Publié le 13 décembre 2020 à 8h36 - Dernière mise à jour le 9 juin 2023 à 22h05
Dans le cadre des 5 ans de l’Accord de Paris sur le Climat, la maire de Marseille, Michèle Rubirola, a souhaité s’adresser aux Marseillaises et aux Marseillais pour déclarer l’état d’urgence climatique afin d’agir au niveau local autour des problématiques environnementales.
Le texte de la déclaration de la Maire de Marseille :
«Nous vivons les années les plus chaudes de l’histoire de notre planète. 2020 va sans doute battre un nouveau record. Et nous vivons dans une région particulièrement exposée aux risques du dérèglement climatique. C’est pourquoi j’ai décidé de déclarer l’état d’urgence climatique à Marseille. La couleur rouge -qui illuminera la Mairie, vendredi et samedi- est celle de l’urgence.
Les scientifiques sont unanimes : nous devons réagir. Et vite.
L’Accord de Paris a déjà 5 ans : 195 États ont signé le premier accord mondial juridiquement contraignant sur le changement climatique. Malgré cela, les émissions de gaz à effet de serre ont continué à augmenter. Les États ont du mal à joindre les actes à la parole. Mais nous aussi, au niveau local, nous pouvons agir. D’après l’ONU, 70% des actions à entreprendre dans la lutte contre le dérèglement climatique sont des actions locales. Cet état d’urgence climatique est un engagement. Il sera voté lors du 1er Conseil municipal de l’année 2021. Des centaines de conseils municipaux à travers le monde l’ont déjà pris.
Nous allons mettre en place une politique :
- -de réduction des émissions de gaz à effet de serre ;
- -de restauration des ressources naturelles ;
- -et d’adaptation de notre ville aux impacts du dérèglement climatique.
Cet impératif sera présent dans chacune de nos décisions. Il nous poussera à développer des solutions vertueuses, celles qui rendent possible la lutte contre les crises (écologique et sociale), tout en protégeant les plus vulnérables d’entre nous. Cette crise est une menace mais elle est aussi une opportunité. Elle nous pousse à préparer la ville de demain : ce sera une ville plus apaisée, une ville plus végétalisée, qui produit une partie de son alimentation, qui protège ses espaces naturels et agricoles, avec des transports en commun et des pistes cyclables de qualité, une ville moins polluée. Bref, nous allons changer Marseille.
la municipalité se doit d’être exemplaire.
Nous mobiliserons tous les acteurs publics et privés pour préparer cette ville de demain, mais nous allons commencer par nous-mêmes : la municipalité se doit d’être exemplaire.
- -Nous avons lancé un plan de rénovation énergétique des bâtiments municipaux.
- -Nos commandes publiques vont être revues pour être plus vertueuses.
- -Nous soutenons la rénovation de l’habitat dégradé, pour lutter contre la précarité énergétique.
- -Nous lançons un plan de développement des énergies renouvelables, dont bien sûr le solaire. C’est pour moi une évidence : nous sommes la région la plus ensoleillée de France.
- -Nous projetons de créer une « Cité de la Transition », un lieu qui soutiendra la recherche et le développement sur ces projets de transition en valorisant nos pôles d’excellence universitaires et les entreprises de la transition écologique.
- -Nous allons lutter contre la pollution de l’air : Marseille est l’une des villes les plus polluées de France. L’enjeu sanitaire est énorme.
- -Nous voulons « enlever du béton », c’est-à-dire empêcher l’artificialisation des sols naturels et les végétaliser. La Ville de Marseille va par exemple mener une expérience pour désimperméabiliser les cours d’école.
Beaucoup de ces idées sont nouvelles. C’est pourquoi je tiens à ce qu’elles soient partagées avec toutes les Marseillaises et tous les Marseillais. La transition écologique est un effort utile. Cet effort doit être soigneusement étudié, il doit être juste, il doit être partagé.
Des villes autour de la Méditerranée s’engagent sur la même voie
Nous allons donc instaurer un dialogue entre élus, citoyens, associations, ONG, experts : Marseille a déjà voté, lors du Conseil municipal du 5 octobre, la mise en place d’une « Assemblée citoyenne du futur ». Sa vocation sera de concilier les enjeux climatiques et de justice sociale, d’implication citoyenne et de transparence : ce que je veux, c’est que la transition écologique soit une politique publique coconstruite. Nous ne sommes pas les seuls à nous préoccuper des urgences climatiques. Des villes autour de la Méditerranée s’engagent sur la même voie. 62 ont signé la Convention des maires pour le climat et l’énergie en Méditerranée. Marseille est une capitale de la Méditerranée : nous ne resterons plus à la traîne. La solidarité entre ces villes est une clé pour relever ce défi. Le défi climatique, nous ne l’avons pas choisi, il s’impose à nous. Je suis fière d’être Marseillaise parce que nous serons capables de le relever, comme n’importe quel autre. Mais celui-ci est plus important que les autres. Parce que nous ne le relèverons pas seulement pour nous. Nous le relèverons aussi pour nos enfants et nos petits-enfants.»
[(L’Accord de Paris sur le Climat (COP21) en bref
-L’Accord de Paris sur le climat (ou « French Paris agreement »), adopté le 12 décembre 2015 à l’issue des négociations de la COP21, est entré en vigueur le 4 novembre 2016.
-Fin 2019, sur 197 parties signataires, 183 l’avaient ratifié.
Il s’agit là du premier accord international sur le climat à caractère universel. Il constitue une étape majeure dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Dans ce document, presque tous les pays de la planète se mettent d’accord, sur la base de rapports scientifiques, sur un objectif commun : contenir d’ici 2100 le réchauffement climatique bien en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels, et poursuivre les efforts pour limiter la hausse des températures à 1,5°C. Par ailleurs est proclamé l’objectif de la neutralité carbone (ou objectif de zéro émission nette), à savoir l’équilibre entre les émissions de gaz à effet de serre et la compensation permise par les puits ou réservoirs de carbone, comme les forêts. Le texte incite en outre les pays développés à soutenir les efforts des pays en développement. Il reconnaît notamment la situation particulière des pays les moins avancés (PMA) et des petits États insulaires en développement. Souvent décrit comme le meilleur accord possible, eu égard aux intérêts nationaux divergents, il est toutefois critiqué sur quelques points. Accord contraignant, il n’est pas assorti de mécanisme coercitif ou de sanctions. Mais le principe de transparence impose régulièrement aux États parties des « contributions déterminées au niveau national » (CDN), et de rendre compte de leurs émissions et des efforts fournis pour atteindre les objectifs communs. Un bilan collectif est également prévu tous les cinq ans à compter de 2023.)]