Voeux de la Cress Sud. Denis Philippe: ‘ Devenir une région pilote pour expérimenter »

Publié le 17 janvier 2023 à  15h16 - Dernière mise à  jour le 23 janvier 2023 à  9h11

Denis Philippe, le président de la Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire (Cress) Provence-Alpes-Côte d’Azur, lors de la présentation de ses vœux, a tenu à mettre en exergue la diversité de l’ESS, son dynamisme et affiche toujours son ambition de voir les chambres de l’ESS être reconnues au même titre que les autres chambres consulaires. Il propose dasn ce cadre d’être un territoire d’expérimentation.

Denis philippe, le président de la Cress Sud a formulé ses voeux 2023 en affichant notamment sa volonté de faire évoluer le statut des Cress (Photo Cress Paca)
Denis philippe, le président de la Cress Sud a formulé ses voeux 2023 en affichant notamment sa volonté de faire évoluer le statut des Cress (Photo Cress Paca)

C’est par deux témoignages, celui de Fabrice Julien, directeur de la clinique de Bonneveine et celui de Benjamin Borel de «Pain et partage» que se sont ouverts les vœux de la Cress Provence-Alpes-Côte d’Azur. Denis Philippe en explique la raison: «Nous avons souhaité ces deux interventions pour montrer ce qu’est la Chambre de l’Économie Sociale et Solidaire. On trouve tous les types d’entreprises, pour le mesurer il suffit de savoir que la dernière en date à nous rejoindre est un cabinet d’avocats. Nous fédérons ainsi 9 000 entreprises sur les 17 000 de l’ESS que compte la région». Il rappelle: «Je ne crois pas à la théorie selon laquelle l’ESS rendrait plus vertueuse l’économie dominante. Je ne suis d’ailleurs pas en opposition avec elle».

«Des entreprises de l’ESS existe depuis le XIXe siècle»

Denis Philippe précise: «Des entreprises de l’ESS existent depuis le XIXe siècle et, notre système a ses petits plus: l’absence d’actionnaires, une gouvernance démocratique, une volonté d’insérer. Nous créons des emplois, notamment pour des personnes qui en étaient éloignées et nous ne délocalisons pas. Mieux, nous sommes un acteur de la redynamisation des centres-villes.» Attention, prévient-il : «Dans l’économie sociale et solidaire il y a économie, nous savons très bien que nous devons réaliser des excédents, tout comme l’économie dominante, mais l’argent n’est pas une fin». Denis Philippe revient sur le « coup de gueule » qu’il a poussé en septembre. «Il a produit son effet. J’ai eu des contacts avec le Préfet, avec la secrétaire d’État à l’ESS que je dois rencontrer». Évoque la loi de 2014: «C’est une très bonne loi qui reconnaît l’existence de l’ESS et met en place les les chambres régionales mais… sans lui donner les moyens des autres chambres consulaires. Ce qui fait que j’ai des entreprises adhérentes de l’ESS qui doivent aussi être adhérentes à d’autres chambres qui disposent de plus de moyens et donc de services».

«La Région Sud nous reconnaît en tant que Chambre»

Le président de la Cress Sud précise toutefois: «J’ai un peu de moyen grâce à la Région Sud qui nous reconnaît en tant que Chambre et nous verse 300 000 euros, plus 150 000 euros, tous les deux ans, pour notre salon de l’ESS. Nous avons d’ailleurs l’ambition de devenir la première région de France en matière d’ESS. Nous avons d’autre part 250 000 euros qui nous viennent des adhésions, 150 000 pour des prestations que nous réalisons, 400 000 euros de nos partenaires». Il existe cependant un problème, pour Denis Philippe: «Nous n’avons pas la même reconnaissance de l’État qui ne nous verse que 100 000 euros». Il précise immédiatement: «Il va y avoir une mission qui va se mettre en place pour travailler sur le financement de nos chambres régionales, on avance. Comment? On ne sait pas encore. Je ne suis pas contre une taxe, après tout les commerçants, les agriculteurs financent leur chambre respective». Insiste sur le fait que, dans le monde de l’ESS, les chambres régionales ne sont en compétition avec personne. «Nous sommes des acteurs transversaux qui fédèrent tout le monde et ne sont en concurrence ni avec les fédérations ni avec les têtes de réseau».

