Publié le 20 juillet 2018 à 11h30 - Dernière mise à jour le 9 juin 2023 à 21h51
Ce 23 juillet à thecamp (Aix-en-Provence), le député (LREM) des Bouches-du-Rhône, Mohamed Laqhila, membre de la commission Pacte (Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises), sollicite le monde économique et l’invite à s’exprimer sur le texte de loi en question. Objectif : l’enrichir et favoriser le dépôt d’amendements, avant l’examen de ladite loi au mois de septembre. Zoom sur quelques mesures qui pourraient prêter à discussions.
Faire grandir les entreprises
Mais cette loi n’est qu’«une nouvelle étape dans ce que l’on souhaite de transformation économique pour la France. Dès 2017, nous avons commencé avec le nouveau code du travail, nous avons poursuivi avec la question de la fiscalité, en votant via la loi de finances, la “Flat tax”, limitée à 30% des revenus du capital. Nous nous sommes également penchés sur la question de l’impôt des sociétés. Nous avons poursuivi en 2018 avec la réforme touchant à la formation professionnelle, qui offre notamment un cadre renouvelé pour l’apprentissage… Et aujourd’hui, on en vient donc à la loi Pacte, avec la volonté de faire grandir les entreprises», rappelle Mohamed Laqhila. Il faut dire en effet que le tissu économique français est composé à plus de 90% de PME et de TPE, et que les ETI (Entreprise de taille intermédiaire) se font plus rares… «On en compte 5 800 sur notre sol quand il y en a 12 500 en Allemagne». Faire grandir les entreprises, cela veut dire par exemple jouer sur des leviers comme les seuils d’effectifs. «Au lieu des 199 actuels, nous proposons de n’en garder que trois : onze, cinquante et 250 salariés. Des exceptions seront peut-être prévues, mais il nous faut pour cela écouter les chefs d’entreprise». Autre mesure à la vocation simplificatrice, celle liée à la possibilité de créer son entreprise en ligne. «39% de structures le font aujourd’hui, nous voudrions parvenir à 100%. Avec la volonté de mettre en place une plateforme unique, au lieu de multiplier les CFE ou Centres de formalités des entreprises». Chaque instance dispose actuellement de son propre centre, reste donc à s’enquérir auprès d’elles si ce guichet numérique unique leur semble aller dans le bon sens. Autre point sur lequel Mohamed Laqhila mettra sans doute l’accent lors de cette concertation, le fait de ne pas oublier le droit à l’échec des entreprises, alors que dans l’Hexagone, 57 000 entreprises ont fait l’objet d’une procédure judiciaire, qu’il s’agisse de sauvegarde, redressement ou liquidation en 2016 (étude du cabinet Altares). «Ceux qui se sont plantés ne doivent plus être fichés. Ils doivent pouvoir accéder aux marchés publics, même s’ils sont en situation de redressement, au lieu d’en être exclus. Cela n’est pas porté aujourd’hui par la loi». A contrario, le député alerte également sur «les spécialistes du dépôt de bilan», phénomène contre lequel il faut lutter.
Redéfinition de l’objet social de l’entreprise
Mais faire grandir les entreprises, c’est aussi offrir une meilleure répartition aux salariés. «Nous entendons créer les conditions permettant de créer de la richesse et d’enregistrer de l’excédent, celui-ci doit être redistribué, non seulement aux actionnaires mais également aux collaborateurs», souligne Mohamed Laqhila. Un sujet qui lui tient à cœur et sur lequel il est bien décidé à «se battre»: la question de la redéfinition de l’objet social de l’entreprise. L’article 1833 du code civil, qui a fait l’objet de controverses entre le ministre de la Transition écologique et solidaire Nicolas Hulot et le patronat, devrait être réécrit, notamment dans le but d’affirmer la nécessité pour les sociétés de prendre en considération les enjeux sociaux et environnementaux inhérents à leur activité. «Il est évoqué l’obligation pour les grands groupes de réaliser du reporting sur leurs actions relevant de la RSE. Pour autant, toutes les entreprises qui se créent, même celles de petite taille, s’investissent dans l’éco-responsabilité, parfois même sans s’en rendre compte. Ce peut être par de petits gestes permettant l’économie des ressources… Ainsi, pourquoi ne pas matérialiser cela par le biais d’indicateurs ? Je défendrai quelques amendements sur ce sujet». Enfin, autre thématique sur laquelle le député des Bouches-du-Rhône mettra en exergue ce 23 juillet, et dont il entend se saisir au moment des discussions dans l’hémicycle, le mois de septembre venu : la protection du plus petit. Par exemple en mettant en place un statut de séparation de patrimoines (le privé, le professionnel) pour l’entreprise individuelle… ou en agissant sur la problématique des relations fournisseurs. «L’État, les grands groupes sont de mauvais payeurs. Or, une petite entreprise de 10 salariés ne peut être suivie par sa banque si elle est continuellement rétribuée à 90 jours, à 120 jours. Une loi existe déjà à ce propos, mais il nous faut voir comme engager les grands donneurs d’ordre à la respecter plus scrupuleusement ».
Carole PAYRAU