UPE 13. Johan Bencivenga: Gilets jaunes « la comédie a assez duré »

Publié le 16 janvier 2019 à  9h10 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  20h44

Johan Bencivenga, président de l'UPE 13 (Photo Robert Poulain)
Johan Bencivenga, président de l’UPE 13 (Photo Robert Poulain)
«L’hystérisation de la situation, notamment autour du mouvement des gilets jaunes nous inquiète», lance Johan Bencivenga, le président de l’UPE 13 à l’occasion de ses vœux à la presse. Pour lui: «La comédie a assez duré. Je ne sais pas ce que cherche certains agitateurs de ce mouvement mais si cela continue les impacts vont être tragiques pour l’économie. Et, sur le plan politique cela risque de conduire les extrêmes au pouvoir ce qui, personnellement, ne me réjouit en rien». Johan Bencivenga appuie son propos sur des chiffres: «Ces 9 samedis ont un impact direct sur la croissance chiffrée au niveau national à -0,1% du PIB ce qui veut dire que plus d’un mois de travail de tout un pays a été réduit à néant. Or, avec toutes les mutations en cours un tel arrêt a un gros impact dans un contexte de compétition mondiale». «La confiance, poursuit-il, est un facteur déterminant sur le plan économique or les touristes n’ont plus confiance dans notre pays et nos concitoyens n’ont plus confiance dans leur centre-ville. Et cela va plus loin puisque les informations qui nous sont remontées de la grande distribution se font l’écho d’une baisse de 30 à 60% de leur chiffre d’affaires. Une situation qui a également impacté les entreprises de logistique qui évoquent des pertes allant de 10 à 60%. Le MIN de Châteaurenard a été victime de blocages majeurs ce qui a impacté toute la chaîne agroalimentaire. Les salariés du Port ont tout fait pour minimiser les effets des blocages».

«Je ne comprends pas ce mouvement des gilets jaunes dans la forme»

Il avoue: «Je ne comprends pas ce mouvement des gilets jaunes dans la forme. Je ne comprends pas les violences contre les forces de l’ordre, contre les ministères. Et en ce qui concerne le fond force est de constater qu’il n’est pas homogène. Il y a de vraies souffrances et, à côté, des doléances irresponsables, extrêmes». «Il y a un ras-le-bol fiscal, social, le poids de la dépense publique, une Ve République à bout de souffle. Nous sommes dans un pays qui dépense 100 milliards de plus que ses recettes. Il faut travailler sur la résorption de nos déficits structurels», considère-t-il. Il en revient aux effets du mouvement sur le tissu économique: «La situation est catastrophique pour nombre de commerçants du centre-ville de Marseille qui ont dû fermer plus ou moins longtemps les 9 jours les plus importants de l’année». Il évoque également, au plan national: «50 000 salariés qui se sont retrouvés au chômage technique lors de ces huit dernières semaines et, 32M€ ont été débloqués pour payer ses salariés». De rendre hommage aux forces de l’ordre et aux services de la préfecture pour leur travail: «Nous avons travaillé avec eux pour débloquer les sites, notamment pour l’acheminement du pétrole. Cela a été vrai aussi pour certaines usines, notamment sur le pourtour de l’Étang de Berre. Se trouve là par exemple la plus grande usine de chlore de France qui rend l’eau potable en France et dans une partie de l’Afrique. Nous avons fait en sorte qu’elle puisse poursuivre ses livraisons. Nous avons aussi travaillé avec les services de l’État pour assurer un maximum de sécurité aux commerçants du centre-ville. Nous travaillons aussi avec le fisc, l’Urssaf, afin que les commerçants et artisans fragilisés puissent bénéficier d’un étalement des charges et un accompagnement du chômage partiel». Il tient également à remercier Martine Vassal (LR), présidente du Département des Bouches-du-Rhône et de la métropole Aix-Marseille-Provence et Renaud Muselier (LR), président de la région Sud pour leur réactivité: «Martine Vassal a pesé de tout son poids, à notre demande, pour que les parkings soient gratuits les week-ends de décembre et Renaud Muselier a débloqué dans la journée 2,5M€. Nous les remercions tous les deux». Puis, aborde «le Grand débat national »: «Nous allons y participer avec « Mon entreprise ma ville » où nous travaillons, syndicats salariés et patronaux. J’ai proposé aux syndicats salariés de donner 10 symboles de ce qu’ils considèrent comme des hontes du monde patronal et nous ferons de même pour le salariat». Il ne manque pas d’évoquer la tragédie de la rue d’Aubagne: «Dans de telles opérations de réhabilitation on parle tout de suite de sommes énormes, de milliards d’euros. Si l’État n’aide pas, les collectivités ne peuvent rien faire seules, elle n’ont plus de moyens. C’est la raison pour laquelle nous avons poussé à la création de la Métropole, afin d’avoir une vision d’ensemble, de faire des choix, de se détacher du clientélisme, de dégager des marges de manœuvre. Les élus sont des gens responsables, ils ont fait ce qu’ils ont pu avec les moyens qu’ils avaient. Ce drame doit poser des questions.» Quand une question lui est posée sur les travaux effectués sur la Plaine, il répond : «On ne peut pas critiquer quand rien est fait et critiquer quand une action est menée». Concernant le vote en faveur de la construction d’une Arena sur le site du parc Chanot, à quelques centaines de mètres du Palais des Sports et alors que la métropole compte une Arena sur Aix-en-Provence et une salle pour l’athlétisme de haut niveau à Miramas il affirme ne pas avoir connaissance de ce dossier… Johan Bencivenga conclut en indiquant que cette année 2019 est celle du 150e anniversaire de la création de l’UPE, un anniversaire qui ne manquera pas d’être célébré.
Michel CAIRE

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