«Sortir de ce statut d’association»

Denis Philippe annonce qu’il va travailler avec la secrétaire d’État et proposer que «nous soyons une région pilote pour expérimenter». «Je pousse, poursuit-il, pour que le statut des Cress évolue. Nous devons sortir de ce statut d’association qui ne correspond en rien à la réalité. L’idée que je défends est que l’approche plus entrepreneuriale que nous développons depuis des années dans cette région soit retenue comme un statut pilote». Met en exergue le succès remporté par le Salon de l’ESS et souhaite qu’il puisse être organisé toutes les années et que «d’avantage de coopératives, de fondations nous rejoignent». Il entend disposer de moyens supplémentaires pour, notamment, amplifier la présence de la Chambre dans les départements, «afin d’être toujours plus proches de nos entreprises. De même nous travaillons avec les métropoles niçoises et toulonnaises afin de développer des partenariats». La dynamique est là, la Cress Sud entend aussi travailler sur les fonds européens, les JO et, «le développement durable, un sujet que nous allons travailler à partir de l’habitat. Je rappelle à ce propos que nous comptons dans nos adhérents des bailleurs sociaux».

«Une levée de fonds de 825 000 euros»

La Cress Paca a par ailleurs réalisé une levée de fonds de 825 000 euros auprès de ses partenaires et adhérents en décembre. Une opération, explique Denis Philippe, «qui a permis à nos partenaires investisseurs de renouveler leur confiance, avec des sommes plus conséquentes». Un succès, signale-t-il, qui est le fruit d’une première expérience d’émission de titres associatifs en 2015. «Nous avons remboursé la totalité et positivé l’investissement de nos partenaires. Sachant que nous étions alors la première Cress à mobiliser des titres associatifs en France». Il est donc on ne peut plus clair que la Cress Sud veut poursuivre son développement pour être «toujours plus au service des entreprises de l’économie sociale et solidaire».
Enfin, Denis Philippe n’entend pas jouer solo avec le gouvernement: «Je sais que des chambres telles celles des Haut-de-France, ou d’Ile-de-France par exemple, sont sur les mêmes positions que nous. J’aimerais que nous fassions cause commune pour aller voir le gouvernement».
Michel CAIRE

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Ils ont dit

En ouverture de cette rencontre ce sont donc Fabrice Julien, directeur de la clinique de Bonneveine et Benjamin Borel de «Pain et partage» qui ont raconté le quotidien de leur structure, les avancées comme les difficultés sans oublier leur supplément d’âme.
Située à Marseille, dans le 8e arrondissement, la clinique Bonneveine est un établissement médico-chirurgical pluridisciplinaires privé à but non lucratif. Fabrice Julien explique «Comme tous les établissements de santé nous avons dû traverser plusieurs crises: Covid, vaccination, interrogation sur notre système de santé et, depuis quelques mois avec des prix de l’énergie et de l’alimentation qui explosent. Certes l’État a accompagné les établissements mais cela ne fait pas tout et, aujourd’hui, les évolutions de rémunération qui ont lieu dans le public ne se retrouvent pas dans le privé non lucratif. Tout ceci se passe dans un contexte de crise du personnel de soins avec des personnes qui changent totalement d’orientation. Cela devient complexe de trouver certains postes, notamment, sur Marseille, de manipulateur radio. Nous avons un poste à pourvoir et nous n’arrivons pas à trouver». Il ajoute: «Du personnel part, c’est dur de le remplacer et ceux qui restent souffrent de plus en plus». Il avoue: «Depuis l’enfance j’ai toujours voulu gérer un établissement de soins pour aider, porter des solutions, pas pour être constamment sous la pression économique et financière». D’autant que l’intérêt de son établissement n’est plus à prouver: «Nous sommes accès sur l’accueil de personnes vulnérables, personnes âgées, personnes en situation de handicap, cela a du sens mais des problèmes économiques nous empêchent d’aller plus vite et plus loin».

Benjamin Borel pour sa part indique que, créée en 2013, la SCIC Bou’Sol assure l’émergence et l’animation de boulangeries solidaires «Pain et Partage» actuellement implantée sur Marseille et Montpellier territoires sur lesquels elle fournit «un pain bio, de qualité artisanale, local et solidaire à la restauration collective». Pain et partage fournit le secteur éducatif «de la crèche à l’université, des restaurants d’entreprise comme CMA-CGM, le secteur médico-social, notamment l’hôpital Saint-Joseph et le secteur caritatif sur Marseille». Les boulangeries utilisent des farines sans additifs ni améliorant et s’inscrit dans une logique de circuit court pour s’approvisionner. «Nous sommes par ailleurs une organisation apprenante et inclusive. Nous accueillons et formons des migrants, des personnes qui ont connu des ruptures dans leur parcours de vie». L’entreprise est en plein développement, elle va s’implanter à Paris dans le but de fournir la restauration collective mais aussi à La Ciotat (13), dans un quartier de la politique de la ville, où elle va ouvrir sa première boulangerie. Pourtant les problèmes sont là: «Nous devons faire face à des questions d’approvisionnement avec le changement climatique et la guerre en Ukraine qui a déstabilisé le marché de la matière première, une explosion du prix de certains équipements et une augmentation des coûts de l’énergie qui pourrait être multiplié par 2,3 ou 4 on ne sait pas encore à quelle sauce nous allons être mangés».
M.C.)]

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