Un appel à projets pour une nouvelle danse à la ferme

Publié le 2 mars 2021 à  13h00 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  15h29

Faut-il encore présenter le domaine de Valx ? Propriété du Conservatoire du littoral et mis en gestion au parc naturel régional du Verdon, ce site qui s’étend sur 250 ha de forêts et de terres agricoles sur la commune de Moustiers-Sainte-Marie, accueille depuis 2015 une ferme pédagogique en polyculture-élevage, composée d’un troupeau de chèvres laitières et d’un atelier de transformation pédagogique dont la production est labellisée en agriculture biologique.

Les propriétaires de La danse des Sonailles et leur troupeau des chèvres. ©ST.M.C.
Les propriétaires de La danse des Sonailles et leur troupeau des chèvres. ©ST.M.C.

Jusqu’ici, rien de nouveau. Sauf que depuis le début de l’année, l’exploitation connue sous le nom de ferme des Fabrigoules est devenue la Danse des sonnailles. C’est que Julie Ledoux et Benoît Payot, qui y étaient installés depuis six ans, ont décidé de partir vers d’autres horizons. À leur place, Pauline Gervais et Adrien Bukowski, tout juste arrivés des Bouches-du-Rhône où ils ont passé 13 ans, et forts d’un parcours dont les prémices auguraient pourtant assez peu une installation agricole au cœur des Alpes-de-Haute-Provence.

Titulaire d’un master de lettres, Pauline travaillait depuis plusieurs années pour une radio associative. Diplômé en gestion administrative, Adrien avait pour sa part travaillé pour une caisse de retraite, avant de se reconvertir dans… l’audiovisuel. «J’ai obtenu mon master, mais je me cherchais et, petit à petit, je me suis rendu compte que c’était dans la nature et avec les animaux que je me sentais bien».

Un appel à projets qui a changé une vie

S’enchaînent alors pour Adrien et Pauline les premières expériences agricoles au travers de stages et autres échanges sur le principe du Wwoofing. «Ce sont des expériences comme celles-ci qui nous ont amenés à comprendre quel était vraiment notre souhait», estime Adrien qui a également travaillé durant plus de quatre ans dans une ferme pédagogique à La Ciotat.

Un «chemin de vie», dixit Pauline, qui les a conduits progressivement vers l’installation. «Cela faisait cinq ans que l’on se disait que l’on voulait élever des chèvres dans les collines de la région, raconte Pauline qui entreprend alors de se former au CFPPA de Digne-Carmejane, afin d’acquérir les bases théoriques qui me manquaient et rencontrer des éleveurs du coin ».

Lorsqu’ils tombent sur l’appel à projets publié par le parc du Verdon, c’est donc tout naturellement qu’ils tentent leur chance. «Cela correspondait avec les pratiques que l’on souhaite favoriser. On voudrait développer les pratiques pastorales, faire en sorte que le troupeau soit dehors le plus souvent possible et travailler la garde des chèvres en parcours, avec la volonté à moyen terme de passer en mono-traite. Nous complémentons bien sûr en foin, mais également avec de l’orge germée, plus assimilable et plus nourrissante».

Une première année test pour bien prendre ses marques

Après avoir passé quelques semaines avec Julie et Benoît, afin d’assurer la transmission, ils sont officiellement les nouveaux maîtres des lieux depuis le mois de janvier. Une année débutante qui sera essentiellement une année test. «Pour l’instant, on découvre les lieux et on évalue la ressource fourragère que l’on peut exploiter sans prendre le risque de la détériorer». Le troupeau a également été réduit à une quarantaine de chèvres sur la cinquantaine qu’élevaient leurs prédécesseurs. «Nous l’agrandirons progressivement, de façon à avoir également d’ici deux générations un troupeau constitué à 100% de chèvres communes provençales, précise Pauline. C’est une demande du parc de contribuer à la conservation de cette race à petit effectif, même si nous avons le droit de garder un pourcentage de chèvres de races plus productives comme l’Alpine ou la Saanen pour des raisons économiques».

Sur la page Facebook de la ferme, un court film a recueilli fin janvier les « Like » et les commentaires émus d’une trentaine de visiteurs. Il s’agit de la toute première mise-bas dont le couple a eu la responsabilité. Une arrivée un peu en avance sur le timing, puisque le gros des naissances est prévu pour le mois de mars, mais qui tombait à pic pour les jeunes éleveurs. «Même si nous savions que nous étions capables de gérer ce genre de situations, cela nous a permis de le valider et nous étions super contents. À présent, l’étape suivante sera la production de fromages. Julie et Benoît avaient une gamme de produits assez importante, mais nous débuterons par des lactiques, de la tomme et aussi un peu de brousse que nous vendrons dans un premier temps sur les marchés», confient Pauline et Adrien, bien conscients qu’ils sont encore en phase d’apprentissage.

La production commencera au printemps, à point nommé pour l’inauguration officielle de la ferme prévue à l’occasion de la manifestation De ferme en ferme, organisée par le groupement régional des Civam, qui devrait se dérouler samedi 24 et dimanche 25 avril. Quant aux animations pédagogiques, point fort de l’exploitation, elles débuteront en revanche vraiment l’an prochain. Là encore, Adrien et Pauline veulent se donner le temps de faire les choses dans l’ordre. «Nous avons plein d’idées, mais nous avons d’abord besoin de développer nos propres pratiques. On ne peut pas partager quelque chose que l’on ne maîtrise pas ».
Stéphanie Martin-Chaillan pour L’Espace Alpin

[(L’Espace Alpin est le journal agricole et rural des Alpes-de-Haute-Provence et des Hautes-Alpes. Ce journal bimensuel est disponible sur abonnement sur lespace-alpin
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