Vœux de Jean-Luc Chauvin, président de la CCIAMP : ’Faire d’Aix-Marseille-Provence la cleantech métropole’

jeudi 2 février 2023

Ce sont des vœux ambitieux que Jean-Luc Chauvin, le président de la CCI Aix-Marseille Provence a présenté, pour le territoire, son grand port, ses entreprises et la CCIAMP, avec l’objectif de faire de ce territoire un champion du développement durable.


Voeux à la presse de Jean-Luc Chauvin, Président de la CCI Aix-Marseille Provence ©CCIAMP

Est-ce l’esprit olympique qui opère, toujours est-il que Jean-Luc Chauvin entend voir la CCIAMP aller plus vite et plus fort en 2023 au service des entreprises et du territoire. Pour cela il prévient « notre efficacité collective et notre capacité à agir ensemble sur ce territoire est la condition sine qua non de notre réussite et de la valorisation de nos atouts ». Il ne manque pas d’inviter le port de Marseille-Fos à reprendre sa première place nationale qu’il a perdu. Il insiste par ailleurs sur l’importance de renforcer les mobilités sur le territoire « notre talon d’Achille » ainsi que l’offre de logements, l’offre éducative, sans oublier les espaces pour permettre aux entreprises de venir s’implanter sur le territoire dans le cadre de la réindustrialisation. Un développement que Jean-Luc Chauvin veut durable, innovant, « préservant nos espaces naturels ».

« On crée toujours plus d’entreprises qu’on en perd »

Avant tout le président de la CCIAMP rend hommage aux entreprises qui ont su faire preuve de résilience, à l’état d’’esprit des chefs d’entreprise qui savent faire face à la Covid, l’augmentation du prix de l’énergie et des matières premières, les difficultés de recrutement. Des difficultés qui ne doivent pas cacher les opportunités : « Nous avons, au 3e trimestre 2022, 30% des chefs d’entreprise qui ont constaté une hausse de leur activité, contre 25% un recul. Ces chiffres sont stables depuis un an et, autre signe positif, on crée toujours plus d’entreprises qu’on en perd ». Pourtant des nuages sont là : « Le niveau des marges se dégrade avec une baisse de 38% et une tendance encore plus rapide dans l’industrie. La trésorerie est également en recul moyen de 30% ». Pourtant « 62% des entrepreneurs témoignent dans la dernière enquête de conjoncture de la CCIAMP d’une confiance solide dans leur entreprise pour aborder l’avenir ».

Transport : certaines zones économiques du territoire sont complètement oubliées

Jean-Luc Chauvin insiste sur l’importance de développer les transports : « Nous ne pouvons accepter que certaines zones économiques du territoire soient complètement oubliées, nous ne pouvons accepter que la zone portuaire de Fos ne compte que deux lignes de bus. Nous ne pouvons pas accepter l’absence d’un RER métropolitain, une idée que la CCIAMP et les 144 partenaires de "Tous acteurs" [1] ont proposé, il y a déjà cinq ans, et reprise par le président de la République, il y a deux mois. Et il faut savoir qu’une étude de la RTM révèle que 50% des jeunes refusent un poste à cause d’un manque de transports en commun ». Il ne manque pas, aussi de rappeler l’importance de la zone des Milles et celle de l’Arbois et son technopole -« cette dernière se situe à la quatrième place mondiale de la cleantech, spécialisés sur l’environnement après Boston, Berlin et Perth »-, zones, elles aussi, ne disposant pas d’un service de transport en commun à la hauteur des besoins. Il met d’autant plus ce point en exergue qu’il souhaite que ce territoire s’appuie sur ce technopole, sur tout l’écosystème de l’innovation- il salue à ce propos le titre de Icapitale obtenu par la métropole- pour devenir « la cleantech territoire. »

Il insiste ensuite sur l’importance de réussir deux événements à venir : la Coupe du monde de rugby et les Jeux Olympiques en 2024. « Ces Jeux doivent être une vraie réussite citoyenne et populaire, un facteur de fierté pour tous les Marseillais et les Provençaux et un accélérateur d’attractivité pour notre territoire et nos entreprises ».

Port de l’Anse de la Réserve : centre d’expérimentation pour le ravitaillement en hydrogène

Les ambitions sont affichées, pour y parvenir la CCIAMP entend être « encore meilleure et encore plus utile ». Jean-Luc Chauvin souligne que la Chambre « est un centre de ressources pour les chefs d’entreprise. 19 994 d’entre eux ont poussé la porte de nos agences en 2022 et 7 057 nous ont contactés par voie dématérialisée. Nous avons reçus et traités 32 142 appels téléphoniques avec 90% de réussite ».

Considère que c’est bien « mais nous devons faire encore mieux ». Pour cela, avance-t-il : « Nous devons nous appuyer sur le réseau des 144 partenaires de "Tous acteurs" ». Il met l’accent à ce propos sur la transition écologique : « Le port que nous gérons à l’Anse de la Réserve, à Marseille, vient d’obtenir de l’Afnor la certification européenne "Ports propres". C’est la première structure à obtenir une telle certification sur le périmètre du Vieux-Port en biodiversité ». De fait, la CCIAMP veut poursuivre l’aventure en visant la certification Port propre actif. « Et nous postulons pour être, sur ce même site, centre d’expérimentation pour le ravitaillement en hydrogène ».

