Vent mauvais à LR. Renaud Muselier : ‘Je suis venu vous dire que je m’en vais’

Publié le 24 novembre 2021 à  21h17 - Dernière mise à  jour le 29 novembre 2022 à  12h28

«Je quitte Les Républicains, après 35 ans de vie et de combat dans cette famille politique, parce que je ne m’y retrouve plus», vient d’annoncer Renaud Muselier, président de Provence-Alpes-Côte d’Azur ce matin sur le plateau de LCI. Il explique notamment : «Dans les débats successifs qui ont eu lieu dans notre famille politique, il y a un vrai problème concernant notre position face à l’extrême droite…»

Renaud Muselier tourne la page LR © Joël Barcy
Renaud Muselier tourne la page LR © Joël Barcy

C’est un Renaud Muselier particulièrement grave et ému qui a annoncé sur LCI sa décision de quitter Les Républicains, de quitter une famille politique dont il est membre depuis 35 ans et qui, au-delà, s’inscrit dans l’héritage gaulliste familial. Il n’a d’ailleurs pas manqué d’évoquer son grand père, l’amiral Muselier, qui organisa les Forces navales françaises libres et a été le premier officier général à rallier Charles de Gaulle à Londres dès le 30 juin 1940. L’amiral est par ailleurs celui qui choisit comme emblème la Croix de Lorraine, en souvenir de son père d’origine Lorraine. Son fils, Maurice, le père de Renaud Muselier, entre également dans la Résistance en octobre 1940. Il sera déporté trois ans plus tard à Dachau. Avec le départ de Renaud Muselier c’est donc une énième rupture et sans doute définitive celle-là que LR consomme avec son héritage gaullien.

Un épisode qui arrive après une campagne des régionales brutale où l’appareil LR n’avait pas particulièrement soutenu Renaud Muselier contre une partie de LR, Eric Ciotti en tête, qui dénonçait la présence de candidats LREM sur la liste du président de région sortant. Un rassemblement qui avait pour objet de faire face à la menace que représentait la liste RN conduite par l’ex LR Thierry Mariani. Un LR qui ne s’était pas plus ému de voir un Eric Ciotti affirmer qu’au second de la présidentielle, entre Emmanuel Macron et Eric Zemmour, il choisirait de voter pour ce dernier. Une dérive que Renaud Muselier n’a cessé de condamner et de combattre.

«Il n’y a plus de ligne rouge avec l’extrême-droite à LR»

La raison pour laquelle Renaud Muselier a fait le choix de soutenir Xavier Bertrand est que ce dernier, en 2017, sur le plateau de France 2 lançait: «J’ai décidé de quitter définitivement Les Républicains». Il disait alors déplorer le manque d’unité pour faire barrage au Front national. Il ajoutait: «La droite à laquelle j’ai adhéré était celle de l’héritage du Général de Gaulle, de Philippe Séguin et Jacques Chirac». Renaud Muselier explique encore: «Xavier Bertrand a l’expérience nécessaire. C’est un bon président de région. Le garçon est capé. Il respecte notre héritage».

Oui, mais cela c’était avant, avant de s’engager dans une spirale négative par peur de perdre la présidentielle puis, plus basiquement la primaire LR à laquelle, dans un premier temps, il ne voulait pas participer et, à laquelle il échouera sans doute. Car, plus question pour lui de gaullisme, de chiraquisme, oublié, balayé. Il fustige: «Renaud Muselier a choisi de m’apporter son soutien, mais je ne peux en accepter les termes. Ses attaques contre Eric Ciotti et David Lisnard sont inacceptables.» lui qui entend faire campagne : «avec tous les candidats dont mon ami Eric Ciotti». Lequel Ciotti est qualifié par Renaud Muselier de «faux nez de l’extrême-droite».
Un refus de soutien qui est la goutte d’eau de trop pour Renaud Muselier qui considère: «Dans les débats successifs qui ont eu lieu dans ma famille politique il y a un problème sur la question essentielle du positionnement à prendre face à l’extrême-droite». Et de déplorer: «Il n’y a plus de ligne rouge avec l’extrême-droite à LR», ajoutant «Il n’y a plus de chef, plus de cap, on ne sait pas ce qu’on est, ce qu’on veut, ce qu’on veut devenir».

«Je ne divise pas ma famille, je reste fidèle à ce que je suis»

Renaud Muselier tient à préciser: «Ma décision n’a rien d’un coup de tête. C’est le fruit d’une réflexion importante. C’est un moment fort pour moi mais je ne m’y retrouve pas. Toute ma vie je me suis battu contre l’extrême-droite, je continue à défendre ce que je crois juste. Alors, bien sûr, je suis malheureux parce que c’est la fin d’une belle histoire». Pour lui, il ne peut y avoir aucune ambiguïté: «Je ne divise pas ma famille, je reste fidèle à ce que je suis».
Michel CAIRE
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