Publié le 6 décembre 2022 à 8h03 - Dernière mise à jour le 8 juin 2023 à 15h50
Dans le cadre de l’ouverture, ce lundi 5 décembre, de l’acte V de Méditerranée du Futur, Renaud Muselier, président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, président délégué de Régions de France, accueillait le Prince Albert II de Monaco au sein de l’Hôtel de Région et Nasser Kamel, Secrétaire général de l’Union pour la Méditerranée (UpM), ils ont assisté à une présentation approfondie de l’initiative « Pliff » (PAMEx Locally Investment Facility), facilité financière d’investissement dont l’objectif est de lever 1 milliard d’euros à destination de projets environnementaux en Méditerranée. Cette présentation vient en préambule de la signature solennelle de la charte du « Pliff » qui se tiendra ce mardi 6 décembre, au Parc Chanot, lors de la seconde journée de Méditerranée du Futur.
«Nous sommes réunis pour lancer cet acte V de Méditerranée du Futur. Depuis des décennies, on n’a jamais cessé de parler de tout ce qui unit les femmes et les hommes autour de la Méditerranée. Avant tout parce que le monde méditerranéen est un monde complexe : écartelé entre violence et paix, entre civilisation et barbarie, entre humanisme et intégrisme», déclare Renaud Muselier, qui rappelle que la région Provence-Alpes-Côte d’Azur est «la porte d’entrée méditerranéenne de la France comme de l’Europe». Il revient sur la genèse de l’événement : «Il y a 5 ans, nous avons fait un pari un peu fou, avec le grand Antoine Sfeir : lancer Méditerranée du Futur, le rendez-vous des territoires euro-méditerranéens. Le rendez-vous des gouvernorats, des régions, des unions de municipalités, des wilayas – le rendez-vous, en fait, des artisans du dernier kilomètre de la Méditerranée. Avec un message à tous les Méditerranéens : travaillons ensemble». Et d’inviter à mettre les forces en commun: «pour bâtir cette union qui ne connaît ni Sud, ni Nord, qui ne fixe aucune hiérarchie entre les nations. Avec un choix déterminé, les blocs d’amour contre les blocs de haine, pour construire avec ceux qui veulent une Méditerranée apaisée et prospère». Renaud Muselier affiche une certitude: «L’avenir de l’Europe se joue en Méditerranée, cette mer d’où vient sa richesse, et d’où viendra demain sa jeunesse et son élan».
«Bâtir la Méditerranée du Futur ne revient pas à faire table rase du passé»
Renaud Muselier tient à préciser que «bâtir la Méditerranée du Futur ne revient pas à faire table rase du passé. Ce n’est en aucun cas une page blanche. Au contraire, dans chacun de nos territoires, nous assumons tout, et nous regardons notre histoire dans les yeux. Comme les pères fondateurs de l’Europe lorsqu’ils ont créé la Communauté européenne». Puis en direction du Prince Albert II de Monaco, il souligne son intervention à la COP 27 où «vous avez rappelé que notre mer concentre la plupart des enjeux de ce siècle, à commencer par les enjeux environnementaux et climatiques». Et, poursuit-il: «Il y a 5 ans, Méditerranée du Futur nous a permis de nous engager à vos côtés et nous avons ainsi lancé, en 2017, la stratégie « Une COP d’avance », qui a consacré 20, puis 30, puis 40% de notre budget contre le réchauffement climatique. Autour de cinq piliers : air, mer, terre, énergie, déchets».
Le président de Provence-Alpes-Côte d’Azur rappelle encore: «Nous avons engagé des partenariats sur le climat avec le Costa Rica et Djibouti, devenant la première région de France à conventionner avec des États souverains : avec le Costa Rica, première destination éco-touristique du monde; avec Djibouti, à la demande du président de la République, pour lancer l’Observatoire régional de recherche sur l’environnement d’Afrique de l’Est».
Sur ces bases la Région est devenu le 14 novembre dernier, la région-pilote de la planification écologique en France, sur décision de la Première Ministre. «Et le 16 décembre prochain, nous adopterons le premier budget vert d’Europe, 100% dédié au climat», se félicite-t-il.
«Monaco accueille pas moins de 140 nationalités»
Le Prince Albert II rappelle que Monaco accueille pas moins de 140 nationalités, les Monégasques étant minoritaires. Il en vient à la Méditerranée en évoquant Oran-Marseille chanson de Khaled et IAM: «Les cultures, les mœurs, les couleurs dansent comme dans une aquarelle». Après avoir évoqué la diversité de la Méditerranée, il en vient aux enjeux fondamentaux: la nutrition et l’énergie tout en rappelant: «Les ressources de la Méditerranée sont en péril si on ne prend pas, collectivement, les mesures qui s’imposent». Il importe pour lui de s’inscrire dans une logique de développement durable «y compris pour la pêche». Et de lancer: «Sans cette prise de conscience point de Méditerranée du futur voire de futur pour la Méditerranée ».
«La Méditerranée est notre mer. Lorsqu’elle souffre nous souffrons»
Il ne manque pas, alors, de signaler avoir créé, en 2006, sa propre Fondation «Protéger et faire progresser la Santé Planétaire» pour les générations actuelles et futures. Active au niveau international, la Fondation porte l’ambition de fédérer scientifiques, responsables politiques, acteurs économiques et civils autour de la préservation de l’océan et de la terre. L’action pérenne de la Fondation a permis de remporter des victoires encourageantes que ce soit en matière de sauvegarde d’espèces menacées ou d’amélioration des conditions de vie de communautés rurales grâce à l’implantation de nouvelles solutions durables et éthiques. Par son action, la Fondation Prince Albert II de Monaco participe à la réalisation des Objectifs de Développement Durable définis par les Nations Unies dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, afin de bâtir un monde de paix plus juste et plus équitable pour les Hommes et pour la Planète. Il signale également la création en cours de l’Académie de la mer à Monaco «l’IEP d’Aix a déjà pris part à des réunions préparatoires». Et de conclure: «La Méditerranée est notre mer, notre honneur, c’est aussi un devoir. Lorsqu’elle souffre nous souffrons».
«Nous pouvons être à l’avant garde»
Nasser Kamel, le Secrétaire général de l’Union pour la Méditerranée, invite à son tour «à travailler ensemble pour répondre à une menace existentielle: le changement climatique. Après l’Arctique la Méditerranée est la région qui souffre le plus du réchauffement, plus 20% par rapport à la moyenne mondiale. Et la température va augmenter de 2,2 degrés d’ici 2040. Mais nous ne sommes pas là que pour alerter, nous sommes aussi là pour montrer que des solutions existent et nous pouvons être à l’avant-garde».
Le PLIFF, (PAMEx Locally Investment Facility) est ensuite présenté. Il s’agit d’une plateforme financière, coprésidée par un représentant du Nord de la Méditerranée et un de la rive Sud. L’enjeu est de lever 1 milliard d’euros de capitaux, d’assistance technique, de fonds propres et d’emprunts d’ici 2024, à déployer d’ici 2030. L’objectif est «de rendre possible financièrement des projets intelligents, s’inscrivant dans une logique de respect de l’environnement, concrets et utiles pour la vie des habitants et la survie de la Méditerranée.» Un Consortium qui est coordonné par le R20 -ONG qui a pour mission d’accompagner les autorités locales et régionales du monde entier dans le développement et le financement de projets d’infrastructures durables. Le Pliff va financer des opérations entre 5 et 75M€.
Michel CAIRE