Innovation. Marseille: Des logements sociaux alimentés en gaz vert à partir de 2022

Publié le 26 février 2021 à  14h00 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  14h57

L’association Smart Avenir Green qui milite en Provence-Alpes-Côte d’Azur notamment pour le gaz vert vient de signer une première convention avec le bailleur social Habitat Marseille Provence. Convention qui va permettre d’alimenter à partir de 2022, avec du gaz vert produit par l’unité de méthanisation implantée à Sormiou, 1 319 logements sociaux. Ce qui représente un volume de 10 GWh par an.

Du biogaz dans les logements sociaux à Marseille  (Photo archives destimed/CP)
Du biogaz dans les logements sociaux à Marseille (Photo archives destimed/CP)
C’est à la Coque implantée en plein cœur du périmètre d’Euroméditerranée à Marseille que le bailleur social, Habitat Marseille Provence, qui veut réduire son impact carbone, a présenté l’opération «Smart Avenir Énergies -Pass Green» à destination de 1 319 logements sociaux de son parc immobilier -qui compte quelque 15 000 logements- répartis dans 6 résidences localisées à proximité du site de production de biogaz de Marseille installé à Sormiou. Il s’agit là non seulement d’une première nationale mais également une opération qui n’a sollicité aucune aide publique, investissements supplémentaires de structures publiques ou privés ou surcoût de charges de la part des habitants.d’une opération qui ne représente aucune augmentation de coût pour le locataire, le bailleur social, la Ville ou encore la métropole. Pour la municipalité, il est question d’économie circulaire puisqu’elle est en effet propriétaire du réseau de gaz où circule le gaz vert produit dans l’usine de méthanisation de Sormiou alimentée avec les déchets urbains de Géolide, sa station d’épuration.

On colle à l’horizon 2050 de la décarbonation

son_copie_petit-469.jpgPatrick Pappalardo, président d’Habitat Marseille Provence rappelle: «Nous avons un parc d’environ 15 000 logements dont 99% sont situés dans l’enceinte marseillaise, ce qui fait de nous le plus grand bailleur social de Marseille.» Il précise que HMP est depuis 4 ans métropolitaine. Occasion d’afficher une ambition celle de développer des constructions sur la métropole. Il se félicite : «Nous innovons et sommes écoresponsables avec cette expérimentation de transformation de gaz vert, c’est à dire en biogaz, c’est une première étape que nous entendons bien développer». [(son_copie_petit-469.jpg210219-000_patrick_pappalardo_1.mp3)] son_copie_petit-469.jpgLe président de HMP entend inscrire ce dispositif à l’ensemble de son parc social et souhaite le proposer à d’autres bailleurs en région et même en France. «On espère que cela va être reproduit, parce que c’est extrêmement prometteur et encourageant. Et on colle à l’horizon 2050 de la décarbonation…» En effet cette convention signée donne corps à l’engagement du bailleur social de substituer progressivement au gaz naturel le gaz vert. L’objectif pour les deux partenaires s’inscrit dans le développement du biogaz dans les opérations de rénovation. Pour HMP, il s’agit de réduire d’ici 2050 ses émissions gaz à effet de serre et sa consommation d’énergie fossile. [(son_copie_petit-469.jpg210219-000_patrick_pappalardo_2.mp3)]

son_copie_petit-469.jpgEntretien avec Damien Rosinha, le président de l’association Smart Avenir Green, en charge du marché Aménagement Sud-Est de GRDF

