Aix-en-Provence : l’Agora du mouvement démocrate se penche sur la santé

La santé : les enjeux, défis et perspectives, tel était l’objet de la réunion que vient d’organiser à Aix-en-Provence l’Agora du mouvement démocrate du pays d’Aix avec Mohand Sidi Saïd, Mohamed Laqhila et le docteur Leila Guinoun.

Destimed Laqhila
L’Agora du mouvement démocrate du pays d’Aix avec Mohand Sidi Saïd, Mohamed Laqhila et le docteur Leila Guinoun (Photo Michel Caire)

Mohamed Laqhila, ancien député MoDem des Bouches-du-Rhône explique la raison de cette rencontre avec un argument imparable  : « La santé est la thématique qui arrive en tête des préoccupations. » Évoque la situation de la Sécurité sociale : « En 2024 c’est 18 milliards de déficit et on parle de 16 milliards en 2025. » Pour lui : « Le modèle va craquer, il faudra revoir fondamentalement le financement du modèle social. Jean Arthuis avait évoqué une TVA sociale, c’est une piste. »

Le Dr. Leila Guinoun  précise qu’« il y a 3,4% de médecins de plus depuis 2023 et le nombre de ceux qui pratiquent régulièrement augmentent aussi, on assiste également à un rajeunissement de la profession. Enfin il est à noter que l’activité salariée est de plus en plus plébiscitée par les médecins. Un phénomène qui aggrave les inégalités territoriales.» Elle signale encore: « La profession se féminise et on assiste à une augmentation du nombre de retraités actifs et d’intermittents. Et le salaire d’un généraliste tourne autour de 6 000 euros par mois. »

Le Dr. Leila Guinoun en vient à la situation géographique : «On constate une augmentation du nombre de médecins sur les parties Atlantique, Sud et Sud Est du territoire, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur est celle qui est la mieux dotée en médecins. » Puis d’évoquer, hors de ces secteurs, « la diagonale du vide »  alors que la population vieillit et que « nous en sommes en -6,6% du taux de natalité cette année. » Face à cela, poursuit-elle: « On devrait prendre des mesures pour développer la natalité en France sachant que nous sommes au même taux de natalité qu’en 1916  mais après-guerre des mesures avaient été prises en faveur de la natalité. » Cette crise de la natalité mise en exergue le docteur Guinoun soulève un autre problème : « En mai 2024 67% des Français disaient avoir dû repousser des soins par manque de médecins. » Pour elle : « On n’a pas anticipé que la population vieillissante avait besoin de plus de soins qu’une population jeune.»

« 5 000 étudiants français en médecine sont ainsi actuellement en formation hors de France »

D’évoquer ensuite la formation des médecins : « Les études de médecine en France sont basées sur un haut niveau en mathématiques contrairement à d’autres pays . Et nous avons des médecins qui vont se former à l’étranger. 5 000 étudiants français en médecine sont ainsi actuellement en formation hors de France : en Belgique, en Hongrie, en Roumanie… Et, alors que l’Allemagne démarche pour les accueillir, en France on leur fait des difficultés pour venir faire leur internat alors qu’un médecin roumain  a le droit de venir s’installer dans notre pays. Résultat on a doublé le nombre de médecins étrangers en France. ». Il est alors plus que temps pour Leila Guinoun de « se donner des échéances pour définir ce qu’est la santé, comment elle évolue. De comprendre que les nouvelles générations n’ont pas l’intention de travailler autant que les précédentes qui étaient en fonction de 8 heures à minuit. »  Puis de signaler qu’«au Maroc un médecin en fin d’étude doit rester 8 ans dans un lieu qu’on lui attribue, en Italie le médecin doit 3 ans. En France une solution serait d’obliger les nouveaux diplômés de s’installer à la suite de médecins qui partent à la retraite et pourquoi ne pas créer des bus santé ? »

« La prévention est fondamentale »

Mohand Sidi Saïd, ancien vice-président de Pfizer, rappelle en premier lieu que «la prévention est fondamentale car la meilleure façon de guérir c’est encore de ne pas être malade et c’est possible. On peut prévenir 50% des pathologies aujourd’hui.» Pour lui : «On vit en France dans un système PSA performant, satisfaisant, accessible, mais cela jusqu’à une certaine limite. » Une limite atteinte car « la France n’est plus le pays où l’on soigne le mieux alors que l’on consacre 13,5% du PIB à la santé, juste derrière les États-Unis, 17,5%. Pourquoi ? Parce que l’on ne fait pas de médecine préventive, il faudrait d’abord passer chez des médecins de la prévention. Puis, dans ce pays, on ne s’attaque jamais à l’essentiel. Macron court plus vite que Mbappé mais Mbappé sait où il court et pourquoi. Alors, pour moi, un nouveau Ségur de la santé s’impose, avec les professionnels de la santé car nous avons un système qui date d’un autre siècle. » A ses yeux : « Nous n’avons pas tiré les leçons du Covid. Nous applaudissions le personnel soignant et, quand il demande 300 euros de plus on le lui refuse. Il faut de longues négociations pour qu’il en obtienne 180. » Et de considérer : « Il faut élaguer la bureaucratie pour se centrer sur l’essentiel. Et les Américains ne sont pas plus intelligents mais, contrairement aux Français, ils osent. Il faut oser dans ce pays ».

Michel CAIRE

Articles similaires

Aller au contenu principal