Publié le 13 août 2023 à 20h01 - Dernière mise à jour le 15 août 2023 à 12h17
Les retraités de la police reprennent du service. Soutenus par les Femmes des Forces de l’Ordre en Colère (FFOC), ils viennent de lancer une pétition en ligne. L’opération est partie de la base avec le recours de quelques anciens officiers. Le texte remet à la fois en cause les décisions « politiques » de la justice et le comportement de la hiérarchie à l’égard des policiers de terrain.
« Du jamais vu depuis 50 ans »
Ces retraités de la police ont vécu des hauts et des bas au cours de leur carrière mais « jamais en 50 ans on a vu un tel acharnement judiciaire», s’indigne Claude Dupont, commissaire divisionnaire honoraire. « Les policiers sont mis en cause au cours de leur mission de maintien de l’ordre et se retrouvent en détention provisoire. Que l’on doive rendre des comptes c’est normal mais on veut être traités comme tous les citoyens ni plus ni moins.» « La justice devient illisible », mentionne la pétition « La justice admet l’erreur des magistrats possible mais incarcère à tour de bras les policiers ». Claude Dupont aimerait que «les policiers soient jugés par des magistrats spécialisés qui connaissent leur métier ».
Une hiérarchie de salon
Au-delà de la justice, la pétition remet en cause la hiérarchie. « Les patrons et les officiers se sont mis en retrait », constate Claude Dupont. « Plus aucun commissariat marseillais n’a un officier ou un commissaire à sa tête. C’est un brigadier major ». Même chose lors des émeutes « Tout est géré depuis un poste de commandement (PC), on n’a pas vraiment d’officiers sur le terrain». Est-ce que ça peut expliquer les derniers incidents ? « Je ne vous le fais pas dire, c’est certain. Quand l’encadrement manque on peut s’attendre à certains dérapages ». Reste une question, pourquoi reprendre du service ? Il y a des syndicats pour défendre les policiers ! « Vous savez les syndicats ont un pied dans chaque camp. Ils ont un pied du côté de leur base mais aussi du côté ministériel. Ils défendent des mutations, des avancements, des dossiers disciplinaires. Nous on n’a plus rien, on est à la retraite complètement », ajoute Claude Dupont.
Défaut de formation
Si l’insigne de la police n’est pas un gage de vérité comme l’ont prouvé les variations dans les témoignages lors des récentes auditions, les retraités de la police prennent fait et cause pour ces hommes de terrain souvent insuffisamment formés. « Un policier professionnel tire 90 cartouches par an et attention c’est à 10 mètres en ligne et au coup de sifflet , insiste Yves Fulconis, retraité de la police nationale et ancien formateur. « Pour le sport c’est pareil, c’est soumis à la préemption de la mission et comme on est en sous-effectif, vous voyez la suite. On ne peut pas demander la perfection sur le terrain dans ces conditions ». Pour les tirs de LBD souvent mis en cause dans les récentes affaires, Yves Fulconis dénonce aussi l’impréparation des policiers. «C’est 18 heures de formation pour un LBD et un recyclage tous les trois ans. Vous vous rendez compte. Après on s’étonne qu’il y ait des manipulations pas trop appropriées. Oui il peut y avoir des accidents quand on est au cœur des émeutes». Yves Fulconis reconnaît qu’un policier peut commettre une faute: « On ne dit pas qu’il n’y a pas de brebis galeuses chez nous mais la majorité des policiers ne part pas sur la manif le sourire aux lèvres. Quand on prend des boules, des boulons etc… Ça ne nous fait pas plaisir de nous battre avec les gens».
En deux jours la pétition en ligne a déjà rassemblé plus de 15 000 signatures.
Reportage Joël BARCY