Quels sont les possibilités offertes pour décarboner la consommation énergétique? Tout le monde en est bien conscient qu’il faut décarboner la consommation énergétique. Pour y parvenir deux façons existent. La première c’est d’avoir recours à la technologie: panneaux solaire, photovoltaïques, puits géothermiques… Tout cela représente un investissement pour les pouvoirs publics, pour les maîtres d’ouvrage et puis, après, des charges parce qu’il y a beaucoup de maintenance et d’entretien. L’autre approche réside dans le fait d’utiliser les infrastructures publiques, les réseaux d’électricité, les réseaux de gaz qui sont propriétés des collectivités, un bien public donc qui, depuis quelques années transporte de l’énergie renouvelable, aussi bien sur la partie électrique que sur la partie gazière.Toute l’originalité du dispositif consistait à créer un point de rencontre entre les garanties d’origine: électricité verte et le gaz vert qui rentrent dans les tuyaux et être capable de les tracer pour les amener dans un bâtiment ou chez un particulier. Comment tracez-vous le gaz bio ? C’est un peu comme les produits bio pour lesquels on a une garantie de provenance, c’est exactement la même chose sur l’énergie. Vous avez aujourd’hui l’entreprise GRDF qui est partenaire du collectif (NDLR Smart Avenir) qui gère un registre national des garanties d’origine, c’est à dire qu’il y a une entreprise publique qui compte les unités de gaz vert qui entrent dans les tuyaux, qui vérifient qui les entre et qui donne le droit à celui qui les entre de les vendre. L’énergie peut aussi venir des centrales ? Le gaz vert, non. Il vient exclusivement du recyclage de nos déchets, alors que ce soit les déchets urbains, agricoles, des stations d’épuration, sur les réseaux gaz, ce n’est que du gaz vert issu de ce qu’on appelle la méthanisation, c’est à dire le retraitement de nos déchets. En revanche, sur les réseaux électriques, là, on va retrouver plutôt de l’énergie renouvelable, d’origine essentiellement hydraulique, ce sont les barrages, on en a pas mal dans la région ainsi que les champs de panneaux photovoltaïque. L’hydraulique et les panneaux solaires ne représentent que 10% de la production interne de la Région, on est loin de pouvoir se passer du nucléaire? L’idée qui consisterait à dire qu’il n’y aurait qu’une seule énergie qui serait la bonne ne me semble pas raisonnable. L’électricité verte, on en a besoin, le nucléaire, pour le moment, on en a encore un peu besoin, en tout cas, l’idée de mixer les énergies pour le meilleur parti de l’une et le meilleur parti de l’autre nous semble non pas être une réponse dogmatique ou une réponse d’intelligence mais uniquement celle du bon sens. Vous dites aussi que ce dispositif de Pass Green créera des emplois. Qui dit emplois dit ressources or vous précisez que ce dispositif ne coûtera rien aux locataires et autres institutions alors qui va payer finalement ? Nous créons la demande. Il y a 3 ans encore, aucun habitant d’aucun logement, d’aucune copropriété, d’aucun bailleur social ne faisait la demande de gaz vert ou, quand il la faisait, c’était de manière très marginale. Et ces approches étaient surfacturées par les fournisseurs et de fait personne n’y allait. Notre démarche a été l’inverse. Nous avons décidé de créer la demande avec le dispositif Smart Avenir Énergie. On a créé tout un écosystème de citoyens qui se sont mis à dire: moi aussi je veux le gaz vert. Des fournisseurs ont considéré qu’il y avait un marché. Ainsi, une règle du jeu a été fixée: si vous voulez entrer dans ce marché, vous renoncez à des marges déraisonnables et vous alignez votre prix, sur les énergies électriques vertes et gaz vert, au même prix, que les énergies conventionnelles. Est-ce que le consommateur a la possibilité de choisir ce gaz bio ? Oui, aujourd’hui, tout le monde y a accès, via le site du médiateur de l’énergie, qui est un site d’État, qui met à disposition la liste de tous les fournisseurs du marché. Mais là, vous arrivez sur quelque chose d’assez complexe parce qu’en fait vous avez des fournisseurs qui vous disent, moi, je vais vous proposer 10% de gaz vert, d’autres, qui vous disent, moi, je vais vous proposer 100%, d’autres 5% et souvent les écarts de coût sont colossaux. D’où cette idée d’avoir travaillé, en amont, avec des fournisseurs pour les encadrer pour proposer des offres qui sont déjà négociées par la Fédération française des Clubs de l’Immobilier. Autrement dit, c’est parce que vous avez ce bailleur social et que vous pouvez aussi négocier, demain, avec des syndics de copropriétés que ce bio gaz sera répandu ? Oui, c’est le principe de l’offre et de la demande, plus il va y avoir de demandes, plus l’offre va s’accélérer. C’est une vérité économique qui se joue sur tous les marchés dont celui de l’énergie. Depuis 2017, on développe ce dispositif sur le neuf. Aujourd’hui, en Provence-Alpes-Côte d’Azur, c’est 40 000 logements qui ont rejoint le dispositif. C’est un début. Nous attendons le jour où il n’y aura plus besoin de nous pour faire la promotion et que tous les fournisseurs considéreront qu’il est normal de mettre les énergies vertes au même prix que les énergies conventionnelles pour que tous les citoyens deviennent acteurs de la transition énergétique, sans pour autant dégrader leur pouvoir d’achat. Est-ce qu’il peut y avoir des producteurs locaux et, est-ce que ce marché de la production peut grandir ? Dans le travail conduit par la Fédération française des Clubs de l‘Immobilier pour essayer d’engager des fournisseurs dans le dispositif, on a choisi des fournisseurs dits bio qui ont cette particularité de travailler avec des petits producteurs locaux. On est sur une économie très locale où ce fournisseur va se fournir chez un petit agriculteur qui fabrique son gaz vert qui se retrouve dans les réseaux de GRDF. [(son_copie_petit-469.jpg210219-001_damien_rosinha_pres_collectif_smart_avenir_19_02_21.mp3)] Propos recueillis par Mireille BIANCIOTTO

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