Publié le 18 janvier 2019 à 9h31 - Dernière mise à jour le 9 juin 2023 à 22h19
Les premiers mois d’activité de l’Aéroport Marseille-Provence (AMP) ont été marqués par les grèves, avec l’annulation de 1 440 vols. Pourtant le cru 2018 s’avère satisfaisant. L’aéroport reste sur une dynamique de croissance, avec une évolution du trafic de 4,3%. Pour atteindre les 10 millions de passagers espérés en 2019, il faudra multiplier les vols, les compagnies présentes sur le tarmac ainsi que développer la zone de chalandise, pour aller chercher les passagers encore plus loin… C’est en bonne voie.
«2018 est une bonne année, dans un contexte national et international difficile pour le trafic aérien. Nous enregistrons de solides performances pour 2018. Nous avions dépassé les 9 millions de passagers l’an dernier et le trafic a encore crû avec 9,4 millions de passagers. Ce qui confirme une dynamique de croissance durable». Jean-Paul Ourliac, président du conseil de surveillance de l’aéroport, se réjouit visiblement des bons résultats estampillés 2018. Pour autant, il semblerait que la croissance se tasse légèrement par rapport à l’année dernière (527 000 passagers supplémentaires en 2017, soit une croissance de 6,2% contre 400 000 en 2018, soit 4%). Les mouvements sociaux du premier semestre n’y ont pas été pour rien, puisque les grèves ont été responsables de l’annulation de 1 440 vols, soit une perte estimée à 187 000 passagers. Auraient-elles eu un impact plus prononcé sur Marseille-Provence que sur d’autres aéroports ? En effet, Lyon Saint-Exupéry franchit le cap symbolique des 11 millions de passagers, tandis que Toulouse-Blagnac dame le pion à Marseille-Provence dans le classement des aéroports régionaux les plus performants en termes de trafic passagers. Et donc sa troisième place, l’aéroport local devant se contenter d’une 4e place. Pour Philippe Bernand, président du directoire, ce n’est justement qu’un mauvais… passage. Et les dirigeants comptent bien rejouer des coudes dans le trio de tête devant Toulouse cette année. «Rendez-vous en 2019», lance le président du Directoire, sûr de lui.
Quatre petites nouvelles sur Marseille Provence
Ce qui conduira AMP à reprendre l’avantage, c’est déjà la multiplication des vols directs. C’est l’éternelle question, puisqu’il n’y en a toujours pas en direction de Métropoles clés, comme New York ou Pékin… Toutefois, les ouvertures de lignes s’enchaînent et la meilleure illustration de cela, c’est la venue d’Aeroflot. «Marseille va de nouveau être reliée à Moscou», se réjouit Julien Boullay, directeur marketing. Vols directs assurés non seulement dès ce printemps par Aeroflot, mais aussi par la compagnie Aigle Azur. Outre Aeroflot, Marseille Provence accueille trois nouvelles compagnies régulières : SAS (qui desservira Stockholm et Copenhague), Sun Express (ouverture d’Izmir) et Laudamotion (Stuttgart). Ainsi que Ryanair, qui revient donc dans le giron de Marseille-Provence, avec «une base au mois de mars, deux avions et l’ouverture de 11 nouvelles destinations, notamment vers l’Europe de l’Est». Ainsi sur 2019, l’aéroport proposera 120 destinations en vol direct, dont 21 nouvelles lignes. Au total, c’est 38 compagnies qui opèreront 167 lignes au départ de Marseille. De fait, la stratégie de développement d’AMP continue de se mettre en place. C’est «tout d’abord, la multiplication des lignes point à point, le renforcement de l’accessibilité aux grands hubs internationaux ainsi que des vols long-courriers». Et preuve que tout cela prend effet, le top 3 des performeuses sur le tarmac local est trusté par des compagnies qui s’illustrent chacune dans un de ces positionnements. En number one, la bonne élève Volotea, qui fait son point fort du ralliement des capitales régionales, en 2 la Lufthansa, connectant les grands hubs hors des frontières et en 3 Air Austral, spécialiste du long courrier… La ventilation du trafic le démontre aussi : 61% à l’international contre 39% au national… «En l’espace de 15 ans, la proportion s’est totalement inversée entre les deux», note encore Julien Boullay. Bref, «un cru qui s’annonce exceptionnel» pour les dirigeants de l’aéroport, visant le cap des 10 000 passagers fin 2019.
L’activité non aéronautique en locomotive
Pour l’atteindre, l’aéroport doit «agir en challenger», d’autant qu’il y a «beaucoup d’attentes autour du développement de cette infrastructure», rappelle Philippe Bernand. Cela sous-entend notamment d’être moteur sur le territoire, «non seulement en renforçant le trafic, mais aussi en étendant les zones de chalandises, en allant chercher les passagers le plus loin possible». C’est une dynamique déjà bel et bien enclenchée, puisque l’effort se poursuit sur la question des transports en commun. On note en effet 1 576 000 passagers en 2018, soit 7,7% de progression sur l’ensemble du réseau, comprenant notamment la L91, ou ligne Cartreize reliant la gare de Marseille Saint-Charles à l’aéroport. Laquelle augmentera ses fréquences de 30% en 2019 avec un départ toutes les 10 minutes. Ou encore Ouibus, qui réalise en 2018 une année complète d’exploitation. Et affiche jusqu’à 7 départs par jour, ainsi que 50 000 utilisateurs en 2018 (pour desservir Arles, Nîmes, Montpellier, Béziers, Toulouse, Toulon, Antibes et Nice). Autre impératif, miser sur l’expérience client, ce que devraient permettre les fonds investis dans la modernisation de l’aéroport, se chiffrant en 2018 à 42M€, dont 8M€ pour lifter totalement le Terminal 2… En 2019, 46M€ seront injectés au total. «On tend peu à peu vers le rythme de 50M€ par an», note Philippe Bernand. C’est essentiel, pour le président du directoire : «Les aéroports qui réussissent sont aussi ceux qui ont une expérience client performante». Outre la partie passagers, AMP reste stable sur le Fret, avec une petite hausse de 1% et 56 695 tonnes traitées en 2018, dont plus de 50 000 sur le fret express. Et puis, il y a aussi la partie non aéronautique de l’activité de l’aéroport, qui joue plus que jamais le rôle de locomotive : logistique, parkings, commerces… (Une part de 46%, contre 28% liée à l’aéronautique et 26% aux taxes aéroport). Ce n’est donc pas innocent si dans ses projets d’investissements, AMP a programmé l’aménagement d’un parking supplémentaire à étages, en silo, sur l’emprise du P3 existant, dont «le dernier étage sera équipé de centrales photovoltaïques qui assureront une partie de notre approvisionnement en électricité», poursuit Philippe Bernand. Bref, un pas supplémentaire dans la rationalisation des coûts… Au final, la performance d’AMP lui permet d’enregistrer une croissance de son chiffre d’affaires, passant de 140M€ en 2017 à 148M€ en 2018, soit une progression de l’ordre de 5%.
Carole PAYRAU