-delà de la méthode, insiste-t-il: «Ce qui importe, c’est le fond du texte. Et, soyons clairs, il faut se battre contre cette Loi destructrice, nocive. Dès demain (3 mars ndlr), nous allons avec les organisations syndicales confirmer la première date de mobilisation. Nous sommes déjà d’accord avec la CGT pour le 31 mars». Pour le syndicaliste les15 jours de report n’ont aucun sens : «Lorsque les fondations d’une maison sont mauvaises, il faut tout reprendre et cela prend plus que quelques jours. Alors, soit ce texte est retiré, soit, si on ne nous écoute pas, il faudra lutter et ce sera la bagarre pour faire respecter les droits des travailleurs. Il est clair que nous rentrons dans une période de bras de fer avec les pouvoirs publics. Si le gouvernement reste droit dans ses bottes, il faudra faire grève et descendre dans la rue, il n’y a pas d’autres solutions». D’ici là, il y aura la journée d’action du 9 mars à l’appel des organisations de la jeunesse, lycéennes et étudiantes. «Je ne sais pas ce que ce mouvement va donner mais ce qui est sûr c’est que la jeunesse c’est comme le dentifrice, c’est plus facile de la faire sortir que rentrer», prévient, le secrétaire général de FO.

«Le candidat Hollande avait pris l’engagement de renégocier le Pacte budgétaire européen qu’il a voté à peine élu»

Jean-Claude Mailly revient à l’élection de François Hollande pour expliquer comment on aboutit à ce texte. «Le candidat Hollande avait pris l’engagement de renégocier le Pacte budgétaire européen qu’il a voté à peine élu. Ainsi, il a engagé la France dans une logique économique dont le premier objectif est la réduction des déficits budgétaires, une logique qui vise à réduire les dépenses publiques et sociales. Là-dessus, s’est ajouté le fameux pacte de responsabilité annoncé sans concertation qui a donné 100 milliards au patronat sans contre-partie». Indiquant à ce propos: «C’est le troisième Président de la République que je côtoie en tant que secrétaire général de FO, il n’y a jamais eu aussi peu de dialogue social». Il dénonce une politique qui, à ses yeux est non seulement «néfaste» pour les salariés mais «inefficace économiquement». «Si on prend le seul coût du travail en compte jamais nous n’arriverons à concurrencer la Chine ou l’Inde à moins d’en arriver à l’esclavage», assure-t-il. Considérant que la solution réside «dans le développement de la recherche, de l’innovation, dans le haut de gamme». Selon lui, telle n’est pas la direction prise: «Et ce texte ne fait que « dézinguer » la manière dont est régi le travail dans notre pays. Et que les fonctionnaires prennent garde, si cette Loi passe ils seront très vite touchés eux aussi».

«Les négociations sur les salaires, aujourd’hui annuelles, pourront n’avoir lieu que tous les trois ans»

Il évoque les heures supplémentaires : «Là où les accords de branche permettaient d’harmoniser, pour toutes les entreprises d’un même secteur d’activité, le taux de majoration des heures sup’, en prévoyant souvent qu’elles soient rémunérées à +25% pour les huit premières et 50% au-delà, demain l’entreprise pourrait obtenir par un accord de les limiter à 10%. Pour un salarié au Smic resté à 39 heures c’est 20 euros de moins par mois. Mieux encore l’entreprise aura la possibilité de convaincre de la nécessité de moduler le temps de travail sur trois ans». De même, poursuit-il: «Les négociations sur les salaires, aujourd’hui annuelles, pourront n’avoir lieu que tous les trois ans». Il évoque également le fait que, au plus on s’éloigne d’accords nationaux et on se rapproche de l’entreprise «au plus le salarié est pieds et poings liés devant le patron». Il soulève encore un autre point: «L’entreprise qui convaincra de la nécessité d’un accord, dit de préservation ou de développement de l’emploi, pourra proposer dans ce cadre une augmentation de la durée du temps de travail, sans augmentation de salaires. Il lui suffira de trouver un ou deux syndicats, représentants 30% des salariés pour le signer, alors que, jusqu’à présent, si les syndicats, représentant 50% de ces salariés, n’étaient pas d’accord ils pouvaient s’y opposer. Et demain, un référendum pourrait être organisé pour contourner les syndicats majoritaires. Vous imaginez le chantage. Mais, le pire c’est que ce gouvernement, qui trouve si intéressant le référendum, dans ce cas ne l’envisage absolument pas pour voir s’il obtient un accord des Français. Il est vrai que le libéralisme économique a toujours besoin d’être accompagné d’un régime autoritaire sur le plan politique».
Michel CAIRE

