Publié le 26 février 2021 à 14h00 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 14h57
L’association Smart Avenir Green qui milite en Provence-Alpes-Côte d’Azur notamment pour le gaz vert vient de signer une première convention avec le bailleur social Habitat Marseille Provence. Convention qui va permettre d’alimenter à partir de 2022, avec du gaz vert produit par l’unité de méthanisation implantée à Sormiou, 1 319 logements sociaux. Ce qui représente un volume de 10 GWh par an.

On colle à l’horizon 2050 de la décarbonation




Entretien avec Damien Rosinha, le président de l’association Smart Avenir Green, en charge du marché Aménagement Sud-Est de GRDF
Quels sont les possibilités offertes pour décarboner la consommation énergétique?
Tout le monde en est bien conscient qu’il faut décarboner la consommation énergétique. Pour y parvenir deux façons existent. La première c’est d’avoir recours à la technologie: panneaux solaire, photovoltaïques, puits géothermiques… Tout cela représente un investissement pour les pouvoirs publics, pour les maîtres d’ouvrage et puis, après, des charges parce qu’il y a beaucoup de maintenance et d’entretien. L’autre approche réside dans le fait d’utiliser les infrastructures publiques, les réseaux d’électricité, les réseaux de gaz qui sont propriétés des collectivités, un bien public donc qui, depuis quelques années transporte de l’énergie renouvelable, aussi bien sur la partie électrique que sur la partie gazière.Toute l’originalité du dispositif consistait à créer un point de rencontre entre les garanties d’origine: électricité verte et le gaz vert qui rentrent dans les tuyaux et être capable de les tracer pour les amener dans un bâtiment ou chez un particulier.
Comment tracez-vous le gaz bio ?
C’est un peu comme les produits bio pour lesquels on a une garantie de provenance, c’est exactement la même chose sur l’énergie. Vous avez aujourd’hui l’entreprise GRDF qui est partenaire du collectif (NDLR Smart Avenir) qui gère un registre national des garanties d’origine, c’est à dire qu’il y a une entreprise publique qui compte les unités de gaz vert qui entrent dans les tuyaux, qui vérifient qui les entre et qui donne le droit à celui qui les entre de les vendre.
L’énergie peut aussi venir des centrales ?
Le gaz vert, non. Il vient exclusivement du recyclage de nos déchets, alors que ce soit les déchets urbains, agricoles, des stations d’épuration, sur les réseaux gaz, ce n’est que du gaz vert issu de ce qu’on appelle la méthanisation, c’est à dire le retraitement de nos déchets. En revanche, sur les réseaux électriques, là, on va retrouver plutôt de l’énergie renouvelable, d’origine essentiellement hydraulique, ce sont les barrages, on en a pas mal dans la région ainsi que les champs de panneaux photovoltaïque.
L’hydraulique et les panneaux solaires ne représentent que 10% de la production interne de la Région, on est loin de pouvoir se passer du nucléaire?
L’idée qui consisterait à dire qu’il n’y aurait qu’une seule énergie qui serait la bonne ne me semble pas raisonnable. L’électricité verte, on en a besoin, le nucléaire, pour le moment, on en a encore un peu besoin, en tout cas, l’idée de mixer les énergies pour le meilleur parti de l’une et le meilleur parti de l’autre nous semble non pas être une réponse dogmatique ou une réponse d’intelligence mais uniquement celle du bon sens.
Vous dites aussi que ce dispositif de Pass Green créera des emplois. Qui dit emplois dit ressources or vous précisez que ce dispositif ne coûtera rien aux locataires et autres institutions alors qui va payer finalement ?
Nous créons la demande. Il y a 3 ans encore, aucun habitant d’aucun logement, d’aucune copropriété, d’aucun bailleur social ne faisait la demande de gaz vert ou, quand il la faisait, c’était de manière très marginale. Et ces approches étaient surfacturées par les fournisseurs et de fait personne n’y allait. Notre démarche a été l’inverse. Nous avons décidé de créer la demande avec le dispositif Smart Avenir Énergie. On a créé tout un écosystème de citoyens qui se sont mis à dire: moi aussi je veux le gaz vert. Des fournisseurs ont considéré qu’il y avait un marché. Ainsi, une règle du jeu a été fixée: si vous voulez entrer dans ce marché, vous renoncez à des marges déraisonnables et vous alignez votre prix, sur les énergies électriques vertes et gaz vert, au même prix, que les énergies conventionnelles.
Est-ce que le consommateur a la possibilité de choisir ce gaz bio ?
Oui, aujourd’hui, tout le monde y a accès, via le site du médiateur de l’énergie, qui est un site d’État, qui met à disposition la liste de tous les fournisseurs du marché. Mais là, vous arrivez sur quelque chose d’assez complexe parce qu’en fait vous avez des fournisseurs qui vous disent, moi, je vais vous proposer 10% de gaz vert, d’autres, qui vous disent, moi, je vais vous proposer 100%, d’autres 5% et souvent les écarts de coût sont colossaux. D’où cette idée d’avoir travaillé, en amont, avec des fournisseurs pour les encadrer pour proposer des offres qui sont déjà négociées par la Fédération française des Clubs de l’Immobilier.
Autrement dit, c’est parce que vous avez ce bailleur social et que vous pouvez aussi négocier, demain, avec des syndics de copropriétés que ce bio gaz sera répandu ?
Oui, c’est le principe de l’offre et de la demande, plus il va y avoir de demandes, plus l’offre va s’accélérer. C’est une vérité économique qui se joue sur tous les marchés dont celui de l’énergie. Depuis 2017, on développe ce dispositif sur le neuf. Aujourd’hui, en Provence-Alpes-Côte d’Azur, c’est 40 000 logements qui ont rejoint le dispositif. C’est un début. Nous attendons le jour où il n’y aura plus besoin de nous pour faire la promotion et que tous les fournisseurs considéreront qu’il est normal de mettre les énergies vertes au même prix que les énergies conventionnelles pour que tous les citoyens deviennent acteurs de la transition énergétique, sans pour autant dégrader leur pouvoir d’achat.
Est-ce qu’il peut y avoir des producteurs locaux et, est-ce que ce marché de la production peut grandir ?
Dans le travail conduit par la Fédération française des Clubs de l‘Immobilier pour essayer d’engager des fournisseurs dans le dispositif, on a choisi des fournisseurs dits bio qui ont cette particularité de travailler avec des petits producteurs locaux. On est sur une économie très locale où ce fournisseur va se fournir chez un petit agriculteur qui fabrique son gaz vert qui se retrouve dans les réseaux de GRDF.
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