Une nouvelle tribune pour le Pays d’Aix Rugby Club qui vise la remontée en Pro D2 cette année. Entretien avec son Président Lucien Simon.

Publié le 15 octobre 2014 à  21h54 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  18h22

Ce samedi 18 octobre, à 16 h 30, la nouvelle tribune du Stade Maurice David, à l’entrée des quartiers Ouest d’Aix-en-Provence, sera officiellement inaugurée. Ce sera à l’occasion de la rencontre de championnat de «Fédérale 1» entre le PARC (Pays d’Aix Rugby Club) et Oloron. La 6e rencontre de la saison officielle. Après un match nul en déplacement et quatre victoires consécutives, le PARC est en tête de sa poule avec trois points d’avance sur Auch, son poursuivant et sept points sur Bagnères et Agde, qui pointent, ex-aequo, en troisième position. Une victoire à domicile samedi serait très importante et assurerait presque une qualification aux Aixois pour la deuxième phase de la compétition. Sachant que l’objectif, cette saison, est de rejoindre le championnat de France de Pro D2 après deux ans de «purgatoire». « Il ne saurait en être autrement », nous a confié Lucien Simon, Président du club depuis 19 ans, dans une interview accordée à Destimed.

Lucien Simon préside le club depuis 19 ans. Il a donné une nouvelle dimension au club en quelques années et veut faire d’Aix-en-Provence une place forte du rugby au même titre que Marseille est une place forte du football (Photo Morgan Mirocolo)
Lucien Simon préside le club depuis 19 ans. Il a donné une nouvelle dimension au club en quelques années et veut faire d’Aix-en-Provence une place forte du rugby au même titre que Marseille est une place forte du football (Photo Morgan Mirocolo)

Destimed : Le PARC en tête après 5 rencontres de sa poule 4 en Fédérale 1, ça vous inspire quoi ?
Lucien Simon : C’est la place que nous visions après un début de saison normal par rapport aux moyens mis en place. Nous n’avons pas d’autre objectif que de terminer premier de cette poule et de battre tous les adversaires qui n’ont pas les mêmes moyens que nous.

Mais l’an dernier, les moyens étaient déjà conséquents et le PARC est resté coincé en Fédérale…?
L’an dernier c’était l’année qui suivait la descente de Pro D2 en Fédérale. Nous avons subi une phase de repositionnement. Il y avait moins d’argent pour alimenter la masse salariale. Avec notre partenaire, voyage-privé.com, nous avions décidé de remettre les choses en place. L’arrivée de Christian Labit, en cours de saison, nous a fait énormément de bien. Avec une équipe moins forte que celle de cette année nous sommes allés jusqu’en quart de finale, tombant contre Massy qui s’est hissé en Pro D2. C’est dire…

Tout est pour le mieux, donc, cette année?
Je dois dire qu’avec la fidélité de nos partenaires « historiques », un apport financier revu à la hausse, la création de la nouvelle tribune et des infrastructures qui y sont liées, il est difficile de ne pas se positionner en tant que favoris. Pour la petite histoire, j’ai toujours dit à l’époque que si j’avais à choisir entre le maintien et la nouvelle tribune, je choisirai cette dernière. Aujourd’hui, j’ai le stade et les partenaires.

Parlons-en, un peu, de cette tribune. C’est un investissement de 6 millions d’euros pour la collectivité ; cela crée de la pression, non ?
C’est une infrastructure publique qui fait du stade Maurice David un vrai beau stade de Pro D2 avec 4 000 places assises, mais aussi trente loges pour accueillir les partenaires. En quelques années, nous avons pratiquement comblé 100 ans de retard. Pour l’accueil du public et des partenaires mais aussi sportivement puisque le synthétique offre la possibilité de nous entraîner facilement par tous les temps. Ce stade, aujourd’hui, nous permet de changer de planète.

Changer de planète… Et de niveau ?
L’équation est simple et peut être résolue avec plus ou moins de talent. Il faut avoir un savoir-faire, nous l’avons ; il nous faut des infrastructures, nous les avons ; il nous faut un partenaire de pointe qui soit à la fois investisseur et accompagnateur, nous l’avons. A nous de faire que la mayonnaise prenne.

Côté finances, quel est le budget du PARC cette saison ?
Il est d’un peu plus de 3,5 millions d’euros et voyage-privé.com assure plus de 40% de ce budget global. En Fédérale 1 c’est le deuxième budget de France après Nevers. C’est ce qu’il faut pour survoler le championnat comme Montauban l’an dernier. Je dois aussi dire que la présence de voyage-privé.com a été salutaire, compensant les droits TV qui ne tombaient plus en rétrogradant de Pro D2 à Fédérale 1. Notre partenaire nous permet désormais de faire autre chose que du court terme, c’est un élément structurant du PARC. Ce n’est pas pour rien que son PDG, Denis Philipon, préside la SASP (Société Anonyme Sportive Professionnelle) du club dont Voyage Privé est actionnaire majoritaire. C’est cette société qui gère l’équipe première du club, équipe professionnelle. Je n’ai jamais voulu que les joueurs soient payés avec de l’argent public.

