Publié le 23 mars 2015 à  22h17 - DerniÚre mise à  jour le 9 juin 2023 à  21h52
AprĂšs ce temps de retrait et d’immobilitĂ© apparente de l’hiver, le jaillissement de vie du printemps est de retour. Le mouvement, la croissance et l’ouverture.
Ne vous est-il jamais arrivĂ© de percevoir en vous cet Ă©lan tout en vous sentant comme empĂȘchĂ©(e)? Le temps de l’ambivalence. Le « oui, mais… ». Ces mouvements contraires en nous provoquent toujours un inconfort. DerriĂšre nos hĂ©sitations, nos faux dĂ©parts, s’expriment souvent des besoins contradictoires Ă la frontiĂšre de la sĂ©curitĂ© du connu et de l’Ă©lan vers un renouveau. Comment traverser ces lieux d’arrĂȘt du mouvement en nous? Un premier point me semble essentiel: ne rien rejeter, tout intĂ©grer. «Tout ce qu’on rejette, on le renforce, tout ce qu’on accepte, on le transforme » (Jean-Yves Leloup). Aucune Ă©motion n’est nĂ©gative, la peur, la colĂšre par exemple, ne sont pas des ennemis qui agissent contre nous, ce sont des signaux sur le chemin de notre Ă©volution. Ces Ă©motions peuvent nous aider Ă identifier certains de nos besoins. Observer nos mouvements intĂ©rieurs sans Ă priori ni jugement. Seulement observer les sensations, les Ă©motions et les pensĂ©es qui nous traversent en nous dĂ©gageant d’une vision duelle de sĂ©paration, de catĂ©gorisation, d’Ă©valuation. Tenir ensemble toutes nos contradictions, parce que c’est leur somme qui constituent notre moi, avec la conscience qu’il y a un lieu en nous oĂč elles ne s’affrontent plus, un lieu d’union et de paix qui les accueille et les englobe toutes avec respect, bienveillance et tendresse pour la vie qui s’exprime lĂ , telle qu’elle s’exprime.
La vie m’apparaĂźt comme un pĂšlerinage vers ce lieu intĂ©rieur.
La problĂ©matique que rencontre le randonneur est celle de la charge qu’il transporte. Pour avancer loin et longtemps, il est nĂ©cessaire de voyager lĂ©ger. Faire le tri de l’essentiel et du superflu. Se dĂ©sencombrer.
Le pĂšlerin de vie est un randonneur spirituel. La charge de nos souvenirs, de nos concepts, de nos habitudes, de nos mĂ©canismes de dĂ©fense, peuvent nous alourdir et reprĂ©senter un handicap dans notre avancĂ©e vers ce lieu en nous oĂč cesse le tumulte, vers ce pur silence, cette pure lumiĂšre qui se cache dans nos profondeurs et d’oĂč naĂźt la joie pure, inconditionnelle.
S’allĂ©ger donc… L’exercice extĂ©rieur nous modĂšle Ă l’intĂ©rieur. Nos grands-mĂšres faisaient «le grand nettoyage de printemps». Pour nous mettre en accord avec cette Ă©nergie de saison, entrer dans une relation de non-dualitĂ© Ă©galement entre moi et mon environnement, l’option d’un grand nettoyage peut ĂȘtre envisagĂ© en effet.
Sur le plan matĂ©riel, se dĂ©barrasser du superflu, donner, jeter ce qui nous est devenu inutile, voilĂ une dĂ©marche qui nous invite Ă une investigation: pourquoi ai-je tant de mal Ă me sĂ©parer de ce vieux pull que je ne porte mĂȘme plus? Qu’est-ce que le fait de le conserver nourrit en moi? La satisfaction de quel besoin?
Cela peut ĂȘtre, Ă travers une action extĂ©rieure, la voie d’une introspection qui me rĂ©vĂšle Ă travers ma difficultĂ© Ă lĂącher, mes points d’accroche plus que d’ancrage. C’est le «qui perd gagne». Le passage de la quantitĂ© Ă la qualitĂ©.
Ă la rĂ©daction de cet article un koan zen qui m’est cher me vient Ă l’esprit, je vous le livre: « Ma maison ayant brĂ»lĂ© de fond en comble, plus rien ne me cache la vue de la Lune qui brille».
Deux livres peuvent accompagner dans cette démarche:
«L’art de l’essentiel» de Dominique Loreau aux Ă©ditions J’ai Lu, collection Bien-Ătre.
et «Vers la sobriété heureuse» de Pierre Rabhi aux éditions Actes Sud.