Publié le 16 août 2021 à 23h22 - Dernière mise à jour le 9 juin 2023 à 22h22
Lors d’une intervention de 11 minutes, ce lundi 16 août, le président de la République, Emmanuel Macron a détaillé sa stratégie alors que les talibans sont entrés dans Kaboul, capitale de l’Afghanistan. Après avoir considéré que l’engagement militaire dans ce pays, décidé par le Président Chirac en 2001 et poursuivi jusqu’en 2014 «était juste» car, il s’agissait «de combattre une menace terroriste qui visait directement notre territoire et celui de nos alliés depuis l’Afghanistan, devenu le sanctuaire du terrorisme islamiste», le chef de l’État a déclaré : «L’urgence absolue est de mettre en sécurité nos compatriotes, qui doivent tous quitter le pays, ainsi que les Afghans qui ont travaillé pour la France».
«Un tournant historique est à l’œuvre en Afghanistan», considère Emmanuel Macron alors qu’en quelques jours seulement, les talibans ont pris le pouvoir. Pour garantir la sécurité des Français encore sur place, ainsi que des Afghans qui ont travaillé pour la France le président de la République annonce avoir «décidé l’envoi de deux avions militaires et de nos forces spéciales» dans les heures à venir. «C’est notre devoir et notre dignité de protéger ceux qui nous aident : interprètes, chauffeurs, cuisiniers et tant d’autres», insiste-t-il avant de préciser à ce propos que les évacuations ont débuté en juillet et que plus de 600 personnes sont d’ores et déjà sur le sol français. «De nombreux Afghans – défenseurs des droits, artistes, journalistes, militants – sont aujourd’hui menacés en raison de leur engagement. Nous les aiderons car c’est l’honneur de la France d’être aux côtés de celles et ceux qui partagent nos valeurs», assure le chef de l’État.
«Nous n’oublierons pas nos morts, 90 au total»
Dès ses premiers mots le Président situe l’enjeu de ce qui est en cours à Kaboul «loin de nos frontières, la situation a des conséquences majeures pour l’ensemble de la communauté internationale, pour l’Europe, et pour la France». Il rappelle que le retrait de l’Armée américaine, après vingt ans de guerre est une décision : «prise successivement par le président Trump et le président Biden». Il note que, dès juin 2011 «le Président Nicolas Sarkozy avait décidé du retrait des troupes françaises, la France estimant souverainement que sa mission en Afghanistan était accomplie». Et, en 2014, sous la présidence de François Hollande, l’intervention militaire française a définitivement cédé la place «à l’action civile que nous avons continuée de mener à bien, auprès du peuple afghan». Et, il rend hommage aux soldats tombés : «Nous n’oublierons pas nos soldats. Nous n’oublierons pas nos morts, 90 au total».
«La France continuera à être à l’initiative sur le plan diplomatique»
Face à la situation actuelle le chef de l’État annonce, au-delà de l’urgence: «La France continuera à être à l’initiative sur le plan diplomatique. Pour poursuivre la lutte contre le terrorisme islamiste sous l’égide du Conseil de sécurité de l’ONU.» Des initiatives menées «en lien étroit avec les autres États européens et nos alliés». Emmanuel Macron prévient : «Notre action visera d’abord à continuer de lutter activement contre le terrorisme islamiste sous toutes ses formes». Pour le Chef de l’État, «l’Afghanistan ne doit pas redevenir le sanctuaire du terrorisme qu’il a été. C’est un enjeu pour la paix et la stabilité internationale, contre un ennemi commun, le terrorisme et ceux qui le soutiennent».
«Lutte contre les flux irréguliers»
Il émet alors quelque inquiétude concernant l’impact de la déstabilisation de l’Afghanistan «qui risque également d’entraîner des flux migratoires irréguliers vers l’Europe. La France fait et continuera de faire son devoir pour protéger celles et ceux qui sont les plus menacés». Mais, ajoute-t-il: «L’Afghanistan aura aussi besoin dans les temps qui viennent de ses forces vives et l’Europe ne peut pas à elle seule assumer les conséquences de la situation actuelle. Nous devons anticiper et nous protéger contre des flux migratoires irréguliers importants qui mettraient en danger ceux qui les empruntent, et nourrissent les trafics de toute nature». Le président Macron annonce dans ce cadre : «Nous porterons donc, en lien avec la République fédérale d’Allemagne et d’autres Européens, une initiative pour construire sans attendre une réponse robuste, coordonnée et unie qui passera par la lutte contre les flux irréguliers, la solidarité dans l’effort, l’harmonisation des critères de protection, et la mise en place de coopérations avec les pays de transit».
Il conclura son intervention en rappelant : «Le peuple afghan a le droit de vivre dans la sécurité et le respect de chacun. Les femmes afghanes ont le droit de vivre dans la liberté et la dignité. Le destin de l’Afghanistan est entre ses mains mais nous resterons fraternellement aux côtés des Afghans et des Afghanes».
Michel CAIRE
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