Vigne et vin par Michel Egéa – Retour de Vinisud : des rencontres, des découvertes, des questions …

Publié le 22 février 2016 à  23h27 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  21h39

Avec quelque 1 700 exposants et autour de 28 000 visiteurs entre le 15 et le 17 février la 12e édition de Vinisud qui s’est tenue au Parc des expositions de Montpellier a confirmé qu’elle est devenue le plus important rassemblement professionnel consacré aux vins du sud de la France et de la Méditerranée, tout en marquant le pas. Conjoncture, effet des vacances, les vignerons participants étaient moins enthousiastes que lors des précédentes éditions. Situé vingt jours après Millésime Bio qui réunit au même endroit 800 vignerons de la planète bio européenne et même d’un peu plus loin, et à un mois de Prowein qui se tient à Düsseldorf du 13 au 15 mars prochains, rassemblant près de 6 000 exposants et accueillant près de 55 000 visiteurs professionnels, le salon Vinisud est à une période charnière de son existence. Car de bisannuel, il devient annuel et se tiendra en 2017 et 2018; au grand dam de certains, pour la plus grande joie des autres. «Il faut innover», lance Michel Chapoutier, le président de l’interprofession de la vallée du Rhône pour lequel un rythme bisannuel c’est pour la communication, un rythme annuel, c’est pour le business. D’autres poids lourds ont déjà annoncé qu’ils ne viendraient pas tous les ans… Un clivage que l’on retrouve chez de nombreux vignerons. Mais le coup est lancé et un bilan sur l’annualisation sera dressé en 2018 pour faire vivre le salon à son bon rythme dès 2019 !

Notre séjour à Vinisud a été l’occasion de découvrir de beaux vins et de belles personnes. Nous aurons l’occasion de revenir prochainement sur l’appellation Cairanne, qui vient d’obtenir l’autorisation de porter la mention «cru» sur ses étiquettes de vins rouges et blancs dès 2015, en compagnie du Président Denis Alary ainsi que sur la progression des vins de Corse dans un entretien avec Bernard Sonnet, le directeur de l’interprofession. Pour l’heure voici quelques moments agréables vécus ces jours derniers au parc des expositions de Montpellier.

Lirac : le rouge vieillit bien, merci pour lui…

Rodolphe de Pins et Kelly McAuliffe à l’issue de cette « verticale »  fort innstructive (Photo M.E.)
Rodolphe de Pins et Kelly McAuliffe à l’issue de cette « verticale » fort innstructive (Photo M.E.)

Première séance de travail : une «verticale» ( pour les néophytes : une dégustation qui remonte le temps) qui nous a menés, en six vins, de 2010 à 1990. L’occasion pour le nouveau président du Syndicat de l’AOC, Rodolphe de Pins, de mettre en avant les qualités de vieillissement des rouges de l’appellation. Lorsque l’on sait -et Kelly McAuliffe, le plus américain des sommeliers de la vallée du Rhône, qui menait la dégustation ne s’est pas privé de le rappeler- que le terroir de Lirac est très proche de celui de Châteauneuf-du-Pape, seul le fleuve les sépare, on comprend mieux la typicité de ces rouges. Et au fil des millésimes, les arômes de fruits rouges et noirs surmaturés évoluent sur des notes épicées, parfois teintées d’exotisme pour arriver sur un vin âgé de 26 ans qui est encore explosif en bouche, complexe et très long, sa robe seule, légèrement tuilée, témoignant de son grand âge.
vin-lirac.com

Cassis fête son anniversaire

Yannick et JeanTigana en compagnie de Jonathan Sack-Zafiropulo (Photo M.E.)
Yannick et JeanTigana en compagnie de Jonathan Sack-Zafiropulo (Photo M.E.)