Et le budget en Pro D2
Au minimum 4,5 millions d’euros.

Même si vous ne dépendez plus de la Ligue Nationale de Rugby (qui gère le TOP 14 et la Pro D2 seulement ndlr) personnellement vous siégez toujours au comité des Présidents de la LNR. Quel est votre sentiment sur le fait que les contrats TV vont être renégociés avec Canal+ et Bein Sport ?
Effectivement mes amis de la LNR m’ont demandé de continuer à siéger à leurs côtés, ce qui m’honore. En tant que membre du comité, j’ai donc eu à connaître de cette affaire. C’est un marché de gré à gré qui avait été conclu avec Canal+; Bein Sport l’a dénoncé et a obtenu gain de cause auprès du conseil de la concurrence et il faut respecter la loi. Un appel d’offres a donc été lancé pour les droits du Top 14 et ceux qui le désirent peuvent y soumettre. Par ailleurs, j’ai souvent eu l’occasion de parler de ce sujet avec mon ami Bruce Graig, le propriétaire du club anglais de Bath qui lui a travaillé, avec d’autres, sur les droit TV de la Coupe d’Europe.

Le téléspectateur passionné de rugby ne risque-t-il pas d’y perdre concernant la qualité des retransmissions ?
Je ne pense pas. Le cahier des charges, concernant la qualité des prestations techniques et très complet. Puis le produit rugby est désormais un produit stratégique pour les deux chaînes.

Vous êtes président de ce club depuis 19 ans, êtes-vous toujours persuadé qu’il y a une place pour le rugby de haut niveau à Aix-en-Provence ?
Toujours. Je l’ai écrit en 2003 et je ne retire rien à ce que j’ai écrit : Aix ne peut pas ne pas aimer le rugby et le rugby, lui, a envie d’aimer Aix. Il y a une raison simple à cela : la logique de territoire ; à un moment, j’ai eu un conflit très dur avec la Fédération qui voulait lancer un grand club à Marseille. Cette volonté a fait long feu, me confirmant dans mon argumentation que l’âme de Marseille vit avec l’OM, qu’un club de rugby ne sera pas viable sur les quais du Vieux Port tout comme un projet football de haut niveau ne sera pas viable sur les rives du cours Mirabeau. D’ailleurs, les Marseillais, et de plus en plus de Vauclusiens, suivent désormais le PARC.

Et Toulon ?
Ce n’est pas le même territoire. Toulon a son œil droit tourné vers la mer et le gauche vers Nice.

Quid de la concurrence avec les autres clubs sportifs d’Aix-en-Provence ?
Positionner les sports de haut niveau pratiqués à Aix comme des concurrents n’est pas sérieux et c’est une vision obsolète. Sur un territoire de 400 000 personnes c’est en terme de synergie qu’il faut aborder les choses. Prenons exemple sur Montpellier. Je suis persuadé que le gâteau est assez grand et qu’il y a une belle portion à déguster pour tout le monde. Seulement, le gâteau, il faut le cuisiner, sans attendre que ce soient les autres qui le fassent à votre place. Pleurer des subventions ne suffit plus. Il faut travailler pour décrocher des partenaires, des soutiens fidèles, créer une régie commerciale, etc. Je sais, on me regarde parfois comme un voyageur de l’espace ; mais j’avance, je bosse. Je ne fais pas que parler.

Alors, l’élite c’est pour quand ?
Si tout continue à fonctionner comme ça, le Top 14 c’est pour dans 3 ou 4 ans. Quand je vois comment on est monté en Pro D2, il y a quelques années, il ne peut rien nous arriver. Comme je l’ai dit, cette année l’équipe est plus forte, le staff plus complet, les compétences renforcées, les partenaires fidèles et les infrastructures idéales. Nous devons accéder au niveau supérieur cette année ; avec Nevers…

Vous pensez de temps en temps aux anciens, à ceux qui vous ont précédé ?
Et comment ! Je ne sais pas combien de temps il me reste à vivre à cette place. Mais, aujourd’hui, je vis cette saison un peu comme un aboutissement. J’ai envie de me retourner vers mon père Louis, vers Marcel Guillaume, de les regarder droit dans les yeux et de leur dire « mission accomplie ».

Propos recueillis par Michel EGEA
Samedi 18 octobre, à 16 h 30, inauguration officielle de la nouvelle tribune du Stade Maurice David suivie, à 17 heures, de la rencontre de Fédérale 1 entre le PARC (1er) et Oloron (5e). Stade Maurice David, Jas de Bouffan à Aix-en-Provence.

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