Hommage à Gérard Dossetto et soutien à son successeur

Franck Bergamini  le nouveau secrétaire de l'UD des Bouches-du-Rhône accompagné par Jean-Claude Mailly (Photo Robert Poulain)
Franck Bergamini le nouveau secrétaire de l’UD des Bouches-du-Rhône accompagné par Jean-Claude Mailly (Photo Robert Poulain)
Une plaque en hommage à Gérard Dossetto a été dévoilée sur la façade de la bourse du travail FO (Photo Robert Poulain)
Une plaque en hommage à Gérard Dossetto a été dévoilée sur la façade de la bourse du travail FO (Photo Robert Poulain)

Au préalable du meeting, un hommage a été rendu à Gérard Dossetto, l’occasion d’asseoir le pouvoir de son successeur, Franck Bergamini dont la nomination avait donné lieu à une contestation de la part des territoriaux. Une plaque a été dévoilée, à cette occasion, avant que nombre de responsables ne prennent la parole en mémoire du responsable syndical, des militants de longue date qui, pour la plupart, se souviennent de son arrivée, en 1989 « à la tête d’une Union en « biberine », à cause de son prédécesseur. Il a su travailler, écouter, réaliser des synthèses, faire preuve d’humanité et ainsi rendre notre UD incontournable», lance un militant. Les interventions se succèdent, dans la même tonalité, René Sale se souvient pour sa part que, à un moment complexe de sa vie militante, Gérard Dossetto lui avait conseillé de mettre de côté l’ego, l’esprit de vengeance. Alain Comba, lui aussi responsable de l’UD, ira pour sa part au-delà du simple hommage. Son propos est grave. Il évoquera le responsable syndical Gérard Dossetto qui savait être dur avec lui-même comme avec les permanents «tout en sachant cultiver l’amitié». Donner son nom à la Bourse «c’est aller dans le sens de l’histoire. La Bourse est là pour défendre les salariés de l’interpro et seul l’interprofessionnel fait vivre l’organisation syndicale». Il tient à rappeler : «Gérard Dossetto a doublé le nombre de syndicats. Dans les meilleurs années économiques nous avons compté jusqu’à 35 000 adhérents et, grâce à son intelligence, il a su créer un engouement militant. Il a su préserver notre indépendance, éviter que nous soyons entraîné dans le syndicalisme rassemblé. Avec lui nous avons affronté la vindicte de patrons, l’hypocrisie de certains politiques». Il parle d’une vie militante qui n’épargne «ni la santé, ni la vie de famille, ni l’amitié». Revient sur un 28e congrès qu’«il a suivi au péril de sa santé de bout en bout, un congrès où certaines choses l’ont profondément blessé. Alors, même si le nouveau secrétaire général m’a dit de me calmer, un nouveau secrétaire que je félicite, il a sa place à faire et ce n’est pas simple lorsqu’il en est pour vous poignarder dans le dos».
Parole est donné à Franck Bergamini. «Nous sommes là pour rendre hommage à Gérard, à ce qu’il a construit avec son équipe, qui est toujours avec moi ce qui me permet d’avancer. Il a construit un socle solide dans lequel chaque syndicaliste à sa place et je m’inscris totalement dans la continuité de son action». Puis de dire que rendre hommage à ce militant passe aussi par être dans l’actualité. «Les décisions politiques qui nous sont imposées sont d’une violence que nous n’avions jamais connue. La journée du 26 janvier a été un succès mais le gouvernement a poursuivi ses attaques. Or, à FO, nous savons écouter, dialoguer, mais encore faut-il pour cela être en face d’un pouvoir qui est prêt au dialogue. Voilà trop longtemps que l’on fait reculer les droits des travailleurs, maintenant nous ne devons plus reculer mais avancer, le temps est venu que d’autres reculent». Enfin, Jean-Claude Mailly rendra hommage «à un dirigeant incontournable que tout le monde consultait, écoutait».
M.C.

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