Publié le 10 juin 2014 à 20h31 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 17h52
La compagnie Débrid’Arts mène depuis 13 ans une aventure culturelle et artistique avec des enfants de différents pays : «L’Odyssée des enfants». Des enfants du Québec – Théâtre des Gros Becs, du Maroc – Fondation Dar Bellarj et de France – école Wallon – se réunissaient sur scène autour d’un texte de Jean Cagnard écrit à partir d’ateliers théâtre, menés par Judith Arsenault et sur des musiques composées par Lionel Romieu.
Cette année, des femmes du Maroc se joindront aux enfants sur scène, ainsi que des seniors d’Aix-en-Provence en explorant toujours sous forme de textes courts et mordants, parfois poétiques, d’autres fois par des chansons, le thème de «la famille». Le spectacle sera également présenté la saison prochaine à l’Institut Culturel Français de Marrakech (représentations prévues à la Toussaint).
« L’arbre qui a gêné ma logique » saison 2: le vendredi 13 juin à 14 heures et 19h30 et le samedi 14 juin à 14h30 au Bois de l’Aune -1 bis, place Victor Schoelcher, 13090 Aix-en-Provence. Entrée gratuite sur réservation au 04.42.93.85.40
Plus d’infos : Débrid’Arts
Pourquoi un spectacle intergénérationnel ?
Débrid’Arts d’expliquer: «Le vieillissement de la population interpelle. Modifiant la structure des âges, il refaçonne notre manière de voir le monde, nos attentes et nos parcours de vie. Depuis quelques années seulement, on s’interroge sur le « mieux vivre ensemble » des différentes classes d’âge, on pressent l’urgence d’inventer des ponts entre celles-ci. Débrid’arts depuis 10 ans n’a cessé de travailler avec des enfants provenant de diverses cultures, cherchant à féconder les imaginaires dans des spectacles où ont été tissé des codes et des héritages différents. Notre culture occidentale tend à mettre de côté les « aînés » – comme disent les amérindiens – ou les « vieux » – comme nous disons en France. Cette séparation, ces isolements, interrogent nos engagements familiaux, nos perceptions de la vieillesse, nos conceptions de la solidarité. Vivre, c’est construire son identité en référence à son histoire familiale, aux transmissions parentales. Si l’enfant jeune peut intégrer, par les processus d’identification imaginaires, des récits de vieilles personnes, sa future identité reposera sur une vision enrichie par des histoires entrant dans l’Histoire.
À la différence des sociétés occidentales, en Afrique ou en Asie domine le principe d’aînesse, appelé aussi « principe de séniorité », instaurant la supériorité hiérarchique des plus âgés sur les plus jeunes. La vie d’un individu est rythmée par le passage dans des classes d’âge successives à des moments bien déterminés et souvent à travers des rites d’initiation. Le prestige augmente avec le passage d’une classe d’âge à l’autre. Dans ces sociétés, l’autorité des anciens s’appuie sur la détention de connaissances et de pouvoirs spirituels. Les aînés transmettent aux plus jeunes les valeurs et les savoirs culturels : « Un ancien qui meurt, est une bibliothèque qui brûle » (Hampâté Bâ). En Occident, ce principe de séniorité n’existe pas. La vieillesse et la mort sont encore des sujets tabous, les personnes âgées sont très souvent mises à l’écart.
Le projet d’un spectacle nécessite une négociation acceptée par tous les participants afin de fabriquer ensemble un « objet artistique »qui réponde à des désirs, des espoirs, des rêves, des puissances, des forces insoupçonnables parfois… Cette libre volonté engageant l’effort de tous est la base du contrat social qu’engage la création d’un spectacle. Nous postulons dans cette prochaine aventure que non seulement un croisement des cultures enrichira chacun mais que la mosaïque de paroles de ces intimes si loin, si proches en âges comme en géographie nous offrirons une richesse à cueillir comme un trésor.»