En compagnie de Châteauneuf-du-Pape, de Tavel, de Monbazillac et des vins d’Arbois, Cassis à fêté à Vinisud le 80e anniversaire de l’obtention de l’appellation d’Origine Contrôlée. Que les cassidains se rassurent, l’anniversaire sera aussi dignement célébré dans quelques semaines «à domicile» ! C’est la volonté de Jonathan Sack-Zafiropulo, le président de l’association des vignerons rencontré sur le stand des vins de Cassis en compagnie de Jeannot Tigana et de son fils Yannick. Les trois évoquaient certainement les nombreux projets qui feront parler des vins de Cassis dans les mois, voire les années, à venir…
vinsdecassis.fr

Balade dans les îles avec Philippe Faure-Brac

Toujours souriant, Philippe Faure-Brac à l’issue d’une dégustation de haut-vol (Photo M.E.)
Toujours souriant, Philippe Faure-Brac à l’issue d’une dégustation de haut-vol (Photo M.E.)

Qui mieux que Philippe Faure-Brac, meilleur sommelier du monde, mais avant tout Marseillais de souche, de cœur et d’esprit, pouvait faire découvrir les cépages autochtones emblématiques des grandes îles de la Méditerranée à une salle archicomble où il n’y avait plus une place de disponible ? Avec l’érudition mais aussi la faconde qu’on lui connaît, Philippe Faure-Brac a fait voyager son auditoire pendant plus d’une heure au fil de l’eau avec une exceptionnelle dégustation de vins nés et élevés à Santorin, Porquerolles, en Corse, sur l’île de Hvar en Croatie, en Sicile et sur l’île d’Elbe. Une croisière terrestre savoureuse et enrichissante avec quelques belles découvertes et, surtout, la consécration du travail effectué, parfois dans des conditions difficiles, par des vignerons qui ont tourné le dos à la facilité, choisissant de travail des cépages autochtones «historiques». Un coup de cœur pour le vin doux naturel de la Fattoria delle ripalte, sur l’île d’Elbe, un vin issu du cépage Aleatico, un raisin rouge de la famille des muscats à petits grains, passerillé au sol, et vinifié en fûts. La robe est brune acajou, la matière extrêmement dense avec du gras, des arômes de fruits noirs confits, de cerise, de pruneau et de figue sèche.

Les dernières tendances mondiales du rosé

Eric Dufavet, Michel Couderc, Gilles Masson et Nathalie Pouzalgues réunis pour une intéressante master class sur le rosé (Photo M.E.)
Eric Dufavet, Michel Couderc, Gilles Masson et Nathalie Pouzalgues réunis pour une intéressante master class sur le rosé (Photo M.E.)

Bien entendu, Vinisud accueille une importante délégation de vignerons provençaux et la structure centrale mise en place par le Conseil Interprofessionnel des Vins de Provence est l’une des plus fréquentée. Il faut dire qu’il est possible, à cet endroit, de déguster la totalité des vins rosés proposés par les vignerons présents. Ce qui représente un réel intérêt pour les professionnels qui peuvent faire leur choix en toute quiétude avant, éventuellement, d’aller conforter ce choix en compagnie du vigneron sur son stand. Au cours du salon, une master class très suivie a donné l’occasion à Eric Dufavet, directeur général du CIVP et Michel Couderc, responsable économie de cette organisation interprofessionnelle de faire un point sur la production et la consommation du vin rosé. Gilles Masson, le directeur du centre de recherche et d’expérimentation sur le vin rosé prenait ensuite la parole pour présenter les dernières tendances mondiales du rosé qui peuvent se résumer en une légère baisse du degré alcoolique, une stabilité de la sucrosité et de l’acidité des vins et une variété de l’intensité colorante des vins, ceux de Provence et de Corse comptant parmi les plus clairs. Suivait une dégustation de cinq vins (Provence, Varois, Coteaux d’Aix) commentée par Nathalie Pouzalgues, œnologue au centre du rosé, qui mettait en avant les qualités aromatiques de chacun de ces échantillons en fonction de leur terroir.
vinsdeprovence.com

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