C’est en présence du ministre de la Justice, Eric Dupond- Moretti, que s’est tenue l’inauguration du parvis et du palais de Justice d’Aix-en-Provence, boulevard Carnot, et le tribunal judiciaire et les Prêcheurs vont retrouver leur vocation judiciaire. Occasion pour Sophie Joissains, maire d’Aix-en-Provence, de rappeler les années de combats menés pour garantir la place de la justice dans sa ville, les investissements réalisés pour accompagner les efforts de l’État, le ministre insistant pour sa part sur la mobilisation de l’État pour développer les moyens de la Justice dans la cité du Roy René.
Eric Dupond-Moretti, après une matinée marseillaise, rejoint la cité aixoise pour des dossiers bien moins polémiques. La justice, ici, a toujours droit de citer en centre-ville. Le ministre indique être « très fier de cette opération d’envergure qui a nécessité 3 ans de travaux et 50,5 millions d’euros. Opération à laquelle il faut ajouter celle des Prêcheurs, à quelques centaines de mètres. Lycée que nous avons acheté en 2022 et qui, après réhabilitation viendra agrandir la juridiction aixoise en 2029. Le coût des travaux s’élève, pour cette opération, à 65,8 millions d’euros. On va ainsi, en 2024 dépenser 606,7 millions d’euros , plus 19% en un an ». Un effort, indique-t-il, qui vise à permettre « d’offrir les meilleures conditions de travail » à toutes les composantes du monde juridique et de meilleures conditions d’accueil aux justiciables. Une loi qui prévoit une hausse du budget qui atteindra près de 11 milliards d’euros en 2027, soit une augmentation de près de 60% depuis 2017. « Cette loi permet aussi des recrutements historiques pour les 5 prochaines années annonçant pour Aix 256 personnels supplémentaires au minimum dont 87 magistrats sur 10 000 emplois au niveau national dont 1500 magistrats et autant de greffiers», annonce le garde des sceaux qui conclut son intervention: « Je suis très heureux d’être ici. Ce tribunal est à l’image de ce que je souhaite pour la justice : moderne, ouvert sur la cité et le plus proche possible des citoyens…».
« Le monde de la justice fait partie intégrante de l’ADN de la cité du Roy René »
Sophie Joissains évoque un « site tellement emblématique de l’identité d’Aix-en-Provence ». Signale que ce tribunal judiciaire, et le parvis qui l’entoure, ont été profondément voulu « et nous les avons âprement défendus. Sans jamais relâcher nos efforts, sans jamais renoncer à ce combat légitime ». Elle rappelle que « le monde de la justice fait partie intégrante de l’ADN de la cité du Roy René ». Le maire d’Aix-en-Provence rappelle : «Première cour d’appel de France en dehors de Paris, la tradition judiciaire de notre cité remonte en effet à plusieurs siècles. La faculté de droit d’Aix-en-Provence a ainsi fêté ses 600 ans en 2019. Capitale historique de la Provence, notre ville a, de surcroît, abrité dès le XVIe siècle, le parlement d’Ancien Régime, chargé de rendre la justice au nom du Roi ». Depuis lors, la ville d’Aix-en-Provence a toujours connu une activité judiciaire. Mais celle-ci « sans cesse grandissante, a fini par se heurter à des murs trop étroits. Dès 2001, Maryse Joissains, au lendemain de son élection, s’est mobilisée. Argumentant avec vigueur auprès de la Chancellerie pour que soit construit un nouveau pôle judiciaire, plus en adéquation avec ces besoins croissants. Au fil des années, elle aura reçu de nombreux Garde des Sceaux et plaidé la cause du tribunal auprès d’une dizaine de ministres. Ce combat, Maryse l’a mené sans répits. Pendant près de 20 ans », insiste Sophie Joissains.
« Ce tribunal intègre les dernières technologies »
Le maire d’Aix-en-Provence décrit le nouveau tribunal : « Un édifice de 9 000 m², moderne et lumineux, conçu par l’architecte Marc Barani. Imposant, aussi, avec ses immenses monolithes de béton. Magnifié et baigné d’une douce lumière naturelle grâce à ses superbes façades vitrées et à son toit, qui permettent d’apercevoir la verrière du Palais Verdun, traçant ainsi un lien ténu et naturel entre ses bâtiments complémentaires. Il incarne également une ville, Aix-en-Provence, qui valorise ses traditions tout en embrassant l’innovation ».
« Ce tribunal, poursuit-elle, intègre les dernières technologies afin d’améliorer l’efficacité des procédures judiciaires, tout en préservant l’intégrité et la solennité nécessaires aux salles d’audience ». Sophie Joissains précise que la Ville n’est pas restée les bras croisés devant cette opération. « La Ville a ainsi réalisé l’intégralité du parvis qui l’entoure en y consacrant un financement particulièrement important de 3,5 millions d’euros. Cet aménagement de l’espace urbain a été conçu avec la volonté de mettre en œuvre un projet global aux abords du tribunal, tenant compte des exigences de sécurité, de l’insertion architecturale du nouveau bâtiment et de la nécessité de créer un espace cohérent et fonctionnel ». L’ensemble comprend, notamment un parvis devant l’entrée principale, l’aménagement d’un cours urbain le long du Boulevard Carnot, ainsi que l’aménagement de trottoirs et la création d’une voie de tourne à gauche sur le Boulevard des Poilus.
Cette requalification du site qui a duré 12 mois en tout, a vu la création d’un bassin de rétention de 200 m3 , la reprise des réseaux, pluvial et fibre optique notamment, la réfection des chaussées adjacentes, ainsi que la reprise complète de l’éclairage. « Nous avons également procédé à l’installation de bornes de défense permettant de sécuriser les accès au tribunal, à la pose de bancs et de mobilier urbain, et enfin au creusement des fosses permettant la plantation des arbres d’alignement afférents ». D’autres aménagements, complémentaires de ce projet, sont en cours dans la rue Manuel et se termineront avec ceux, programmés, de la Place Miollis, juste en face. « L’objectif est d’assurer, à l’issue des travaux, une liaison piétonne directe entre le tribunal judiciaire et le palais de justice sur les places comtales d’ici 2025. Un cheminement qui permettra aussi de rejoindre le Couvent des Prêcheurs, vendu par la Ville au Ministère de la Justice et où les juridictions civiles seront bientôt regroupées ». Ce lieu renoue ainsi avec son passé. « À partir de 1776, la démolition du palais du Parlement laisse, en effet, sans locaux les parlementaires qui s’établissent alors aux Prêcheurs ». Il abritera la justice jusqu’à la mise en service du nouveau complexe en 1 832.
Sophie Joissains de conclure : « Je voudrais aussi saluer l’ensemble des représentants du monde judiciaire, les avocats, les magistrats et les personnels de greffe. Tous jouent un rôle fondamental pour garantir l’accès à une justice impartiale pour les citoyens de notre pays. Je tiens également à saluer très chaleureusement le Garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, qui nous honore de sa présence aujourd’hui pour cette inauguration ».
Michel CAIRE