Publié le 4 décembre 2022 à 20h05 - Dernière mise à jour le 8 juin 2023 à 15h52
On le sait, Renaud Capuçon avait une folle envie de partager son temps entre son violon et la direction d’orchestre et même d’unir les deux. Samedi au Grand Théâtre de Provence, il l’a fait avec bonheur et faisant briller, entre autres, la musique des compositeurs français.
Du plaisir, du plaisir, encore du plaisir… En cette fin de samedi pluvieux, tout le monde en a pris au Grand Théâtre de Provence qui affichait complet. A commencer par les musiciens de l’Orchestre de Chambre de Lausanne qui se retrouvaient face à un programme des plus attrayants, mais aussi des plus ardus, qui leur donnait l’occasion de proposer des œuvres majoritairement composées par des français : Berlioz, Fauré et Ravel. Sous la baguette et l’archet de leur directeur musical (depuis 2021), Renaud Capuçon, s’il fallait qualifier ce moment musical en utilisant trois vocables, ils seraient raffinement, poésie, romantisme.
Raffinement et romantisme qui atteignent des sommets avec «Pelléas et Mélisande» de Fauré qui nous a fait frissonner de bonheur. Renaud Capuçon livre une direction délectable de cet opus 80 de Fauré, suivi par son ensemble qui, tout en couleurs pastel et en délicatesse, nous emmène dans un autre monde où le drame touche au paroxysme du romantisme. Très grand moment musical. Poésie avec le «Rêverie et caprice» de Berlioz, une romance peu connue et délicieuse dans cette interprétation et avec le «Ma mère l’oye» de Ravel et ses contes offerts un a un avec du sentiment et des couleurs éblouissantes. Il faut dire que Renaud Capuçon a la chance d’avoir devant lui un ensemble où la jeunesse fréquente l’expérience et où les deux s’unissent pour l’excellence.
Renaud Capuçon qui s’est offert un petit moment de virtuosité avec «Tzigane» de Maurice Ravel, véritable guet-apens pour violoniste, même expérimenté, et voyage garantit dans un ailleurs où l’Orient rejoint les steppes. Ovation méritée pour le maestro, qui a déjoué les pièges, et pour les musiciens. Raffinement et poésie, nous les avons aussi retrouvés dans la symphonie n°1 de Prokofiev qui ouvrait ce concert, quatre courts mouvements unissant classicisme, folklore et grande personnalité d’un jeune compositeur qui avait sa carrière devant lui.
Impossible, enfin, de ne pas évoquer les « bis » donnés eux aussi avec passion, «Chanson de nuit» d’Elgar et «Valse Triste» de Sibelius deux moments d’extrême beauté mélodique qui ont tiré le rideau sur un concert raffiné, poétique et romantique…
Michel EGEA