INPI : « La mise en place de ce guichet unique est laborieuse »

D’évoquer les dispositifs mis en place « pour être utiles aux entreprises » : la cellule d’urgence Entreprises énergie pour faciliter l’accès aux aides gouvernementales ; Flash Diag Energie pour aider les entreprises à repenser leur modèle énergétique ; les 3 200 entreprises accompagnées pour leur transition numérique ; la filiale CCI Conseil et Finances qui a finalisé 25 missions en 2022 pour un montant de 6,7 millions d’euros. Concernant les documents administratifs, le gouvernement a mis en place un guichet unique opéré par l’INPI : « La mise en place de ce guichet unique est laborieuse malgré nos avertissements. Nous avons décidé très rapidement de réactiver l’ancienne plateforme et de mettre en place une procédure de secours pour accompagner les avocats, les notaires, les experts-comptables et les entreprises ».

La Chambre développe également des formations (M2I, nouvel axe à l’ISBATP...). En matière de création d’entreprise la CCIAMP est pilote de deux projets dans le cadre de Marseille en grand : les carrefours de l’entrepreneuriat et capital jeunes créateurs. « A la fin 2022 ce sont pas moins de 1.115 jeunes qui ont déjà bénéficié d’un des deux dispositifs ». Il est également rappelé que la Chambre est une cellule de veille, d’intelligence économique, de prospective qui a notamment signé 20 contrats d’action municipale.
Michel CAIRE

Grand Port et cité judiciaire : deux dossiers mis en exergue par Jean Luc Chauvin

Jean-Luc Chauvin tient à rappeler : « Le Port de Marseille-Fos n’est plus le premier port de France depuis 2021 parce qu’en face Haropa (regroupement du Havre-Rouen-Paris) s’est constitué. Nous participons aux travaux pour le projet Méditerranée-Rhône-Saône. Je souhaite que les quatre régions concernées se concertent comme le font déjà les quatre CCI régionales. Je pense également qu’il faudrait plus écouter le monde économique sur ce dossier. Je considère d’autre part qu’il importe de développer le volume du trafic de marchandises du port pour le redistribuer vers le Nord de l’Europe, vers l’Allemagne. Je ne parle plus du Rhin-Rhône, on sait malheureusement ce qu’il est advenu de ce dossier, mais pourquoi pas un canal comme cela est avancé pour Seine-Nord ? Cette liaison est nécessaire si on veut retrouver notre place de premier port ». Avance que « le trafic mondial rend cette ambition tout à fait possible. Les ports du Nord sont moins compétitifs. Il faut 3 à 4 jours de plus à un navire, quand il passe par Suez pour les rejoindre. Suez qui va renforcer son attractivité avec la fin de son dédoublement en 2024. Par ailleurs ces ports sont saturés. En plus de la durée de trajet, les navires doivent attendre là encore 3 à 4 jours, parfois plus, pour décharger leur livraison. La rive Nord de la Méditerranée a donc un avantage mais attention, si nous ne faisons rien, c’est Gênes qui en bénéficiera. Alors, oui, il faut la liaison Lyon-Turin mais il faut être ambitieux même si cela ne voit le jour que dans trente ans. Il faut développer le fluvial et le ferroviaire et pour que cela fonctionne on peut produire de l’énergie ».

Pour une cité judiciaire en centre-ville de Marseille

S’il indique ne pas avoir de boule de cristal pour prédire l’emplacement de la future cité judiciaire de Marseille Jean-Luc Chauvin indique : « Nous savons bien, depuis des années, que nous avons des locaux dont la taille n’est pas suffisante pour traiter tous les dossiers, une situation à laquelle il importe de remédier car il est légitime d’avoir des locaux adaptés mais cela peut se faire sur plusieurs bâtiments. Or, pour remédier à cette situation on entend de plus en plus parler d’une sortie du centre-ville ». D’affirmer : « Il s’agirait d’une catastrophe économique pour le centre-ville car cela conduirait à un départ massif des avocats, des magistrats, des huissiers et, plus largement, de tous les personnels rattachés à l’activité du palais, sans oublier les pertes que cela entraînerait pour les commerces et établissements environnants du fait du départ de ces professionnels et des justiciables ». Une décision qui serait incompréhensible « alors que nous nous battons avec les collectivités pour redynamiser le centre-ville ». Il annonce donc que la bâtonnier a commandé une étude pour objectiver l’impact économique d’une éventuelle délocalisation afin « d’éclairer l’État ». Il ajoute : « Nous mobilisons pour qu’une solution soit trouvée en centre-ville, nous alertons les collectivités territoriales, la Mairie ne cache pas être en désaccord avec un transfert hors du centre-ville sans une étude d’impact ». Jean-Luc Chauvin signale : « Nous avons déjà vécu ce type de situation avec le transfert des services du Département de la Préfecture vers Saint-Just. Et on a bien vu que cela a appauvri le centre-ville sans rien apporter à Saint-Just ». Et, si l’État persiste, poursuit-il : « Je demanderais au ministre du budget la création d’une zone franche dans le centre marseillais ».
M.C

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[1] Le collectif "Tous Acteurs" rassemble et fédère plus de 140 partenaires économiques du territoire : Chambres Consulaires, Fédérations et Groupements Interprofessionnels et Professionnels, Associations de Zones d’Activités, Associations de Commerçants...