Publié le 22 octobre 2015 à 20h17 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 20h42
La trentaine épanouie, le regard tranchant et sombre d’un fils «de Français et d’Espagnole» comme il se qualifie lui même, le cheveu noir et le port altier : on a du mal à croire que Marc Larcher est né en 1977 à Metz tant il respire et incarne le Sud… Il en sourit de cette naissance en Lorraine, ne reniant rien mais ayant tout de même choisi Montpellier comme port d’attache. Samedi et dimanche, à l’Odéon, le ténor incarne Sou-Chong, prince chinois et héros de l’opérette de Franz Lehar «Le Pays du Sourire ». Et n’allez pas croire que ce rôle est de tout repos pour lui : «Rendez-vous compte, on passe du ré grave au si naturel, c’est vraiment écrit pour un ténor lyrique.» Une tessiture que Marc Larcher revendique : «J’ai toujours été lyrique. Il ne faut pas oublier que j’ai débuté comme bayton.» Mais lorsque l’on lui demande comment sa voix a évolué ces derniers mois, voire ces dernières années, Marc Larcher reste dubitatif. «J’ai du mal à répondre à cette question car travaillant tous les jours c’est difficile pour moi de déceler des évolutions. En fait ce sont mes amis qui commentent et qui me disent que j’ai gagné en assurance, en volume…»
On ne peut pas vraiment dire que le ténor ait un poil sur la langue à défaut de l’avoir dans la main. Il est plutôt du genre travailleur sans compter. «En fait, depuis le Chanteur de Mexico en février dernier, je ne me suis pas arrêté. J’ai eu la chance d’enchaîner quelques premiers plans intéressants. A commencer par «Le Guitarrero» au Théâtre de la Porte Saint-Martin mis en scène par Vincent Tavernier. Halévy a composé cette œuvre six ans après «La Juive» et c’était vraiment très intéressant de recréer ce rôle. J’ai fait «La Belle Hélène», Piquillo dans «La Périchole», «Roméo et Juliette» de Gounod et j’ai pris le rôle d’Hoffmann à Marmande. En fait, mes vacances ont été consacrées à travailler ce quadruple rôle… Professionnellement ça a été une année intense, mais j’adore ça. Puis je suis au Théâtre des Champs Elysées à plusieurs reprises la saison prochaine. Dès le mois de décembre j’ai un tout petit rôle dans « Norma » puis après je chante dans «Werther» aux côtés de Joice Di Donato et Juan Diego Florez puis j’ai deux beaux rôles dans Tristan et Iseult de Wagner… C’est une bonne période pour moi et j’apprécie beaucoup. »
Marc Larcher sera aussi dans quelques jours aux côtés de Léo Nucci pour «Il Due Foscari» de Verdi, en version concertante; il retrouvera l’Odéon en janvier pour «Andalousie». Après : «Je vais essayer de prendre quelques jours pour trouver un appartement à acheter à Montpellier. J’en ai marre de louer et de pas être souvent chez moi, autant devenir propriétaire! »
Pour en revenir à la production du «Pays du Sourire», Marc Larcher nous confie qu’il est très heureux d’y participer. «Je chante avec Charlotte Despaux qui incarne Lisa. Elle est une vraie soprano lyrique et nous nous entendons merveilleusement bien. Nous avons fait les Contes d’Hoffmann ensemble l’été dernier. C’est une chance énorme de l’avoir comme partenaire surtout dans cette production où Jack Servais a gommé tout le superflu, tous les trucs français qui n’apportaient rien de plus à l’œuvre. C’est une version épurée, mais émotionnellement puissante qui est offerte au public avec une vrai problématique de race et de traditions qui peut être transposée à notre époque. Puis pour cette production, nous bénéficions des costumes de l’Opéra, notamment ceux créés par Katia Duflot pour « Turandot ». Oui, vraiment, je suis très heureux d’en être. »
Quant à nous, nous serons très heureux de l’entendre, ce Prince Sou-chong si méditerranéen !
Michel EGEA
Pratique – «Le Pays du Sourire» de Franz Lehar, opérette romantique en trois actes. Au Théâtre de l’Odéon, 162 La Canebière. Représentations les 24 et 25 octobre à 14h30. Réservations : 04 96 12 52 70.