Publié le 27 septembre 2015 à 22h08 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 20h06
Une soirée «magnifique» pour frapper les trois coups de la saison classique du Grand Théâtre de Provence (GTP) c’est ce qu’ont proposé choristes et musiciens, vendredi, sous la direction de Laurence Equilbey. Aurait-il pu en être autrement puisque deux Magnificat étaient au programme : celui qui clôt les Vêpres solennelles d’un confesseur, pièce de Mozart et celui qui ouvre la pièce éponyme de Carl Philipp Emanuel Bach. Autant dire que Laurence Equilbey avait choisi d’offrir ces œuvres à ce public aixois qu’elle aime tant et qui le lui rend bien. Un vrai cadeau, car si elles font partie des «tops» du répertoire sacré, ces deux compositions ne sont pas souvent à l’affiche.
Mozart, pour commencer. Ici tout est dans la finesse et dans la spiritualité. On est loin des accents tourmentés du Requiem ou des fastes de la Messe du Couronnement. C’est une œuvre presque intime qui est servie par les instruments anciens d’Insula orchestra dont les couleurs, en particulier celles des cordes, mises en avant par la direction attentive et précise de Laurence Equilbey, procurent un «son» des plus intéressants à cette interprétation. Comme il en a la bonne habitude, le chœur accentus s’empare de la partition pour la donner dans toute sa délicatesse, lui conférant cette dimension spirituelle et intimiste dont nous parlons plus haut. Du côté des solistes, c’est la soprano Judith Van Wanroij qui aura l’occasion de se mettre en évidence; il faut dire que c’est elle qui a la partie la plus importante de la pièce. Section «vents» au complet, en deuxième partie, pour le Magnificat de Carl Philipp Emanuel Bach; et au sein de cette section, performante à tous les pupitres, une mention toute particulière peut être attribuée aux flûtistes, exceptionnels ce vendredi soir. Le compositeur n’a pas lésiné sur la densité de la composition, tant en ce qui concerne les voix que les instruments. Une partition solide, mais subtile, qui offre à Laurence Equilbey un terrain de jeu qu’elle affectionne particulièrement entre la tenue d’un orchestre qui brille et l’accompagnement d’un chœur qui se joue des difficultés. Puis il y a les solistes, largement plus sollicités dans cette pièce, qui apportent leur pierre à le beauté de l’édifice. La soprano, mais aussi le ténor Reinoud Van Mechelen, précis, puissant, dont le timbre baroque n’est pas inintéressant dans cette interprétation. Plus baryton que basse, Andreas Wolf livre un superbe duo aux côtés de la contralto Wiebke Lehmkuhl à la voix très assurée. Grand succès une fois venu le moment des saluts. L’occasion pour Laurence Equilbey et ses troupes de se montrer très généreuses, offrant deux bis superbes : un Alleluia de Buxtehude ciselé et enjoué et un extrait du Miserere de Zelenka dont la profondeur et la densité de la composition, parfaitement mises en valeur par les interprètes, allaient hisser cette soirée «inaugurale» de la saison au niveau de celles dont on se souviendra…
Michel EGEA
Prochain rendez-vous musical au Grand Théâtre de Provence : vendredi 2 octobre à 20h30; Vadim Repin, violon, et Andrei Korobeinikov, piano, jouent Brahms, Prokofiev et Schnittke. Réservations : 08 2013 2013 – lestheatres.net