Un été en musique avec : la pianiste Kathia Buniatishvili, un miracle d’équilibre entre émotion et virtuosité

Publié le 1 août 2020 à  22h04 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  11h53

La pianiste Kathia Buniatishvili (Photo capture d'écran)
La pianiste Kathia Buniatishvili (Photo capture d’écran)

J’ai pris l’habitude, quand j’écris, de mettre en fond sonore des programmes de musique classique sur Youtube. Je sélectionne le premier morceau et après je laisse le programme défiler de manière aléatoire. Il y a peu, affairé à un article de géopolitique internationale, mon attention fut attirée par une musique céleste, de Jean-Sébastien Bach, au piano. J’arrêtai de taper sur les touches de mon ordinateur pour m’imprégner de cette œuvre magnifique, une transcription pour clavier de la cantate profane 208 du Cantor de Leipzig. Il se dégageait une atmosphère incroyable et paradoxale, où se mêlaient tout à la fois émotion et apaisement, alors que mon article traitait des conflits qui menacent la planète. Ayant toujours à l’écran mon texte, je ne savais pas qui était l’interprète. Malgré la sérénité de la mélodie, on sentait une virtuosité maîtrisée qui ne demandait qu’à jaillir. Je cliquais alors sur la vidéo et vis apparaitre deux mains de femme, et comme en échos leur reflet sur le piano. Jouant avec les touches blanches et noires, elles donnaient naissance aux différentes voix musicales à la sonorité cristalline. Puis la caméra s’attarda sur le visage de la jeune pianiste. Concentrée, les yeux fermés et inclinant légèrement la tête, seul ressortait, sur le fond noir de la salle de concert, le liseré rouge de ses lèvres. Elle vivait intensément sa musique et nous la faisait partager. J’étais envoûté. A tel point que je repassais par la suite la vidéo en boucle. Cette artiste talentueuse, c’est Kathia Buniatishvili. D’origine géorgienne, elle vit désormais en France. Son répertoire est déjà conséquent et à chaque fois, elle imprime sa marque à des partitions qui ont déjà connu des interprétations «définitives» que ce soit dans Beethoven, Chopin, Liszt, Mozart, Ravel, Schubert ou Rachmaninov. Ses interprétations, où l’émotion règne en maître, prennent le parti d’une subjectivité assumée tout en respectant l’esprit de chaque œuvre. Le tout servi par une technique d’exception, mais jamais ostentatoire, ni à la virtuosité gratuite. Elle s’en explique avec intelligence et humilité dans ses interviews. Pour arriver à un tel niveau artistique, il faut non seulement du talent, ce dont elle n’est pas dépourvu, loin s’en faut, mais également un travail acharné et une exigence de tous les instants. Et ce depuis son enfance. En effet, elle a commencé le piano à l’âge de 3 ans et donné son premier concert à 6 ans ! Ses Maîtres à l’École centrale de musique puis au conservatoire de Tbilissi, malgré les diktats du «réalisme soviétique» en vigueur à l’époque, lui ont permis développer une personnalité musicale d’exception. C’est en 2008 que viendra la consécration où elle remporte le prix du public à la finale du Concours Rubinstein à Tel-Aviv. Artiste généreuse, elle ne se contente pas d’une carrière de soliste. Elle aime le partage que ce soit avec l’orchestre, où on la voit à l’écoute des autres musiciens, en musique de chambre ou à quatre mains avec sa sœur Gvantsa Buniatishvili. Et à chaque fois on sent un immense plaisir à faire de la musique et à le transmettre. Alors, il ne vous reste plus qu’à être conquis vous aussi !
Hagay SOBOL

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